Le village évanoui, Bernard Quiriny

Chatillon-en-Bierre … personne ne descend plus, personne ne va plus nul part, tout le monde y reste … Tel est le postulat que l’auteur a imposé à son microcosme …Chatillon-en-Bierre, comme son l’indique, est un gros bourg de la Bierre, le genre de bourg que l’on aperçoit parfois au fond d’un paysage croisé d’un clin d’oeil indifférent que l’on jette à travers la vitre de la voiture lors d’une transhumance autoroutière et que ne laisse aucune trace sur la rétine, et aucune envie d’y séjourner. Y’a même pas le panneau indicateur avec « le plus joli des concours de façades fleuries de géraniums » … Y’a rien.

Un bourg et un canton rural, des habitants dedans, la plupart y sont nés et ne comptait pas vraiment en sortir, les autres y était arrivés par commodité financière et ne comptait pas vraiment y rester. Ou plutôt, la question ne se posait pas jusqu’au jour où ce n’est tout simplement plus possible de le faire … En effet, un beau matin normal, une frontière invisible va trans former le village en vase clos sur lui même : toutes les voitures tombent en panne au même endroit, et, à pieds ou à vélo, les chemins deviennent sans fin … Il s’avère rapidement que, sans que l’on sache pourquoi, ni pour combien de temps, Chatillon-en-Bierre est coupé du reste du monde (ou alors le reste du monde est coupé de Chatillon-en-Bierre)

Reste à l’intérieur tout ce qui constituait Chatillon-en-Bierre, c’est-à-dire pas vraiment grand chose (coup de bol pour des touristes égarés, il n’y a même pas de camping …) : la mairie et le maire, la gendarmerie et quelques gendarmes, une grosse superette et des plus petites, une église, peu fréquentée jusque là, des fermes, des grosses et des plus petites … L’électricité fonctionne (preuve que le monde n’a pas disparu et que Chatillon-en-Bierre n’est pas devenue une comète …) mais plus aucun avion ne passe dans le ciel( ce qui pourrait laisser croire l’inverse de la comète).

Le monde se fige autour de la petite communauté pour un temps indéterminé et les premiers moments de stupeur passés, les habitants s’organisent, dans un calme relatif, autour du maire qui se découvre une âme de chef, on se rationne et on s’installe dans l’attente, instable.

Dans l’attente d’une sortie ( de sorties, sous toutes leur forme), se révèlent les failles sociales et humaines. Peu de personnages sont vraiment individualisés, le maire, le prêtre, un fermier dissident, un écrivain égaré à qui manque la postérité, les chatillonais sont les miroirs anonymes de nos comportement grégaires.

Fable morale ? peut-être … mais alors sans morale à en tirer. Nous ne sommes pas chez La Fontaine, même si il y a quelque chose de « nos amis les bêtes » dans cette expérience de la ruralité au pays de la science-fiction, (ou alors l’inverse), très agréable à lire, qui prête souvent à sourire, mais un chouia moins grinçante que dans le recueil de nouvelles du même auteur « Une collection particulière« , où la plume de l’auteur m’avait davantage caressé le poil.

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