Otto aurait pu être juif, mais son père en a décidé autrement, ce qui fait que en 1939, il est juste un homme malade, en fin de vie, et solitaire. Son fils est parti, sans doute en Palestine, sa sœur, son mari, ses enfants ont disparu. Sa femme, on ne sait pas. Morte, sûrement.
L’armée nazie n’a pas encore envahi la Pologne, l’Anchluss, c’est fait. Mais son grand truc à Otto, ce n’est pas la politique, c’est la musique. Reclus, méprisant l’engeance des autres malades, il dispose d’un revenu modeste et suffisant pour se terrer dans sa chambre, individuelle, et écouter sa musique, du moins tant qu’il lui restera des disques. Otto ne semble n’avoir vécu que cela, avant la maladie aussi, les concerts, et surtout l’apothéose, le moment sacré, le Festspiele, qu’il conçoit comme l’ode à Mozart, le pur, l’unique, l’éthéré Mozart.
Il lui reste quand même un ami,à Otto : un certain Hans, dont on comprend qu’il exerce certaines responsabilités dans l’organisation du festival qui arrive et les célébrations mozartiennes doivent prendre un tour plus martial, vu le public qui va y assister, public un tant soit peu plus rigide que musicien. Le danger rôde de faire une gaffe définitive, alors Hans délègue une partie de ses responsabilités à Otto, qui ne demande pas mieux.
Evidemment, rien n’est à la hauteur de Mozart vu par Otto, et l’homme rumine de la dégradation idéologique qu’infligent les vainqueurs à son festival sacré et méprise hautement leurs coups de cymbales tonitruantes ( on pourrait penser que les coups de cymbales relèvent d’une certaine futilité dans le contexte, mais, pas de mauvaise foi, Athalie, le journal d’un homme malade n’est pas le lieu d’un roman historique …)
Petit grain de l’Histoire impuissant à n’y rien changer, même pas une note de musique, Otto tentera quand même de s’élever dans la gamme, et puisqu’il ne peut tuer Hitler ( dans un pied de nez narratif assez amusant et bien fait), il tentera malgré tout de sauver Mozart, ou plutôt de sauver l’honneur des hommes qui aime Mozart et sont impuissants.
Un petit volume plaisant dont les deux pirouettes qui se jouent de l’histoire font sourire, un moment vite passé avec un petit bonhomme dont, je l’avoue, les bornes affectives quelque peu centrées sur lui-même, et les bornes romanesques du journal intime m’ont un peu gênée, des limites formelles soit, mais pas que, un petit bout de lorgnette, un zoom sur un grain de sable …
Humaniste, lit-on partout, soit encore, je suis sur ce coup là d’assez bon aloi, mais pas vraiment convaincue.
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