Noces de neige, Gaëlle Josse

 

Un jour, avec ma copine C. de Jardin buissonier, on s’est égarée dans les rayons d’une enseigne, qui, jadis, vendait des livres. j’étais en mission, je cherchais « Lady oracle ». Il n’y avait pas la lady recherchée, mais, on  a beau boycotté depuis des mois, l’enseigne, qui avant, vendait des livres, il en reste quand même un peu. Ce qui fait que, de conseils en conseils, comme je cherchais des livres qui faisaient rire, je suis ressortie avec une petite pile quand même, dont je ne suis pas certaine, certaine, qu’ils fassent tous rire. Voici le premier de la petite pile, parce que C. adore Gaëlle Josse, et que moi, j’ai adoré « Les heures silencieuses »

Pour faire rire, soyons claire, c’est loupé. Sourire, un peu, à la fin, soit, mais c’est un sourire de rattrapage.
Deux histoires de femmes, de jeunes femmes se croisent, à tellement d’années d’intervalle que les deux héroïnes ne risquent pas de se retrouver dans le même wagon. Les deux histoires se confinent, pour l’essentiel, dans le temps d’un trajet inversé, Nice-Moscou pour la première, Moscou-Nice pour la seconde. Deux femmes, deux trains, deux trajets, un autre pont commun, le cheminement que l’on peut y faire, vers l’amour, ou la haine, dans des destinations aussi fébriles que immobiles et imprévues.

Anna est laide. Jeune aristocrate russe délaissée par sa mère, mondaine chic et charme qui s’épanouit au soleil des fêtes de la côte d’azur, elle, elle ne rêve que du retour au domaine familial. Ce n’est que là qu’elle connait quelques moments de légèreté, sur le dos des chevaux, en des cavacades viriles, qui parfois lui permettent d’attirer un moment les regards des jeunes beaux officiers amis de son grand frère. Parmi eux, Dimitri, qui, un jour, lui a fait un compliment. Alors Anna en est certaine, Dimitri sera à elle. Elle est laide, mais elle est riche. Dans le balancement du train et de son ennui, Anna se berce de son souvenir de lui et son espoir. Dans le roulis, d’autres surgissent, flottent, un puzzle de non-dits se révèlent sous la force d’une douche glacée de l’âme.

Irina, 2002, quitte Moscou pour aller, via un site de rencontres, vers l’aventure de l’amour avec un inconnu. Enzo lui convient, partir aussi, ne pas rester coincée, ne pas regretter. Elle n’est pas sans peurs, elle est raisonnable, raisonnée. Derrière elle, il n’y a pas grand chose, juste un amour fracassé par le retour de la guerre, d’une guerre sans nom, de celui qu’elle aurait pu aimer, Mickaël, perdu dans la rancœur. Son voyage à elle est plus court que celui d’Anna, trois jours et deux nuits. Trois jours et deux nuits à attendre avant le quai, le vide. Trois jours et deux nuits où l’âme, vacante, peut voir s’ouvrir un autre possible.

J’ai beaucoup apprécié de me laisser bercer dans ce roulis chaud et fluide, dans l’écriture fine de ces petits riens de l’âme, immobile dans le temps de l’espoir, dans ces deux temps de deux voyages en train, qui, paradoxalement, ne suivent pas les rails prévus.

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