Un taqawan est un saumon qui revient pour la première fois dans sa rivière natale, après avoir passé trois ans en mer. C’est un mot indien, de la tribu des Micmacs dont l’équilibre ancestral reposait sur la pêche dudit saumon.
Le taqawan retrouvait sa route à lui grâce à l’odeur des rivières. L’idée est celle des Micmacs, plus belle que la réalité scientifique, sûrement.
Océane a quinze ans, elle est Micmac, et vit sur la réserve de Restigouche, dépendante du gouvernement québécois. Juin 1981, c’est son anniversaire, mais elle n’est pas certaine que sa mère s’en souvienne. Ce jour, commence « la crise du saumon » par une intervention très musclée menée par la sûreté du Québec. Ses agents molestent les indiens qui avaient installé leurs filets de pêche, les déchirent, frappent les pères, les humilient. Un coup de force contre des coutumes ancestrales et une culture amérindienne, déjà réduites à des miettes par l’histoire de la colonisation de leurs terres.
Les Micmacs, en effet, sont reconnus comme légitimes pour vivre dans la réserve, et y subir la misère, mais n’ont pas le droit de pêcher comme ils le veulent dans les eaux du fleuve qui la traverse. Le gouvernement veut leur imposer une nouvelle restriction, ce qui déclenche une forme de résistance de leur part et donc la sanction policière, hors de proportion à partir de laquelle, l’auteur construit son fil rouge, le personnage d’Océane, victime saccagée en marge de l’intervention des forces de l’ordre.
Autour du fil romanesque, l’auteur suspend de courts chapitres, à la fois explicatifs et poétiques qui permettent de mettre un perspective les événements de 1981 et l’importance de la pêche dans la culture des Micmacs. L’animal, la nature, le respect des cycles et des fluctuations des ressources, les légendes et croyances indiennes avaient un socle harmonieux que les colons ont fait disparaître. L’évocation de ce passé indien fait un arrière plan harmonieux d’autant plus contrasté avec les violences historiques et réelles, et celles de la fiction romanesque.
Océane, croise la route de Yves Leclerc, jeune garde forestier qui est venu à la vie sauvage, William Metallic, un ermite indien, qui y est retourné, Caroline, une institutrice de France, qui n’aime pas le froid. Ces trois personnages se font les anges gardiens de la jeune fille mal en point et le fil conducteur se transforme en une course poursuite aux méchants, avec des virages et des revirements quand même un peu difficiles à négocier, entre la délicatesse des chroniques indiennes et les gros sabots d’un roman noir. On arrive à gérer le grand écart, mais ça gâche un peu.
Bonne surprise, ce roman!
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Pas trop une surprise pour moi vu les avis positifs que j’avais survolé, et le commentaire très encourageant de la libraire où je me suis fait le plaisir de l’acheter. Il est très agréable à découvrir malgré le fil romanesque quand même un peu tordu !
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J’ai l’intention de le lire, tôt ou tard.
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Et oui, il croisera sûrement ta route, il est à déguster. Et même que le saumon y apparaît comme une sorte animal totémique, une autre dimension romanesque est toujours possible ! ^-^
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J’ai adoré ce roman, surtout pour sa construction. Dans le paysage québécois, c’était plutôt original et innovateur.
Pour les «gros sabots d’un roman noir»… J’avoue, avec le recul, qu’il a appuyé fort sur la pédale!
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J’imagine que lu de ton côté de l’Atlantique, il a une saveur différente. Il faut bien avouer que la crise du saumon, en 1981, j’étais passée complètement à côté, mais surtout ce que j’ai trouvé passionnant c’est comment ce point de départ est le révélateur de l’ensemble de la situation des Micmacs, de la disparition et négation de leur culture …
Pour l’histoire d’ Océane, j’ai décroché à la toute fin du règlement de compte des justiciers … C’est un peu trop, même si ça passe dans la dynamique de la lecture.
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Emprunté à la bibliothèque, on verra si j’arrive à le caser dans mes lectures estivales…
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Un emprunt, donc pas de souci si il ne se cale pas, mais il se lit très facilement, à peine une petite après-midi de rien du tout … Et le charme opère assez rapidement aussi.
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A force de le voir partout, j’ai fini par m’en méfier… je crois que je vais passer.
Sinon, je suis en panne d’internet, donc ne t’étonnes pas si je ne réponds pas à tes éventuels mails, j’essaie de t’écrire aujourd’hui ou demain depuis le boulot !
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J’avais survolé quelques notes par ci par là … Je ne saturais pas encore, mais presque ! Et puis un passage rituel dans la petite librairie de la presqu’île de Gâvres, un endroit que j’adore, et un coup de pouce de la libraire … Je ne regrette ni mon achat, ni ma lecture !
Pour la LC de Marai, j’ai noté les infos de ton dernier mail, il ne reste plus qu’à caler une date, en fait, je dirais dernière semaine d’août, en plein rush de la rentrée littéraire ?
On sera complètement en décalage ^-^
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Je viens de t’envoyer un mail (depuis le Burger King près de chez moi où je n’avais jamais mis les pieds, mais où j’ai trouvé de la / du -? je ne sais jamais !- wi-fi. Ok donc pour la dernière semaine d’août cela m’arrange…
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les indiens canadiens ont subi de plein fouet les ravages de l’expansion d »une autre culture qui les a réduits à la misère. J’ai envie de lire ce roman je le mets dans ma liste.
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En se focalisant sur une réserve et une culture particulière, ce roman illustre concrètement et clairement cette destruction et ses conséquences. De ce point de vue, il est vraiment intéressant !
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Je découvre ce blog grâce à Taqawan. Je reviendrai.
J’ai humblement collaboré par certains dictons et quelques phrases, j’en remercie l’auteur.
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