Au plaisir de dieu, Jean D’Ormesson (2)

Moi, bêtement, j’ai cru que c’était l’histoire de la famille D’ Ormesson, vu que le narrateur dit « je », enfin « nous », surtout parce qu’il se fond dans cette entité, celle de la famille, ce qui ne correspondait pas à l’image que j’avais de Jean D’Ormesson, plutôt peu versé selon mes préjugés, dont j’ai déjà causé, dans la modestie. Il semblerait que ce ne soit pas complètement autobiographique malgré tout.

Le « Nous » majuscule se constitue du grand -père, des ascendants orgueilleux depuis toujours, simples à leur façon particulière, paternalistes sans le savoir, attachés aux valeurs de la terre, la leur, hein, pas la France, mais leurs champs, leur château, leur domaine qui inclut aussi leurs gens, comme on dit ( enfin, comme ils disaient). Dans les valeurs, il y a aussi la religion, comprenant les premiers rangs à l’église dans les fauteuils rouges, et le repas avec le curé qui aime les pets de nonne.

Et puis, ce dont il ne manque pas ce « nous », c’est de la conscience de sa représentation et de légitimité, à être « Nous », en attendant que le roi revienne, le légitime. Le roi, la famille, dieu, c’est un peu la même chose pour ces gens-là. Ils ne sont d’ailleurs pas si désagréables que cela, la tante Gabrielle, l’oncle Paul, l’oncle Pierre, la tante allemande psycho-rigide, les cousins Pierre, Paul, Jacques, mais ils sont peu incarnés et ils se dissolvent dans le temps, la modernité, qui les rattrape, les submerge, leur fait des croche-pattes par derrière. La modernité est en marche, le temps s’accélère et n’est plus le leur, ce temps moderne qui est celui de l’argent, l’argent qu’ils avaient et du coup, qui n’avait pas beaucoup d’importance, l’argent qu’ils ont de moins en moins vu qu’ils ne savent pas en faire, eux les ancrés dans l’histoire, dans le passé immobile, et du coup, l’argent qui fuit et la famille qui se disperse.

On passe avec eux un moment, puis ils disparaissent.

J’ai été intéressée par cette (longue quand même) présentation de, et réflexion sur, ce monde suranné, et j’ai  un scoop, j’ai un point commun avec D’Ormesson, comment la grande Histoire fait faire des bulles à la petite, me passionne. Cependant, la petite histoire, je la préfère plus incarnée dans des gens, plus décrits, plus anecdotiques, moins vagues, moins esquissés. On voit bien que c’est volontaire, pour faire photo de groupe de fantômes, mais quand même, une coiffure par si, une robe de chez Poiret, décrites en plus ne m’auraient point gêné. Une évocation d’un temps perdu plutôt agréable à lire, D’Ormesson écrit bien, c’est un fait (M’enfin, c’est pas Proust, juste proustien …)

 

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