Au revoir là-haut, Pierre Lemaitre

Pas jubilatoire tout de suite, hein, avant de rigoler, il y a la guerre. Enfin, les derniers jours de la guerre. On n’y rigolait pas plus qu’au début. Sauf que là, les poilus survivants savent que c’est la fin.

Sur le front, tous attendent en se faisant le plus petit possible l’armistice officiel. Tous, sauf un , le lieutenant Pardelle. Aucun poilu ne peut le blairer celui-là. Un officier dans le genre froid et hautain, il est là pour gagner des galons. C’est l’occasion de se redorer le blason. Il en a glané un peu, des honneurs et du grade, mais pas encore assez pour lui, et pas de bol, la guerre se termine … l’occasion qui allait lui passer sous le nez, pas de problème, il va se la créer et envoyer les poilus conquérir la côte 113, dans un ultime coup de bluff, à leur perte et à son profit.

Dans les poilus à ses ordres, il y a Albert et Edouard. Ils se connaissaient peu mais ce jour-là, c’est l’un derrière l’autre qu’ils sortent de la tranchée pour leur dernière bouchée de boches. Ce jour-là scellera leur alliance pour le pire, et un peu de meilleur, surtout pour nous, lecteurs, parce qu’après c’est aussi décapant que drôle.

Imaginez deux pieds nickelés, mal assortis, lâchés dans l’après-guerre, l’après guerre qui voudrait bien les oublier, ou du moins les voir le moins possible, vu qu’ils ne sont, justement, pas beaux à voir ( enfin, surtout un …)

Dans le rôle du petit un peu boursouflé, Albert, un brave gars un peu sensible et pas très adroit, un peu lent, comme sa mère ne se prive pas de le rappeler, un peu benêt, mais fort attachant, voire collant. Il était comptable et rêvait de la belle Cécile. Au retour, l’amour et la banque le fuit. A moins que ce ne soit lui, finalement, qui ne s’y retrouve plus vraiment.

Dans le rôle du grand échalas, Edouard, fils de très bonne famille, renié par son père parce que plus doué pour le dessin et les blagues potaches que décidé à se carrer dans la voix de son maître.

Un duo bancal, brisé, tout cassé qui va se lancer, un pied devant, un pied derrière, dans la plus mordante et iconoclaste entreprise de foutage de tronche du patriotisme obligatoire ambiant. Mais eux le font presque pour rire, alors que d’autres non …

Une peinture de l’immédiate après-guerre comme on ne l’avait jamais vue ( enfin, pas moi). Sans pathos, ni pitié, ni argumentation surfaite, à coup de griffes bien placées, l’auteur, que j’imagine en Raminagrobis qui se marre, jette ses personnages dans l’eau sale du profit fait sur l’héroïsme de ceux qui n’avaient rien demandé et tout perdu. Les poilus, gênent, en de compte, il y en a trop, on ne sait qu’en faire. Les oublier ( les vrais, ceux qui restent), les glorifier (les vrais, ceux qui sont morts), mais il y a que les vraiment morts qui rapportent vraiment … Dirait le beau Pradelle qui rôde toujours, on arrête pas un arriviste avec un monument aux morts …

Du bien bel ouvrage, monsieur Lemaître, du grand art de mener son lecteur par le bout du nez. Lu en deux jours, je ricanais de plaisir en attendant de pouvoir tourner assez vite la page suivante.

 

 

Et toc ! et de trois pour ma participation au non challenge des pépites organisé par Galéa

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