L’histoire est celle d’une famille, plutôt recomposée et assez mal assortie. A l’origine, il y a un coup de foudre en Inde pour une belle lavandière d’un jeune homme qui ne voulait qu’une chose, ne pas être commerçant comme papa. Son rêve est ailleurs, à Paris, dans une vie de bohème … Par un drame du hasard, il est en Angleterre et tient une boutique aux horaires variables, c’est le grand-père, Zaki, bel homme, joueur, excentrique et père aussi, beau père … Son rêve, il ne sait plus trop où il l’a rangé, il a oublié de le chercher, depuis le temps.
Lucky, le petit fils, matiné franco-paki ( ce qui a son importance) rêve de football, son père, Jinan, de liste de courses et de tâches à faire, et aussi de garder sa femme, la belle Delphine. Football, maternité, carrière, amour, amour surtout, amour de sa femme, de son fils (ou pas …), de sa belle belle fille, les quatre personnages courent dans ce désordre comme les chats tournent après leur queue. Le ton est est mi joyeux, mi tristounet, mi grave, mi ritournelle. On ne change point d’amours dans ce roman, on change de point de vue, on l’attaque sous un autre angle … Les personnages changent à peine de partenaire, ils changent de rêves, courent après l’ancien, le cache ou le retrouve, en attrape un autre au vol, en espérant que cette fois-ci, ce soit le bon …
Delphine, entre autre, incarne ce mouvement d’oscillation perpétuelle. Pour son rêve de carrière, elle a tout fait. En détestation de son coin bourbeux des landes, elle est montée à paris, montée à Londres, montée en grade hiérarchique, et est montée en taxi, en une soirée d’averse … Elle avait pourtant tout planifié …
Même son beau mari, plus jeune qu’elle, en adoration devant elle, bel appartement, bel gueule, belle situation, mais voilà Delphine tourne en rond dans son bocal, elle a beau se vernir les ongles des pieds avec application, il lui manque quelque chose … Un autre rêve ?
Son fils, Lucky rêve d’un but, un but ultime, celui qui fera gagner la coupe du monde à l’Angleterre, un rêve qui l’obsède car il s’arrête avant le tir et ne dit pas si le ballon rentre, ou pas, dans les filets … Avant de le savoir, d’autres rêves le croisent, il tombe en amour et son grand-père, Zaki, dans la Tamise.
Si la première partie est si trépidante et attachante qu’on en a le cœur qui bat, la deuxième est un peu plus ronronnante, mais bon, maintenir le rythme aurait peut-être aussi gâché l’ensemble, qui fonctionne très bien, entre coup de baguette magique, coup de hasards, coups de cœurs, coups du sort. sans que on en lâche le leitmotiv d’Oscar Wilde, comme le refrain d’une fantaisie dramatique.
Merci à Keisha, sans son avis positif, je serai passée à côté de ce beau moment de lecture.
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