La romance est celle de l’auteur et de Belange. En traînant dans la forêt congolaise, il s’est vu accrocher le cœur par sa fine silhouette, son parler singulier, les bluettes qu’elle écrit dans des cahiers d’écolière. Un baiser, un au-revoir et trois ans plus tard, il la retrouve à Kinshasa. Belange est vendeuse de sachets d’eau potable, vit dans un cloaque, et s’en débrouille, comme tous les kinois. De son premier voyage, l’auteur a gardé le goût des mélopées pygmées, c’est pour les réentendre qu’ils partent, aussi légers que des papillons bleus, dans un périple caracolant et semés d’imprévus, de détours et de rencontres, vers Oshwé,, le village où réside une communauté de ces anciens nomades.Finalement, malgré les kilomètres qui semblent se multiplier devant eux, malgré les insectes, les serpents du sentier des murmures, ils y arrivent, et s’y marient.
L’aventure n’est pas que celle de la romance autobiographique, l’auteur intercale une reconstitution à sa sauce des périples de Livinstone. Du pasteur rigoriste, il fait un Don Quichotte à la loose presque sublime.
Dans les deux récits, l’auteur y montre les dents, la fascinante mélopée des pygmées s’écoute dans un guetto, au bord de la triste ville de Oshwé où ils sont exploités par les Bantous, la forêt s’effrite sous les coups de l’exploitation humaine, leur fin est programmée. Et Oshwé n’a rien à proposer à l’auteur qu’une triste langueur.
La langueur est celle de la chaleur, mais aussi de l’abandon. Elle sourd des vaines tentatives d’organisation, ruine les tentatives pour sortir du marasme, de la misère post coloniale, post dictature. Langueur exaspérante, quand installer des étagères dans la chambre nuptiale requiert tant d’efforts qu’on se lasse. Comme on s’exaspère que l’électricité, produite par un barrage à quelques cinquante kilomètres de Kinshasa, se perde en route, que les objets importés de Chine, soient à usage unique, voire se délitent avant usage. Au Congo, les pygmées répondent aux noms de Grandiose, ou Célestin, les piroguiers portent des casquettes Mickey, un blanc dans la jungle est forcément membre d’une OMG….
L’auteur, amoureux de Belange et de son pays, n’en est pas aveuglé par la désinvolture apparente et la bonne humeur affichée par les Kinois et les congolais. Le livre fourmille de sourires mais aussi de ces détails qui font mouche, l’auteur semble flâner mais dépeint un pays à la dérive, dont le naufrage ne semble même pas avoir de fond. Les habitants, à défaut d’être écoutés par ceux qui pourraient agir, se tournent de plus en plus vers la ferveur religieuse qui envahit les rues d’appels tonitruants à la prière…. Une autre pollution des âmes ….
Un roman à découvrir, présenté par Philippe Jeanada dans ses jardins d’hiver.
Si Jaenada recommande… et qu’Athalie confirme, je cède volontiers !
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Philou a chaussé ses bottes de grand seigneur sur ce coup là, en expliquant que l’auteur, Guillaume Jean était dans une maison d’édition qui ne s’occupait pas vraiment de la promotion de ses titres. Visiblement, ils auraient été plusieurs auteurs à se liguer pour que ce titre paraisse en poche avec une couverture médiatique correcte. ( certains sont sont évoqués dans un chapitre du livre, pour une virée alcoolisée). J’espère pouvoir contribuer à ma modeste mesure à ce que ce livre soit lu, vraiment. Ce n’est pas de la grande littérature, mais c’est vraiment sympa et l’état du Congo est rudement bien évoqué ,
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Si en plus il y a du voyage…
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Il y en a du voyage, du désenchanté et de l’enchanté … Si tu le lis, j’espère que tu aimeras comme moi, parce que cela pourrait lui donner une visibilité méritée à ce titre !
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On a qu’une envie faire ce voyage avec cet auteur même si la route est bien triste parfois.
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Tu l’as lu ? On dirait, et pourtant je n’ai pas trouvé de note chez toi. La route est drôle, et aussi triste, effectivement. D’ailleurs, il y a un chapitre intitulé Tristes tropiques, et ce n’est pas peu dire que l’auteur aime ce pays, mais avec beaucoup de lucidité.
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Il ne peut-être pas eu la couverture médiatique qu’il mérite mais tu lui offres un joli coup de projecteur.
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Je suis loin de tenir un blog influent ! La plupart du temps, je m’en fiche totalement, mais quand je tombe sur un livre comme celui là, j’aimerai bien avoir des centaines de visites par jours ! Il en vaut la peine, et je comprends vraiment bien pourquoi Philippe Jeanada l’a présenté. J’espère qu’il croisera ta route …
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