Polina a six ans quand elle esquisse devant un jury silencieux ce qu’elle deviendra, une danseuse. Le professeur Bojinsky lui étire la jambe, pas assez souple. Elle est retenue dans la sélection. Elle rentre dans l’école pour de longues années d’apprentissage, notamment sous la férule du redouté Bojinsky, maitre considéré comme le plus dur, celui qui brise le rêve des petites par l’exigence répétée des positions, des pirouettes, de l’équilibre du regard. A Polina, qu’il suit toujours d’un regard pesant, il répète, « Le public ne voit pas ce que tu ne lui donne pas ».
Polina a du talent, lui le sait, pas elle. Il va exiger d’elle de le plier à sa volonté.
Des années, Polina travaille, se bute, réussit, change d’école, elle apprendra que « Dans la danse, il n’y a que la danse, pas de partenaires ». Elle n’a que cette ambition là, danser, et si elle trébuche, s’enfuit, et grandit, c’est sans le savoir dans la trace du pygmalion, resté dans l’ombre de son enfance. Et quand elle saura enfin, pourquoi elle danse, elle pourra revenir vers celui qui lui avait donné ses ailes.
Cet apprentissage est dessiné en images arrêtées qui semblent en mouvement, noir et blanc, presque uniquement, peu de dialogue, mais une force rare de sensibilité dans les traits et les courbes. L’histoire d’un apprentissage tout en retenue époustouflante.
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