Comme le titre l’indique, on patauge un peu dans l’épaisseur du désespoir dans la famille Kane, comté du Donegal, Irlande, 1945 en théorie, dans un trou de l’espace temps qui a les racines profondes dans la misère.
Barnabas Kane a dû s’exiler aux USA bien avant la deuxième guerre, poussé enfant sur un bateau par ce qui lui restait de famille pas encore morte de faim. A New York, il amassa un petit pécule en montant vers le ciel avec les Indiens pour construire les grattes ciel. Il rencontra Eskra. Elle lui appris à danser, puis, séduite par sa force tenace, elle l’épousa. Leur fils, Billy, lui, est né en Irlande où son père a voulu revenir pour y bâtir à la force de sa volonté, un avenir sans exil. Eskra a suivi, a appris la ferme, les travaux sans fin, a surmonté la peur du noir, a subi la solitude de ses terres.
Mais ces moments là sont des contrepoints du passé des personnages. le présent s’écroule dès la première scène du roman. La ferme, terre promise, mais pas terre due à celui qui revient, plus vraiment d’ici, est encore une entreprise fragile. Et en ce jour, sa prospérité relative va être mise à mal par l’incendie de la grange et du troupeau de bétail qui hivernait dedans. D’autant plus, que, dans la grange est resté Matthew people, un gars du coin qui donnait main forte à Barnabas, régulièrement. Un des rares, et là tout s’écroule. Barnabas, lui a réussi à en sortir, mal en point, mais vivant, devant les yeux des voisins tous accourus (ou presque).
L’incendie est stoppé, les autres bâtiments ne sont pas touchés mais la rumeur court. Les regards de la communauté sont opaques, on observe derrière les tas de fumier, la déchéance et la ruine gagner les terres et son propriétaire. Sa rancœur s’en nourrit, l’incendie devient criminel, sa paranoïa l’envahit, le pousse dans la colère stérile et le vain combat sans plan de bataille cohérent. La ferme devient un radeau qu’Eshra tente de sauver. Billy se fait fuyant, il garde quelques secrets d’escapades peu reluisantes dont il ne connait pas les conséquences. Le lugubre et le funeste envahissent le texte, et plus Barnabas tente de revenir de ses cendres, plus il accumule les pas de travers sans mesurer les pertes et les douleurs qui le ferment aux autres.
Une tragédie dans une ruralité obtuse, boueuse, frileuse et sans compassion mais où le trait est lourd, fortement appuyé par par une écriture qui force le tragique. Les personnages restent monolithiques, granitiques, ils s’enfoncent dans le désespoir sans coup férir. Un livre où le tocsin sonne trop fort, à coup de glas. Point trop n’en faut …
Au final, tu le recommandes ou non? Disons qu’il me tente pas mal. En poche en plus!
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Ben, comment dire ? entre la peste et le choléra, il y a pas mal de choléra et aussi un peu de peste …. Après, c’est sacrément bien écrit … ça peut plaire, ou pas, ça dépend, tu vois …
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C’est certain, il est très noir. Pourtant, je l’ai lu, comme fasciné ( et je l’ai trouvé bien construit, bien écrit ). Et il laisse un goût amer. As-tu lu le premier de l’auteur ?
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Non, pas lu le premier, et je crois que je vais en rester là … Très bien écrit, et je comprends parfaitement qu’il puisse fasciner. Il y a une sorte de rythme mortifère assez étrange et finalement, on peut tomber dedans, ou pas …
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Je l’avais commencé au moment de sa sortie en grand format mais je ne suis jamais allé jusqu’au bout. ça ne devait pas être le bon moment…
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Je ne sais pas si il y a un bon moment … pour une rhapsodie mortuaire …
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en ce moment, la noirceur je fuis un peu et quand le soleil sera revenu je ne crois pas que j’aurais envie de retrouver les ambiances grises et lourdes, en plus on ne te sens pas convaincue (c’est le moins que je puisse dire)
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C’est le moins que l’on puisse dire, en effet !
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Un livre dur si je comprends bien ! PAs tentée pour l’instant, on verra….
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PS : excuse-moi, j’ai fait une erreur en notant l’adresse de mon site
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J’ai aimé mais effectivement c’est bien pessimiste.
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