L’art de la vie, Karitas, livre 2, Kristin Marja Baldursdottir

Logiquement, ce titre est la suite, et la fin, de l’histoire de Karitas, qui a le malheur de vouloir être artiste peintre, alors qu’elle femme, épouse, mère et islandaise au début du XX ème siècle.

Le premier tome ayant été lu il y a fort longtemps, je ne savais plus trop où elle en était de ses malheurs. Ma note ne m’ayant pas tout aidée (franchement, c’est un modèle de non note …), j’ai jeté un coup d’oeil à un résumé chez babelio et grâce aux contributeurs moins faignants que moi, j’ai pu recoller les morceaux et resituer les principaux personnages avant de m’embarquer dans le encore long périple de l’artiste, qui va devenir aussi femme presque libre.

Sigmar, l’amant, le mari, le toujours parti faire fortune ailleurs, laissant leurs enfants sur ses bras à elle ( trois vivants et la douleur de celui qui a été perdu), celui qu’elle a quitté, qu’ elle a relégué dans le néant … La soeur, Bjarghildur, femme forte traditionnelle mais haute en couleur, qui lui a pris sa fille, alors que Karitas ne pouvait plus résister à ce néant qui allait l’engouffrer … Ses deux garçons, qu’elle a aussi laissés derrière l’avenir qu’elle voulait, et qui forcément sont toujours là,  et reviennent parfois cogner à la porte qu’elle n’a jamais directement fermée, simplement, « ne pas déranger ». Peindre, trouver une matière à elle, pas forcément une reconnaissance.

Autant le premier tome était engoncé dans une Islande revêche, autant celui-ci s’ouvre à d’autres aventures, autant géographiques que romanesques, notamment grâce à la profusion de personnages secondaires, et même l’austère Bjarguildur déploie dans cette suite des qualités de comique involontaire dans le duo explosif qu’elle forme avec sa « dévergondée » de soeur …

Au départ, Karitas s’est établie dans un tout petit village, pour commencer sa vraie solitude. Elle s’est vue confier quelques tâches de dessin , à l’école, ou pour la crèche. Les autres femmes  se cantonnent aux tâches qui leur sont à jamais dévolues, seules deux soeurs un peu plus fantasques tournent autour de la figure de l’étrangère. Karitas se laisse porter par les aléas de ses pinceaux. La vie autour d’elle lui inspire des toiles trop singulières pour être acceptables, même si une première exposition à la capitale dénoue le corset de sa vie islandaise. Et Karitas réusit à partir ( avec un enfant surprise sous le bras quand même …).

A Paris, elle découvre la vie de bohème, elle croise un violoniste surgit du passé. Sa voisine, une peintre portugaise secoue sa froideur nordique, la couleur se fait autour d’elle, elle apprend le mouvement, même si c’est le sien, plus lent et plus puritain. Petit à petit, tout au long du livre, Karitas fait des pas, assume sa solitude, son étrangeté angoissée, refusant les facilités que lui offre Sigmar, dans sa fidélité à épisodes.

Ce sont les voyages, mais surtout les personnages secondaires qui font avancer Karitas, son périple est rythmé et résumé à chaque nouvelle étape par de belles descriptions de ses oeuvres fictives et des commentaires critiques qu’elle provoquent, avec des clins d’oeil qui égratignent une forme de snobisme intello.

Plus alerte que le premier tome, plus allègre, parfois même assez drôle, car même si Karitas n’a aucun sens de l’humour, ses copines s’en chargent, dont la Pia, menteuse, fumeuse, dragueuse, buveuse, et les autres femmes, aussi déclassées, boiteuses que la peintre protège, à moins que ce ne soit l’inverse …

En somme le destin de Karitas a l’attrait d’une saga nordique qui sort des convenances romantiques du genre. Pas mal du tout et mon premier pavé pour le challenge de Brize !

 

 

 

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8 commentaires sur “L’art de la vie, Karitas, livre 2, Kristin Marja Baldursdottir

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    1. Ha tiens, je n’aurais pas pensé que l’on puisse lire le deuxième sans avoir lu le premier ! J’ai eu du mal à resituer certains personnages au début, d’ailleurs et certaines douleurs antérieures aussi. Deux ans après, également …. Alors, tu vas peut-être te lancer dans le premier §

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    1. Décidément, deux ans semble l’intervalle commun entre les lectrices des deux tomes, ou d’un seul…. Ce deuxième tome est plus lumineux, moins formaté saga nordique et dur destin de femmes ,,,, J’ai vraiment aimé les deux mais pas pour les mêmes raisons !

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    1. Ce n’est pas du tout le cas pour ces deux tomes, ils sont vraiment construits comme un ensemble, un peu comme Wassmo le fait dans L’histoire de Dina. Et c’est vrai que j’ai préféré, finalement, le second tome !

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  1. Ce second tome me plairait davantage, je crois. Aifelle l’a lu directement mais tu trouves que c’est dommage ?
    (et sinon, tu as mis le logo du challenge de l’année dernière … du coup j’ai cru que tu t’étais trompée de lien, mais non, on est bien en 2018 ^^ !)

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    1. Ce deuxième tome est moins plombé que le premier, en même temps, je trouve que sans le premier, ben justement, on ne le saurait pas… Maintenant, on peut faire confiance à Aifelle !
      Quelle nouille pour le logo ! Je vais tenter de le rechopper chez toi, mais ma connexion ici est laborieuse …

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