Comment j’ai vu 1900, Pauline de Pange

Comme son nom ne l’indique pas, Pauline de Panges est l’arrière petite fille de Madame de Staël, petite fille d’Albert de Broglie ( ex président du conseil d’une troisième république scandaleuse, un truc autour des Orléanistes, pas tout compris), petite fille aussi d’un autre de Broglie illustre ( inconnu de mon inculture en Troisième République, moi, mon truc, c’est Versailles, après ça se brouille …), soeur de Louis de Broglie ( celui-là, son prix Nobel me disait vaguement plus. Une branche de ce conséquent arbre généalogique penche aussi du côté de la comtesse de Ségur. Pas du côté de la méchante Sophie, mais plutôt de celui des petites filles modèles.

Et même si je me suis un peu perdue dans les ramifications ascendantes illustres, ( superbes frondaisons auraient pu dire le José Maria de Hérédia qui fut le premier amour littéraire de la Pauline, lors de la cérémonie d’hommage au grand père dans l’enceinte de l’Académie française, ben, ouais, on est dans la haute …), cela n’a aucune importance pour apprécier ce petit livre, ce qui fut mon cas.

Petit dans beaucoup de sens de ce terme : lecteur, lectrice, n’attendez point ici de grandiloquence, ni d’exploits autobiographiques, ni de fresques historiques. La modestie est revendiquée par l’auteure et bien lui en sied. De sa naissance à 1900, elle semble vaquer à elle même dans cette grande famille qui est la sienne, au gré des déménagements liés aux occupations sociales et politiques de son père et de sa mère. Elle promène, sans ressentiment aucun, ses jupons en laine, tricotés par la nurse de son frère dans les couloirs de ses demeures successives. On l’habille mieux pour sortir, mais elle sort bien peu et toujours dans son monde, dans les deux sens du terme cette fois.

D’éducation, elle aura un vernis, d’occupations point non plus, regarder la mer à Deauville, la nature dans la demeure angevine, la bibliothèque et les tableaux de ses ancêtres dans le château familial, celui de Normandie, le fief. A Paris, c’est le parc de Bagatelle, les conversations avec sa grand-mère, son moment préféré, une heure, le soir. Celle qui lui apprend à lire dans un évangile en lui parlant comme à une jeune fille de vingt ans quand elle en a six ou sept, ne sait pas poster une lettre ( ce dont elle se contrefiche évidemment). Antédéluvienne, elle passe dans la famille pour la plus libérale, elle aurait même émis un léger doute quant à l’évidente culpabilité de Dreyfus, c’est dire la modernité de l’aïeule. Les parents sont pires.

C’est un drôle de monde richissime, et complétement clos sur lui même, fermé à ce qu’il ne connait pas, et ce qu’il ne connait pas est « moderne », comme le téléphone , installé finalement quand même, mais auquel personne ne répond, il a les domestiques pour cela.  D’ailleurs des domestiques, il y en a partout, tout le temps. Ils grouillent. Comme les ancêtres dans le Bottin Mondain, au passage j’ai appris que dans cette famille de Broglie, Duc est au-dessus de Prince, ce qui m’a laissé perplexe. Doucement perplexe quand même, il ne faut point trop se gaver de sucreries de ce genre …

Donc, un délicieux objet de curiosités, comme un cabinet de, mais dont il faut pas hésiter à secouer la poussière ou à souffler dessus, pour que se révèle un bibelot délicieusement surrané.

Un grand merci à Luocine qui m’a fait découvrir cette petite chose à croquer !

 

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