Fille noire fille blanche, Joyce Caroll Oates

Ce pourrait être un roman sur l’histoire de deux jeunes filles, une blanche, une noire, une amitié interraciale qui transcenderait les clivages sociaux, parce que la blanche est riche et super intello de naissance et que la noire est pauvre et super méritante de naissance, forcément. ça se finirait en tragédie, normal, et on aurait les larmes aux yeux de l’âme révoltée de tant d’injustice de la méchante société américaine, normal. 

D’abord, la blanche, Genna Meade, est l’arrière petite fille de Generva Maede, une héroïne ( des blancs) de la lutte contre l’esclavage ( des noirs), et de M. Elias Meade, shaker militant droit et honnête de la même cause des gens de couleurs. Droit et généreux et riche, il a fondé l’université de Shyler, celle où étudie son arrière petite fille ( mais en tout anonymat) et où le raciste n’existe pas, officiellement. Une université haut de gamme qui offre, forcément, des bourses d’étude aux jeune filles noires, issues de milieu modeste, forcément.

Minette Swiftt en est une  ( de pauvre méritante, je veux dire) et Genna partage la même chambre que Minette. Gena voudrait bien être amie avec Minette, parce que Genna a été élevée comme cela, il faut être amie avec les noirs, les exclus. Il ne faut pas profiter des privilèges de sa classe sociale blanche. Ces privilèges sont honteux, établis par le système faschiste américain. C’est son papa qui le lui a dit. Et son papa, il s’y connait en dénonciation du système faschiste américain. Et Genna y croit.

D’ailleurs, la preuve, c’est même sans savoir que sa future camarade de chambre était noire que Genna lui a laissé la meilleure partie de la chambre commune, celle avec la grande fenêtre, et la porte qui ferme, entre elle et sa volonté d’amitié et Minette qui n’en veut pas, toute communication. Elle applique, avec conviction les préceptes parentaux. Ceux de l’avocat Mac Meade, l’engagé volontaire des causes perdues, celles des activistes américains des activités anti américaines au Vietnam, et celles de Mad Max, le même père, en version life, celui qui n’est jamais là mais délivre au téléphone ses leçons de morale, ses psaumes révolutionnaires tout en alignant de blondes assistantes.

La mère de Genna s’est éteinte en un demi sommeil, celui d’une hippie sur le retour qui a trop abusé des « substances », un retour d’âge aux cheveux comme aux tenues trop voyantes, qui tangue dans les allées d’un super marché comme d’autres sur un navire à l’assaut d’un nouveau monde.

Genna, donc, voudrait être l’amie de Minette. Sauf que Minette s’en fiche. Minette est une noire méritante accrochée à sa Bible. Minette ne veut rien à voir à faire avec cette histoire de militants pour la cause noire, les « Blacks panthers » et autres diables communistes. Minette va à la messe. Et ce n’est pas son problème les blancs qui aiment bien les noirs.

Si il y a une morale à ce roman, c’est que la haine se construit en douce. Mais, dans cet excellent Oates, je ne suis pas sûre qu’il y ait une morale. Sauf que, piégeux à souhait, comme souvent, les trahisons se tissent entre elles.

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