Le petit livre des couleurs, Michel Pastoureau, Dominique Simonnet

En sortant de l’exposition Giacometto de Landerneau (et oui, à landerneau, il n’y a pas que la lune …), escortée de mes Athalie’s girls, les A, (moins une, mais elle est pardonnée), j’ai eu subitement envie de couleurs, vu que ce sculpteur est plutôt monochrome, je suis sortie de la boutique avec ce petit livre et un autre du même auteur sur le bleu (Michel Pastoureau a également écrit sur le noir, mais, là, j’avais pas envie)

Michel Pastoureau, c’est le spécialiste, il répond aux questions de la dame Simonnet, questions et réponses qui s’ordonnent en de courts chapitres ; le bleu, la couleur « qui ne fait pas de vagues » ; le rouge, sans surprise, la couleur qui fusionne les contraires :  « le feu, le sang, l’amour et l’enfer » ; le blanc, attendu dans son rôle de couleur symbolique de « la pureté et de l’innocence » ; le vert, qui cache son jeu de fourbe sous l’apparat actuel du naturel bio ; le jaune de infâmie ; le noir qui se balade du spectre du deuil à celui de l’élégance. Enfin, les dernières, les demi couleurs, sans symboliques millénaires à se trimbaler, les dernières roues de la palette ; le gris pluie et le rose bonbon.

En de petites touches, à la fois légères et érudites, notre spécialiste vulgarise un savoir commun à l’imagerie occidentale. Rien de vraiment révolutionnaire mais plein de petits rappels de choses à savoir pour des remises en perspectives édifiantes. Ainsi, par exemple que jusqu’au XIXème siècle, les robes de mariées étaient rouges, parce qu’une robe riche et belle était forcément rouge et que c’était cette couleur qui permettait également le mieux aux artisans teinturiers de faire étalage de leur savoir-faire. Il faudra l’avènement de la bourgeoisie et son sacro saint sens des valeurs financières pour que, du coup, la sacro sainte virginité de la demoiselle soit affichée (en blanc, forcément). 

Ce livre fait preuve d’une érudition sans forfanterie qui trifouille aussi du côté de nos représentations collectives, et en les montrant du doigt, fait tilt. Par exemple, pourquoi ne peut-on imaginer un réfrigérateur rouge ? ( et donc n’en fabrique-t-on pas), parce que « l’on aurait l’impression qu’il chauffe ». De même, pourquoi les enseignes de pharmacie ont actuellement tendance à perdre leur vert traditionnel au profit du bleu ? Pour faire plus scientifiques que naturelles, le vert se faisant de plus en plus bio, or le bio, dans nos petites têtes de piaf, ne fait pas sérieux pour un antibiotique.

Pour finir, si la symbolique des couleurs évolue quand même peu ( ce n’est évidemment pas moi qui le dit, mais le spécialiste), son utilisation par les publicitaires n’est pas sans refléter une poétique de de la consommation mercantile qui frôle l’esbroufe. C’est alors que la dénomination de nos collants passe de brun clair, brun moyen, brun foncé » à « brun du soir », voire « rencontre du soir » ….

Du coup, je me suis souvenu de ma perplexité cet été, tandis que je cherchais un pot de peinture dans les violets-parme-rouge (en gros) à devoir choisir entre « saveur de coulis de cassis » et « panacota de fruits rosés » ! Master chef était passé dans mes pots de peintures ! mes boiseries n’en demandaient pas tant !

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