Jeu de piste à Volubilis, Max Ducos

Par tradition, je ne leur en ramène qu’un par édition de festival et par personne, et je cherche souvent des trucs vers lesquels ils n’iraient pas forcément, des trucs un peu surprises …

Alors me voilà devant le stand des éditions Sarbacane, où une dame libraire, fort aimable et compétente, d’ailleurs, le genre à connaître parfaitement ses bouquins, me pointe immédiatement du doigt cet album de Max Ducos après que la mère qui sommeille en moi ait tenté de faire un portrait de ma fille en lectrice.

Elle a ouvert cet album et m’a raconté l’histoire en tournant les pages et j’ai plongé dedans … Une petite fille toute mignonne vit dans une grande maison moderne qui la gêne parce qu’elle n’est pas comme les autres. Elle est grande, très grande, moderne, très moderne, un peu imposante, elle n’est pas à sa taille, elle est perdue dedans et peut-être un peu en elle même avec tout ce grand beau autour … C’est son père architecte qui l’a construit. Pour la rassurer (mais est-ce vraiment cela ?), il lui a confié que cette maison avait un secret.

Un jour, parce qu’elle n’arrive pas à apprendre sa poésie, la petite fille se met en quête du secret. De pièces en pièces, elle suit un jeu de piste ; retrouve la place d’un carreau de faïence, suit le trajet d’une bille, tourne un robinet à fil rouge, traverse le jardin si doux aux pieds pour rejoindre le fond des hautes herbes qui lui font si peur. Elle découvre le secret. A son retour, elle saura, et pourra apprendre sa poésie.

 Une histoire qui n’a l’air de rien, une enquête en douceur, un texte léger comme une plume qui ouvre toutes les portes, des dessins superbes, aussi grands que tendres, où se nichent de minuscules trouvailles, un tapis à la Mondrian, un ou deux poissons rouges de Matisse, une colombe de Picasso, un esthétique si simple, si épuré, qu’il fait mouche sans pédanterie.

Pendant que je nageais dans les images, la sympathique libraire me disait que j’allais voir, que ma fille elle allait tout comprendre les symboles : les ronds, l’absence, le poids, le plan de la maison, le secret, le sens caché, quoi… Tout en faisant oui de la tête, ( elle en avait l’air si sûre que je ne voulais pas commencer à la faire douter …) je me disais que si ma fille ne voyait rien, je n’aurai plus qu’à me ruiner en cours de rattrapage de symbolique pour enfant primaire, sans deuxième degré développé.

Tout ce que je puis dire, finalement, c’est que ça n’a pas marché que pour moi, les ronds, la douceur, la fine délicatesse des sentiments non-dits que voilà … C’est pour huit-neuf ans, normalement.

 

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