Marguerite n’aime pas ses fesses, Erwan Larher

Marguerite a la petite trentaine pas encore fanée. Elle s’habille discrètement chic, vu qu’elle en a les moyens, sans vraiment l’avoir fait exprès. Elle poste tous les matins sur facebook son image en tenue du jour. Elle lisait, tient même un blog de ses lectures. Mais les livres lui tombent maintenant des mains, elle a l’impression qu’ils ne lui parlent plus. Alors, elle regarde des séries. Marguerite a un mec, le même depuis cinq ans et quelques mois, Jonas. Il vit dans son appart, vissé à son écran d’ordinateur, il dit concevoir un jeu vidéo révolutionnaire …

Marguerite n’a pas de famille, pas vraiment, son père lui a laissé l’appartement en héritage, et sa cave à vin, dont elle ne profite pas. Marguerite ne boit pas, elle ne baise pas non plus, porte une lingerie en coton, Marguerite n’a pas de libido. Jonas non plus d’ailleurs, ce qui tombe très bien, selon elle. Marguerite n’a pas d’opinion, enfin, elle a celles de toute bobo un peu chic;  faut pas être méchant avec les animaux, les pauvres, et manger bio. C’est d’ailleurs les mêmes opinions que celles de ses quelques copines, qui elles, ont une libido, par ailleurs. Ce qui met Marguerite mal à l’aise.

Jonas, lui, des opinions, il en a plein, il n’a d’ailleurs que cela à lui dire à Marguerite, en boucle, d’extrême gauche en paroles et d’extrême machisme en actes. Enfin, Marguerite a trop de mères en une seule ; Billie, 65 ans, continue sa collection d’amants, et se désole de la transparence de sa fille. Elle aussi, pourtant, tourne en rond.

Tout cela n’empêche pas Marguerite de rêver d’une vie de famille idyllique, un peu chic et très bobo, dont on se demande comment elle pourrait bien se réaliser vu l’utilisation que fait Jonas de l’outil qu’il garde (ou presque …) dans son pantalon.

L’aventure de Marguerite commence alors qu’elle croise dans les couloirs de la maison d’édition pour laquelle elle travaille à quart temps, l’Ex dans toute sa splendeur, Aymeric Delaroche de Montjoie, un condensé de au moins trois de nos premiers présidents. Machiste, queutard et fier de l’être. En politique, par contre, il fut beaucoup plus mou. Cynique et corrompu, il a laissé les vraies décisions de côté. La maison d’édition veut ses mémoires, et lui, il veut que ce soit Marguerite qui les écrive. A son grand étonnement d’ailleurs à elle, depuis le temps qu’elle avait travaillé son invisibilité, elle pensait y avoir réussi.

A partir de là, comment dire ? le roman se fait à la fois salace (Marguerite se mettant à aimer de plus en plus ses fesses), politiquement très incorrect,  incorpore quelques petits meurtres entre amis, un amant virilement raciste dont les dossiers sulfureux des dessous de la République mèneront Marguerite à une forme de densité inhabituelle …

Un roman sur le mode cynique et léger, un équilibre étonnant, et une certaine vigueur drolatique !

Découvert chez Keisha, un auteur singulier, à plus d’un titre …

 

 

20 commentaires sur “Marguerite n’aime pas ses fesses, Erwan Larher

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    1. Keisha sait faire envie, je lui prends plein d’idées et très souvent je découvre des titres un peu en décalage ! Mais tu sais, Marguerite n’a pas vraiment de projet de rénovation de maison, elle rêve vaguement d’un truc parfait, avec une famille dedans et tout et tout … L’avenir de Marguerite est très incertain, en fait !

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    1. Je n’avais pas envie de commencer par le titre que tu présentais « Le roman que je ne voulais pas écrire », à cause de son sujet dont je craignais le traitement, malgré tout le bien que tu en disais.Et voilà, maintenant, je suis en confiance. En plus, j’ai découvert le projet de l’auteur, fort intéressant, ma foi !

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  1. J’ai le dernier livre de l’auteur dans ma PAL mais j’avais bien été tentée par cette Marguerite et ce titre singulier. Je commencerai par celui que j’ai, on verra bien si je poursuis ma découverte de l’univers de cet auteur ensuite.

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    1. Si j’ai bien compris chez Keisha, son dernier titre est différent de ce qu’il a écrit avant le bataclan. Moi, c’est ce qui m’a retenue, je me demandais comment on pouvait écrire sur le Bataclan. Extrêmement risqué, corde raide, pathos, peine, rage … Mais la plume est intelligente, je suis maintenant rassurée, je lirai son livre sur le bataclan, même si il me fait encore super super peur. Parce que là, c’est du vrai.

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  2. Tu as aimé ou juste apprécié ? Je lorgne autour de son dernier, suite à de très beaux billets , je sens moins celui-là j’ai l’impression que la fin part en vrac non ?

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    1. Je l’ai classé en coups de coeur. Bien sûr c’est pas du Proust non plus (quoique Marguerite tournant autour du bourdon au début de Sodome et Gomorrhe … ça peut faire rêver ….) Et le petit père n’avait pas non plus une sexualité très claire ! Ce dont on se moque d’ailleurs. Mais pour être claire, en fait, ça part en vrac depuis le début, et c’est ça qui est bien !

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  3. Près d’un an après ton billet et les commentaires, je me plonge dans Le livre que je ne voulais pas écrire qui te fait peur Athalie mais qui est pourtant si beau !
    Découvert grâce à l’averse de grêle samedi, dans une librairie rennaise que j’aime de plus en plus.
    Bises

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    1. Ha, tu te souviens qu’il me faisait peur Le livre que je ne voulais pas écrire ? Mais Marguerite est très singulière, pas du tout dans la même veine.
      Les averses de grêles qui font que l’on rentre dans une librairie, c’est une jolie circonstance … La nuit des temps, je la fréquente aussi, et notamment grâce à cette librairie que j’ai découvert un titre qui m’a fascinée Nous avons toujours vécu au château.

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