Les débutantes, J. Courtney Sullivan

A l’université, les filles se rencontrent. Il y a Célia, la jolie meneuse de bande à la langue bien pendue mais qui a tendance à picoler un peu trop et s’envoie des mecs sans trop regarder à la qualité. Ce qui va lui jouer des tours, forcément, pas des plus sympathiques. C’est celle qui la maman la plus gâteau. Et pourtant …

Bree, la belle blonde aux courbes de rêve, la plus Barbie, arrive fiancée à Doug, se retrouve amoureuse de Lara, tiraillée entre amour saphique et idéal familial, elle va mettre des plombes à choisir avec qui rompre. C’est elle qui a la maman la plus regardante.

Sally, maniaque de l’ordre et de la normalité comme des refuges, elle choisit le mariage et l’homme comme autoroute à péage vers l’équilibre du bonheur, après un petit itinéraire bis, quand même. Elle est orpheline, et donc dans ce roman là, c’est celle qui manque de repères, côté maman. Côté papa aussi, mais ça compte moins.

Et enfin, April, la plus féministe, la plus engagée, la plus rebelle aux codes « fifilles à garçons pour la vie ». C’est celle qui a eu la maman la plus débraillée, du genre à fumer des trucs avec ses potes au lieu de lui changer la couche, de la trainer dans des manifs pacifistes au lieu de lui dire qui est son père. Du coup, c’est la plus déstabilisée, en manque de modèles, elle va se trouver une égerie. Pas la bonne, forcément.

A l’université, elles étaient plongées dans leur mini aquarium, leurs quatre chambres côte-côte, dans la résidence King, dans l’université de Smith. Une université que l’on ne choisit pas hasard, une université de filles seulement, à la solide tradition féministe, une singularité qui permet, entre autre, de devenir lesbienne, mais ce n’est pas obligé non plus. On peut juste se contenter de se rouler des pantins, de se promener en petite tenue, de boire de la bière tiède, de grossir dans un laisser aller intime fait de bas de pyjamas et de soirées vautrées sur des lits à se faire des confidences ou s’analyser le nombril.

Toutes les quatre étant issues de familles middle-class, leurs variations familiales en font une sorte de panel représentatif, mais de quoi ? Je ne sais pas trop en fait.

Leurs états d’âme étalés, dévoilés, disséqués m’ont laissée de côté, leurs bavardages et atermoiements sentimentaux m’ont paru futiles et même superficiels. Rien qu’accroche et qui griffe, seulement des batailles d’ongles laqués. Elles sont bien mignonnes, attachantes dans leur volonté de ne pas grandir ou si, de se conformer ou pas, la grande question de la deuxième partie. On voit bien le propos. Pas prêtes pour la vraie vie, elle se cherchent des nids ( des nids différents pour chacune évidemment, à cause du panel ; le célibat assumé, le mariage assumé, l’homosexualité assumée, le féminisme combattant), elle se frottent les ailes pour se tenir chaud entre elles avant de s’envoler.

Un peu anesthésiant, version féminisme light et condition de la jeune fille pas facile facile, un poil édulcorant comparé à d’autres liqueurs plus fortement dosées comme Nous étions les Mulvanney ou A suspicious river.

 

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