Donc, pas d’emballement dithyrambique pour ces deux filles de l’ouragan qui ne m’ont guère emportée bien loin.
Les deux héroïnes ont en commun d’être nées le même jour, dans la même petite bourgade du fin fond des USA, le même jour, soit neuf mois après une nuit d’éléments déchainés (mais pas que), affrontés par le père (mais je ne dirais pas de laquelle des deux. D’ailleurs, je ne suis pas certaine de me souvenir vraiment du mystère des deux conceptions, j’ai dû piquer un petit roupillon neurologique à la fin du truc, moi …).
De cet ouragan un peu confus, nait d’un côté Dana, dans une famille où seul le père lui lui prête attention et affection, c’est à dire au moins autant qu’à ses fraises. Elle a quatre soeurs, mais berniques pour la communication, à croire qu’elles n’existent pas, et une mère, sèche et revêche, confite en religion et préceptes normatifs. Les deux, la mère et la fille,consentantes, se maintiennent à distance l’une de l’autre. Dana vit dans une ferme, qu’elle adore, grande, belle, blonde, artiste, seule de son espèce dans la famille. Ce qui n’est pas normal. Sauf qu’elle le répète tellement de fois qu’on finit par se dire qu’elle nous prend pour des sourds.
L’autre, Ruth, n’est pas belle, pas grande, pas artiste. Elle aime la ferme de Dana et de son gentil papa et Dana aime son frère, si beau, si mystérieux. Cette deuxième famille n’est pas folichonne non plus, mais un peu comme un miroir quasi inversé, mais pareil. Ruth se sent la seule de son espèce, elle n’aime pas les poupées Barbie, par exemple, alors que Dana en rêverait, mais c’est sa mère à elle qui ne les aime pas. (Vous voyez le truc …). De projets troubles en rêves grandioses qui finissent pathétiques, le papa, George, n’est jamais là. La si originale maman, Véra, est artiste, si peu mère que les deux enfants ne l’appellent même pas maman … Toujours fourrée dans ses pinceaux et lui sur les routes, les deux irresponsables brinqueballent leurs enfants d’un foyer précaire à l’autre, sans plus d’affection qu’un bol de céréales pour le diner. Alors que la famille de Dana reste toujours à sa place, ce qui fait que c’est facile de se retrouver, enfin, presque …
Voilà. Comme dans la ferme du papa, les mauvaises mères produisent les mauvaises filles, comme les fraises produisent les meilleures fraises si elles sont bien greffées avec les bonnes pousses. Sans accuser ce roman, qui aurait pu être agréable par ailleurs, d’eugénisme (mais peut-être quand même d’un certain angélisme …), l’idée que les enfants soient à ce point déterminés par leur héritage génétique m’a un peu gêné.
J’ai la courte vue, et je sais bien que l’homme descend du singe, puisqu’on ne l’a dit, mais j’aime à me dire aussi que ce n’est peut-être pas besoin de le faire en ligne droite (dans un roman, en tout cas, on a le choix), je veux dire comme une noix de coco tombe d’un arbre à noix de coco … ( mes connaissances en génétique en général et en noix de coco en particulier, restant particulièrement embryonnaires, si un spécialiste passe par ici, qu’il ne me conspue point) …
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