Miles O’Malley a treize ans. Il vit dans une maison de guingois où l’odeur des marées pénètre par tous les pores, elle tient sur des pilotis qui s’ancrent dans une baie, qui s’ouvre sur le Pacifique, au bout du Puget Sound. La baie est son univers, l’univers de la baie est sa malle aux trésors. Il en connait les mouvements, les couleurs, l’épaisseur, la consistance et les spécimens qui la peuplent de leur immobilisme séculaire.
Dans son canoë, Miles trouve sur l’eau l’équilibre de ce qui ne bouge pas, alors qu’autour de lui, son monde d’encore enfant commence à prendre l’eau. Ses parents semblent arriver au terme de leur cohabitation, et son ancienne baby sitter, Angie Stegner, son amour secret, son roudoudou tout doux, se trémousse en très courte robe à rayure, très moulante, d’un érotisme qui le dépasse, au son d’un batteur chevelu, en hurlant des logorrhées gothiques. Si lui, se réfugie dans la baie, elle, elle avale des cachets roses qui la transforment en zombie. Il lui reste sa vieille voisine, qu’il peut encore protéger, surtout qu’elle égare de plus en plus sa tête et son dentier, et les livres de la spécialiste du monde de la baie, Rachel Carson, ce qui n’est pas très riant, comme compagnie, mais Miles s’y plonge et explore les fonds marins où les marées basses laissent à découvert les nudibranches, lumineusement trans lucides et infects, les top modèles de la baie, version mollusques, les notices, escargot marin carnassiers, des bulldozers qui avalent les palourdes sans un hoquet, les uzix, crabes violets enragés, et autres étoiles de mer mouchetées qui, dans la lumière de sa lampe frontale, semblent des objets d’art en céramique fluo.
Miles, cet été là, fouille la baie en solitaire, parfois accompagné du copain Phelps, beaucoup moins accro aux merveilles du microcosme, plus branché vers les découvertes physiques de l’adolescence … La première nuit qui nous est racontée, Miles est donc seul lorsque la magie de la baie recrache un calamar géant, spécimen non répertorié, venu du fin fond des âges océanographiques, et le jeune garçon est propulsé dans une suite de découvertes étranges qui vont en faire le héros involontaire et maladroit de l’épopée de la grande marée, l’apocalypse écologique. Une phrase de trop, des journalistes curieux, une secte bavarde, Miles devient l’enfant messie, à son corps défendant.
Le roman est plein de charmes – terriblement iodés et lumineux. Miles, petit Poucet rêveur de la baie, si il est la cause et le témoin d’un emballement médiatique et de prédications hallucinées, reste du côté de l’enfance, celle de ses découvertes gluantes et baveuses, que son regard transforme en merveilles de conte de fées.
Ha je pourrais tenter la lecture (j’avoue que le dernier de l’auteur, bourré de navigation, m’a lassée)
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J’ai tellement aimé celui ci que j’ai offert son dernier à une amie. Comme j’avais vu tes réticences, je lui ai demandé ce qu’elle pensait du vocabulaire marin … Elle m’a dit qu’elle l’avait lu comme de la poésie, elle n’y comprenait rien mais tout passait. C’est comme pour les mollusques dans celui ci ! Donc, je ne sais pas si tu aimerais !
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C’est pour le moins intriguant…
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Et j’ai adoré ! Maintenant, il faut dire que j’ai des années de pêche à pieds dans les pattes. Alors de nouveaux mollusques que je ne connaissais pas, j’étais fascinée. Mais il y a autre chose, une écriture, une lumière …
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J’avais beaucoup aimé ce roman… lu en anglais, même si quelques termes zoologiques me sont passés au-dessus de la tête, ça a été une très belle lecture !
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Les termes zoologiques me sont complètement passés au-dessus de la tête, même en français ! Et je m’en suis complètement fichue, je les ai pris comme de la poésie étrangère, j’ai goûté les sonorités, comme je gobe les huîtres !
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J’ai toujours du mal à résister quand tu as un coup de coeur !
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Et pour la peine, je l’ai tellement aimé que j’ai créé un logo « coup de coeur », rien que pour lui ! Mais tu es trop gentil de me faire confiance à ce point … (en même temps, cela me fait palpiter mon petit coeur ….)
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