Le rire du grand blessé, Cécile Coulon

L’auteure se glisse ici dans le dystopique. Le hic, c’est que dans le genre, il y a quand de grands ancêtres, et que pour le thème choisi ; le pouvoir libérateur de la lecture face à une société qui le nie, le réprouve ou le combat, on est quand même dans du classique de chez classique, normé, encadré, calibré de topoï que l’on retrouve ici, sans surprise aucune.

Un individu solitaire, issu de la classe sociale de la plus méprisée d’une société futuriste quelconque, fait preuve de qualités exceptionnelles, sang-froid, rigueur, forces physiques et mentales pour se hisser dans le corps d’élite des Agents. Il porte évidemment un numéro de robot, 1075.

Les agents sont une sorte de police-milice affectée à l’encadrement des grandes manifestations de lectures publiques. Lesquelles manifestations sont organisées dans de gigantesques stades, par le pouvoir, comme des exutoires pour une population dressée à ne pas lire en dehors. Ce sont des « manifestations à haut risque ». Un lecteur balance à la foule électrisée les mots écrits dans un moule par un écriveur, autre corps d’élite pris en charge par le programme du service national. Il se produit alors l’heure de grâce, un moment de transe et de folie collective, l’hystérie des sentiments que les histoires formatées pour libèrent en vrac. Parce que les mots et les histoires sont calibrés, ils font adhésion et catharsis.

Le pouvoir a pris les mots et a lissé les histoires, la paix sociale est garantie par les déchainements réguliers, encadrés par des Agents parfaitement insensibles, eux, aux pouvoirs des mots dévidés en boucle. 1075 est l’Agent parfait, analphabète et ambitieux, fier des avantages de sa position.

Croyant se maitriser et maitriser les rouages de la machine, 1075 va pourtant tomber dans le piège des livres, des vrais, ceux qui entrainent réflexions et profondeurs intimes, et non une stupide identification, et le numéro deviendra âme sensible à l’aide d’une femme et d’un double jeu.

Le propos est louable, et court, les cibles évidentes : la manipulation des masses par l’émotion, la littérature fabriquée. L’écriture, très classique et linéaire, ne sauve pas l’intérêt … Un exercice de style sur lequel l’auteure a voulu faire ses griffes personnelles comme on fait ses gammes ?

Je ne sais, mais ce livre n’a rien a voir en tout cas avec les qualités de « Méfiez vous des enfants sages » ou « Le roi n’a pas sommeil« .

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