Il y a un avantage certain dans l’utilisation de la seconde guerre mondiale en littérature, c’est qu’elle est un réservoir sans fin pour les histoires tordues, de sombres secrets, de famille, si possible, camouflés et retrouvés, des poupées gigognes, en quelque sorte ( pas des bébés cigognes, ne pas confondre. Quoique, dans ce livre, la procréation est au centre de la multiplication des récits, mais pas les bébés cigognes, les vrais ceux qui naissent dans les choux et les roses. ). C’est ainsi que les secrets de famille se fabriquent.
Donc, un titre de plus à ajouter à la lignée de la littérature du baby boom du secret de famille, dans une forme plutôt prenante et une écriture aussi simple qu’efficace.Elle vous mène d’un point A à un point B avec révélations successives et témoignages en contre point, en deux versants. Dans le premier, le mystère s’épaissit, dans la deuxième, il s’éclaircit. Fastoche.
Le premier (l’épais mystère) : Camille, une jeune femme moderne, vient de perdre sa mère, le père est déjà disparu, ce qui nous évite la confrontation finale entre enfant et parents dans une troisième partie, c’est déjà ça d’éviter dans l’horizon d’attente, comme disent les pros. Enceinte sans vraiment le vouloir, elle se trouve au croisement d’un choix à faire, et est un peu perdue, mais pas trop, car sa grossesse à elle n’est pas le sujet du livre. Par la poste, lui arrive le récit signé Louis ( elle ne connait pas de Louis, bien sûr), qui raconte l’histoire d’une certaine Annie (elle ne connait pas d’Annie), une jeune fille qu’il aimait et avec qui il aurait filer un parfait amour tranquille si Annie n’avait pas croisé la route d’une certaine madame M. On est dans un retour arrière, dans la province française, à la veille de la seconde guerre mondiale. Annie est une jeune fille modeste, un rien fantasque par rapport à son milieu, elle aime peindre. Madame M. est une bourgeoise aisée, mariée, malheureuse car sans enfant, dépressive et tordue, un peu, quand même.
Si Louis aime Annie, madame M. aussi, mais pas pour les mêmes raisons, manipulatrice, méfiante et machiavélique, madame M. entraine Annie loin de son destin tranquille et de Louis, et l’histoire du secret se tricote en pelote.
Dans la deuxième partie, c’est la partie maille à l’envers, on détricote le tout, toujours avec Camille et sa grossesse à elle en arrière plan.
Et à la fin, on a un récit bien troussé où les bébés retrouvent les bons berceaux et les mamans cigognes aussi. Ou presque.
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