Il y a des romans qui croisent votre route sans qu’on les choisisse vraiment. Des romans déjà lus et oubliés, de ces titres que l’on peut croiser dans les maisons de vacances, les maisons d’hôtes, les séjours de passage. On y voit toujours un peu les mêmes auteurs : Boris Vian, Robert Merle, un exemplaire jauni de L’étranger de Camus ( le fils ou la fille de la maison l’a casé là, pour remplir un peu la bibliothèque, sitôt le bac de français terminé …), Maurice Druon peut encore y côtoyer Henri Troyat (mais là, on est dans les limbes de l’héritage de la grand-mère …)
C’est ainsi que j’ai croisé Barjavel, un des classiques de mon adolescence, que je n’avais jamais lu en réalité, ayant sans doute décidé que cet auteur, que je plaçais à droite, dans la rangée conservateur, juste à côté du poussiéreux et cacochyme Mauriac, était représentatif d’une littérature populaire réactionnaire … ( ben ouais, je causais comme ça quand j’étais ado, en pire encore …)
Mais si relire Mauriac, fut une redécouverte convaincue, lire Barjavel fut juste assez ennuyeux.
Les bons sentiments y sont boursouflés.
Une communauté scientifique internationale fore les glaces de l’Antartique sans grandes illusions, lorsque tout à coup, les sondeurs s’affolent, très très très profond, il y a un émetteur ultra son qui fonctionne. Alors, ils creusent à la vitesse des lapins et tombent sur un oeuf. Dans l’oeuf, il y a deux corps, un homme, et surtout une femme. C’est elle qui semble la mieux conservée, on la ramène à la vie. Grâce à une traductrice bricolée vite fait, et à un casque à vision type TV à écran plat, les explorateurs et les lecteurs découvrent son passé et la civilisation engloutie par la guerre. La civilisation de Eléa et Paikan, (la femme et son amoureux), Gondawa, était pourtant pacifique et parfaite, comme leur amour parfait et étoilé de scènes de sexe à se rouler par terre de rire. ( à relire si vous avez un mémoire à faire sur les ravages de l’usage immodéré de la périphrase et de la litote. Et encore, je vous passe les descriptions hyperboliques du corps parfait d’Eléa …)
La civilisation disparue fonctionne comme un communisme capitaliste. Tu as une clef ( comme une carte bleue mais en bague) qui te donne tout ce que tu veux consommer ; l’homme gonda est un homme raisonnable, il se gère tout seul. il bosse quand il veut, si il veut. Comme les machines fonctionnent à partir de rien (un rien généré par une équation mathématique), en plus, il consomme écolo. Les méchants sont les Enisors, une civilisation de dégénérés agressifs (la preuve, ils copulent comme des bêtes une fois par an !). Ils déclarent la guerre totale à Godawa, qui, elle, possède l’arme totale. Et la démonstration issue de la guerre froide déroule son cours inéluctable.
Mais, retour aux temps modernes, les scientifiques explorateurs du passé, sont des humanistes, eux, et ils protègent de toutes leurs forces leur découverte face à la rapacité des grandes puissances qui, l’air de rien, tournent autour de la base, pour mettre la main sur Eléa, mais surtout sur la fameuse équation. L’homme étant l’homme, nuit des temps ou pas, le statu quo pacifiste tourne court et Eléa creuse définitivement sa propre tombe, héroïne tragique oblige.
Produit d’une époque, ce roman sonnait sans doute plus juste en son temps.
Je l’ai lu ado mais ce que tu en dis me dissuades de le relire ! D’ailleurs, c’est amusant car il est souvent cité dans les listes scolaires mais je n’en ai pas gardé de souvenirs…
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M’étonne pas qu’il soit sur les listes scolaires, il a tout du classique qui peut quand même plaire aux ados … Une histoire d’amour tragique et idéalisée, un fond de culture historique (enfin, ce fond là, c’est plutôt pour les profs …).
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J’ai adoré mais il y a si longtemps. J’ai beaucoup ri à ton billet. Ainsi donc il a si mal vieilli.
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Ou alors, c’est moi qui vieillis mal !!!
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Aaah j’ai été une grande fan de Barjavel à une époque, plutôt autour des 20 ans, ça me distrayait et vraiment, j’aimais bien son style. Je ne sais pas ce qu’il en serait aujourd’hui. Il faudrait que je me déniche un Barjavel que je n’ai jamais lu tiens, mais ça risque d’être difficile.
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Une expérience de relecture dont tu pourrais nous dire des nouvelles … Comme je n’avais pas lu cet auteur, il me manquait sûrement une appétence, et puis moi, le genre SF, en plus, j’ai du mal. Alors, le pauvre Barjavel, il n’avait pas beaucoup de chances !
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Hum je l’ai lu, ou relu? adulte et j’ai un souvenir assez mitigé , l’histoire d’amour a dû me faire ricaner, je le sens;
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Les scènes qui se veulent sensuelles sont à se pouffer toute seule de rire en tout cas ! L’histoire d’amour est tellement idéalisée qu’on y croit pas une seconde. Sans compter le regard éperdu du narrateur contemporain sur Eléa. C’était trop de sirop pour moi.
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Une collègue me l’a offert il y a 2/3 ans, je ne l’avais jamai lu non plus… je suis d’accord avec toi, il n’a pas très bien vieilli, le style est parfois un peu lourd, et bon sang, ces clichés sur la guerre froide… ! mais je m’étais laissée prendre à l’intrigue tout de même ..
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Le contexte historique est totalement manichéen ! A la décharge de l’auteur quand même, le message pacifiste est clair et il ne décalque pas complètement la situation des deux blocs : les méchants ne sont les soviétiques et les gentils les occidentaux, il a fait un mixte !
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J’ai lu du Barjavel dans ma jeunesse, mais celui-là, ça ne me dit rien du tout. Il a l’air d’avoir très mal vieilli.
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Ben tu vois, je l’ai passé après à mon grand ado de fils, qui a dit un truc du genre, c’est basique mais pas mal. En même temps, il aime les uchronies. Donc, j’en conclus que c’est sans doute moi qui a pris de recul (et de l’âge, aussi, évidemment !)
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J’adore ce que tu dis sur Mauriac. Barjavel, que j’ai dévoré ado, ne se lit pas adulte, je pense. J’ai en tout cas été très déçue par ma relecture de La nuit des temps (j’ai donné le prénom de l’héroïne à ma fille, je voulais donc le relire quand-même). Je n’ai jamais lu Mauriac mais tu me donne envie de m’y mettre.
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Mauriac, ce fut une réelle redécouverte, mes à priori de jeunesse en ont pris un sacré coup ! Je ne peux que te conseiller sa Thérèse, elle a peut-être pris des rides, mais comme Emma, et d’autres figures féminines, elle garde une sacrée force !
Ta fille a, du coup, un joli prénom, elle a lu Barjavel ?
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Dans mon souvenir, j’ai lu un seul Barjavel et ce doit être celui-ci… J’avais aimé mais ce ne serait plus ma tasse de thé maintenant.
C’est aussi dans les « boîtes à livres » ou les braderies qu’on trouve facilement ce genre de roman !
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Une expérience que j’ai tentée, parce que le livre m’avait tendu les bras une soirée d’insomnie dans une maison de vacances … Il y est resté, d’autres le liront peut-être. Les boites à lire, j’aime bien le principe, mais dans celle qui est à côté de chez moi, et que je fournis également, je trouve rarement des titres qui me tentent. Il y a même des manuels scolaires !
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Lu au collège, je me souviens ne l’avoir déjà pas tellement aimé à l’époque. Mais j’ai plusieurs Barjavel dans ma pile à lire de classiques de la SF, alors maintenant que j’ai lu ton article je suis un peu inquiète…
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Non, faut pas, je ne suis pas une fan du genre, mais je pense que quand on aime la SF, ce type de romans peut avoir un intérêt … (non, je n’ai pas dit préhistorique !)
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Oh boy… j’aurais vraiment dû lire barjavel ado! Je pense que ça m,aurait davantage plu. Mais je vais tenter quand même… pour la Kulture, tu vois!
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Oui, la culture peut être une raison, ou la curiosité, c’est d’ailleurs ce qui m’a poussé vers ce livre, j’avais peu d’attentes ! Je fus donc d’accord avec moi même … ^-^ !
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Ah, il a si mal vieilli ? J’envisageais il y a peu une relecture… tu me casses un peu l’ambiance là…
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C’est un peu logique que cette littérature vieillisse mal, le sujet et la forme sont didactiques … En même temps, c’est juste l’avis d’une lectrice vieillissante ! Comme, je l’ai auparavant, mon fiston grand ado a aimé ….
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