Loving Franck, Nancy Horan

Après une série de lectures où le sordide côtoie le tragique, je me suis dit qu’il faudrait  que je m’accorde à l’été, avec un roman léger et sans souci, un roman avec de l’amour dedans, un peu de guimauve mais pas trop, un amour impossible, évidemment, je ne vais pas me changer, avec un petit arrière fond historique, histoire de justifier …

«  Loving Franck », c’est exactement cela, sauf que je me suis un peu ennuyée quand même, finalement.

Au début du XXème siècle, à New-York, Mamah ( prononcer «  May-ma », mais moi, je n’y suis pas arrivé dans ma tête et du coup, mama faisait hiatus avec le personnage, c’est bête, hein, à quoi cela tient l’adhésion à un personnage) s’est mariée de raison, mais d’elle-même, au tranquille Edwin. Femme aimée, comblée, elle mène un train de vie pépère à l’aise. Intelligente, cultivée ( elle parlait trois langues en primaire), elle a été une femme fille militante pour le droit des femmes, bibliothécaire et indépendante. Puis, elle s’est rangée dans le mariage et la vie de famille, comme on se lasse d’un tricot que l’on n’arrive pas à finir.

Edwin veut « une maison du bonheur » où tout ne serait qu’ordre et harmonie (volupté, par contre, ce n’est pas sur), et elle se laisse convaincre.

Et c’est alors que lui tombe dessus le grand Amour, Franck, l’architecte de génie, l’original, le révolté, l’ARTISTE qui vit son art comme il respire. Il refuse les canons classiques et professe une architecture organique, une architecture qui serait « Américaine ». Il conçoit donc des « maisons jardins » en totale harmonie avec le milieu naturel où il les fait pousser ( en quoi est-ce typiquement américain ? Je ne le sais, surtout que pour l’instant, il les construit en ville ses maisons de la nature, mais bon, passons …).

Il n’y a pas qu’en architecture qu’il renie les conventions, en amour aussi, l’artiste est hors des contingences normales dit-il, surtout lui vu qu’il apporte déjà son génie au monde, alors celui-ci n’a pas à lui demander des comptes. Et toc. Mais bon, il faut bien croûter ma bonne dame, et nourrir sa nombreuse famille, qu’il aime, et sa femme qu’il n’aime plus trop mais qui est la mère de ses enfants. Mamah, deux enfants, une gouvernante pour les élever, une sœur pour confidente, se sent inaccomplie de l’intérieur et va le réaliser en rencontrant donc, Franck, le Grand Amour auquel elle ne peut échapper sous peine de se trahir elle-même. D’où le dilemme qui  se veut tragique, soit elle se trahit elle, et son intérieur de femme libre, soit elle trahit tout les autres. Ce sera donc tous les autres. Elle se voue à son amour en se réalisant elle-même, ou l’inverse, bref, c’est compliqué et ça lui fait des cas de conscience.

Ils vont s’enfuir en Europe, vivre à Berlin, Florence, en passant par Paris, s’acheter de belles choses. Franck ne peut y résister, la beauté doit l’entourer, quel qu’en soit le prix. Non, ils ne sont pas égocentriques, non, il n’est pas  imbu de lui-même, enfin si un peu quand même, mais il ne peut pas faire autrement, le pauvre, et elle non plus. Ce qu’il n’empêche qu’ils aiment leurs enfants ( au cas où le lecteur finirait par en douter, les personnages le répètent), mais ils sont rejetés de la société, et toujours, ma bonne dame, quand on a un destin hors norme à réaliser, on ne peut pas toujours regarder à la dépense, quitte à frôler la malhonnêteté.  Sans arrêt, ils n’ont pas un sous, mais traversent l’Atlantique comme si c’était du beurre, logent dans un palace berlinois, dans des villas à Florence,  rencontrent philosophes et artistes,  et lui crée et elle réalise son intérieur … Et puis, il y a le final, la réalisation de la maison idéale en plein Wisconsin. L’auteure ne doit avoir aucune idée du prix du bois de construction et du coût des pommiers, moi je dis.

Je sais, c’est trivial, je suis passée à côté du grand amouresque, ces incohérences financières bassement matérialistes sont indignes d’une lectrice, mais l’alignement des grands discours sur les artistes incompris et géniaux et les sacrifices de leur muse , moi, ça m’a lassée.

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