Un oiseau blanc dans le blizzard, Laura Kasischke

Les profondeurs labyrinthiques et oppressantes de Laura Kakischke m’ont une fois de plus aspirées, un peu moins profond que « En un monde parfait » et  » A suspicious river« , mais tant mieux, on ne peut pas être noyée à chaque fois quand même.

Kat est une jeune fille déjà bien poussée quand commence la première narration en 1986. C’est l’année de la disparition de sa mère, Eve. Disparue, volatilisée, atomisée, elle n’a rien emporté, n’a été vue nul part. Kat le sait, elle ne reviendra jamais, d’ailleurs, elle a téléphoné pour le dire, seulement ça. Kat le mentionne puis passe à autre chose, mais à la même chose en fait, sa mère, sa rage rentrée, des petites escarmouches du quotidien. Se dessine une femme aigrie, un mari fantoche, genre le Charles Bovary en presque pire, de celui qui va aux toilettes tous les soirs après le repas, tire consciencieusement la chasse, et ronfle dans le lit conjugal, dont on se demande ce qu’il peut avoir de conjugal, d’ailleurs.

Dans ce paradis américain, Eve a tout tiré à quatre épingles, le couvre lit froufroutant, le congélateur. Encore séduisante, Kat la montre jalouse, frustrée et totalement asséchée, déçue par sa fille, dont les cheveux ne bouclent pas, malgré les bigoudis, dont le corps grossit, grandit, qui n’est plus son petit animal domestique mais devient une branleuse qui s’éclate au lit avec le juvénile Phil. Alors Eve achète un canari (mais sans garantie de réussite), et une mini jupe. Puis disparait. Kat fait avec, du moins, semble.

Tout au long de ses quatres années, (chaque narration commence en janvier), Kat cerne et gratte à la porte de ses rêves, sa mère est peut-être enfermée dedans, et le mystère aussi, le silence définitif des femmes qui font les gâteaux qu’il faut, aux dates qu’il faut et vont chercher leur fille chérie à l’école, en s’obstinant à faire pousser des pétunia dans leur jardin de banlieue semi-chic. N’est pas Emma qui veut.

Un récit glaçant, mais pas tant que ça, (finalement, la Kat, elle ne la déteste pas tant que cela la Eve disparue) ou alors, j’ai l’armure « anti-récit-glauque » blindée.

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