Ferri, c’est celui qui fait les scénarios, Manu Larcenet, c’est celui qui dessine les scénarios, qui les inspire aussi. Ils doivent être bien potes tout les deux pour tenir ce va-et-vient sans faute drôlissime, et cocasse et tendre.
Premier volume : « La vraie vie ». Manu est dessinateur, Manu a toujours vécu à Juvisy. Manu aime : le bruit de la ville, l’agitation de la ville, la musique forte, l’ordinateur, la fausse vie de la pas nature. Manu aime Mariette, ce pourquoi, Manu émigre aux Ravenelles avec sa trouille de la campagne et d’un peu plein d’autres choses, son ordinateur, et leur chat, Speed.
Les Ravenelles, c’est une maison au milieu des champs, pas loin d’un petit village, la campagne en plein bien paumée, à l’écart de toute la civilisation selon Manu, la jungle, sa terrae incognita à lui, une civilisation avec des fleurs mortelles qui poussent en vrai dedans, une vraie boulangerie avec du vrai pain et une vraie boulangère. C’est si grand, si vrai et si silencieux bourré de silences dedans que Manu stresse. Le chat déprime. Les cartons servent de refuge quand la vraie vie se fait trop vraie.
Pour eux, l’adaptation en milieu naturel n’est pas simple, alors que Mariette vit sa vie de Mariette, son petit papillon flottant tranquillement au-dessus de sa tête. De son décor de cartons vides où seuls ont poussé un ordinateur, un téléphone, une télévision, un canapé et un lit, Manu multiplie les tentatives d’intégration en milieu rural, craignant quand même la contamination par l’eau de vie de monsieur Henri, l’ imprégnation de Francis Cabrel, les parties de coupes de bois avec les gars du coin et ceux qui n’en reviennent peut-être pas de l’aventure ….
La transformation de Manu vers la ruralité n’est pas simple. Aux Ravenelles, l’hiver est rude dit-on et il y a une histoire d’anglais dont on ne sait trop ce qu’ils sont devenus. C’est Madame Mortemart qui l’a dit, elle fait un peu peur quand même, celle-là à apparaître derrière la vitre de la fenêtre sans crier gare, la communication passe mal parfois … et dans les bois rôde, monsieur Lachingue, le chasseur de Pivert, un truc un peu comme dans « Shining », quoi, mais en plus drôle. Tip-Top, le frère de Manu, qui passait par là n’y restera pas, trop dur les vrais bruits, les vrais gens, et la déprime s’installerait entre les cartons si une mystérieuse rencontre dans les bois ne rendait au « coeur pur » de Manu, un peu de psychanalyse à sa mesure : c’est l’ancien maire, devenu ermite chevelu en haut d’un arbre après un (mystérieux) contrôle fiscal.
Le premier tome de cinq délicieuses tranches de pain beurre-cornichon-saucisson sec, caustique des deux côtés.
Première étape d’une relecture commune avec Hélène
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