Tout ce que j’aimais, Siri Hustvedt

Première partie : livre qui cause d’art, donc, d’amour et d’amitié. Quatre intellos pur jus s’aiment d’amour et d’amitié tendres. ( Bon, il y a bien une empêcheuse de tourner en rond, la sorcière qui va leur jeter des sorts, mais je vais la nommer X, parce que j’ai la flemme de retrouver son nom) X. est la première femme de Bill, il l’a aimée par erreur. Mais pour l’instant, il ne le sait pas. Le narrateur est Léo, ancien prof d’histoire de l’art, il a perdu sa vision centrale et ne voit plus que sur les côtés. Léo, dans son fauteuil de bureau d’appart new yorkais lit les cinq lettres de Violet. Violet est la deuxième femme de Bill, celle qui ne va pas l’aimer par hasard. Bill est est un peintre, mais au début était aussi un peintre en bâtiment. Bill a maintenant un atelier, un loft sale, mais n’est pas encore un artiste reconnu par l’intelligensia des critiques d’art. Il ferait dans le néo réalisme, la honte. Violet est une sorte de belle érudite en hystérie européenne, celle des femmes de Charcot à la Salpétrière. Une super douée de l’analyse des analyses sociologiques. Erica est la femme de Léo, nerveuse, mouvante, changeante, belle, tendue, amoureuse, aimante et douce, elle pond des essais sur James Joyce.

A l’heure où Léo écrit leur histoire à tous les quatre, le vieux monsieur est seul et reprend le fil de leur vingt ans d’histoire : leurs rencontres, leurs amours, leurs amitiés, les longues discussions sur l’art, l’hystérie, le marché de l’art, les créations de Bill, leur genèse, leur vacances. Il décrit les oeuvres de Bill, son exigence et sa façon de tenir une ligne droite bien à lui, de construire son univers. Léo en ami fidèle soutient. Les oeuvres fictives de Bill sont si pertinentes et si habilement décrites que l’on voudrait bien qu’un vrai artiste les ait réalisées en vrai. Elles passent le miroir du littéraire pour s’incarner en cubes magiques à double face, où des fenêtres obscures s’ouvrent, elles racontent souvent la même variation : l’histoire de l’enfant sage que l’ogre, ou la sorcière, a volé pour le transformer en vilain petit canard.

C’est super bien écrit, super intelligent, fin, concis, ça analyse l’admiration, la fidélité, l’envie … Les deux couples marchent de concert, les deux lofts sont voisins. Ce beau monde travaille, crée, dîne dans l’atelier du peintre ou dans le cliquetis des machines à écrire ou des enregistrements, très loin du New-York underground qui grouille pourtant sous les profondeurs …où se révèlent les ombres clandestines des âmes pures et l’effroi qui en nait. C’est brillant comme une analyse de maître es-psychologie et ça prend aux tripes comme un thriller psycho aussi.

Chaque couple a un enfant, né quasi en même temps, ( mais Bill avec X, en fait, pas avec Violet), deux M, Matt et Max, M § M, ou M vs M. Deux doubles, l’enfant sage et l’enfant perdu.

Mais là, c’est pour la deuxième partie, celle qui glisse vers d’autres profondeurs et d’autres pertes que que celle du cocon des doux amours loftés et lovés dans les galeries d’art et les canapés profonds.

 

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4 commentaires sur “Tout ce que j’aimais, Siri Hustvedt

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      1. Tu sais quoi ? Tous les livres que j’ai lus de cette autrice m’ont un peu déçue après «  tout ce que j’aimais », et je n’ai pas lu «  un été sans les hommes » du coup. Je garde le souvenir impérissable de «  tout ce que j’aimais », tellement mais tellement beau…

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