Là, j’arme mon crayon virtuel de courage, faire une note sur ce livre m’est un exercice masochiste. Non pas qu’il ne soit pas bon, non pas que je me sois ennuyée, c’est juste qu’il m’a fichu une dose de cafard carabiné, un cafard crasse, à tourner les dernières pages le plus rapidement possible sous peine d’enlisement moral définitif dans la litanie des malheurs ordinaires. J’en lis des livres pas gais, ce sont même plutôt mes tasses de thé, mais « Easter parade » est tellement triste qu’il en ferait pleurer une princesse de Walt Disney.
Emily et Sarah sont soeurs et la première ligne l’annonce clairement : » Aucune des soeurs Grimes ne seraient heureuses dans la vie ». Soit, me suis-je dit, voilà qui me plait. et me voilà partie bille en tête vers la découverte de cet auteur que je ne connaissais pas, estampillé » grand classique de la littérature américaine ».
Leur mère, dite Pookie, n’a pas été heureuse non plus. Leur père non plus. Ils ont divorcés, mais visiblement, cela ne fait pas leur bonheur non plus. Les deux fillettes passent leur enfance à déménager selon les différentes lubies de la mère dont on sait peu de choses, sauf que sa vie n’est pas celle qu’elle aurait voulue avoir, ridicule, versatile, elle fume trop et boit trop ( ce qui ne va pas s’arranger par la suite, je vous rassure).
Les deux filles grandissent : l’une est superbe, (Sarah) l’autre a les seins trop petits (Emily). Sarah aligne quelques fiancés minables et peu fiables, avant de trouver le bon, un qui a l’allure de Laurence Oliver, mais seulement l’allure, pour la classe intellectuelle, c’est morne plaine, plutôt morne et pas pleine. Sarah se réalise donc en ménagère de cinquante ans avant l’heure, tandis qu’Emily tâte de son indépendance en couchaillant à droite et à gauche et en poursuivant ses études, avant d’épouser un premier mari, impuissant mal soigné, et cela continue comme ça jusqu’au bout. Avec d’autres hommes pour l’une, et le même pour l’autre. Des événements plats, moroses se succèdent (je vous passe la mère), pour l’essentiel, les deux femmes passent leur vie à pousser des caddies dans des rayons de supermarché mal achalandés sans jamais prendre la bonne boîte de corn-flakes, celle avec le cadeau Bonux dedans.
La quatrième précise que l’auteur évite « tout pathos ». j’en conviens des deux mains, et normalement, j’aime bien « sans pathos » sur l’étiquette, mais là, la pas-ménagère vieillissante et la ménagère de même, ça m’a fait trop. Du coup, j’ai eu envie de grands espaces et j’ai attrapé mes rênes pour rejoindre Angustus qui chevauchait dare dare pour sauver Lorena, la belle putain des griffes du méchant bandit.
J’avais mis « Un été à Cold Spring » dans ma pile prévue, mais du coup, j’ai comme un coup de doute …
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