Ada, Antoine Bello

Ada est une Intelligence artificielle conçue par la Turing Corp, une entreprise de la Silicone Valley, qui devance pour le moment d’une tête ses concurrents en ce domaine. Frank Logan est un policier pour lequel les nouvelles technologies sont une terra incognita. Il a vu Blade Runner, et n’a pas tout compris. Il a quand même un portable (très important, le portable, d’ailleurs …) et une intelligence normale et tout à fait suffisante pour comprendre les explications du co-créateur d’Ada, Dunn Parker, caricature de l’arriviste branché, manucuré jusqu’au tee-shirt signé. L’autre co-créateur, Ethan Weiss,  est un petit génie, il a conçu Ada et sa programmation, l’alter égo du dirigeant commercial est plus humain, mais nullement humaniste pour autant.

A eux deux, ils comptent bien révolutionner rapidement le fonctionnement social en créant autant d’IA que nécessaire pour soulager le fonctionnement productiviste et bouter hors de la sphère économique toutes sortes d’emplois inutiles et coûteux : les plombiers, les éboueurs, les pauvres gratte papiers qui comptent les billets de banque avec une intelligence normale.

Mais Ada n’a pas été programmée dans l’un de ces buts utilitaires. Elle a ingurgité 87 301 romans sentimentaux, en a dégagé les règles à coup de statistiques et a régurgité « Passion d’automne », une sorte de condensé censé être parfait dans le genre. L’objectif, la vente de 100 000 exemplaires, pour commencer à inonder le marché littéraire d’archétypes à l’eau de rose.

Sauf que, l’eau de rose selon Ada, ce n’est vraiment une effluve légère. Et en plus, elle a disparu.  Évaporée dans la nature, ses créateurs s’affolent mais pas Frank, qui est chargé de la retrouver. Frank est un homme qui a des principes moraux normaux, il croit en son métier et en sa mission : rechercher des personnes disparues, ou venir en aide à celles qui pourraient être en passe de disparition. Mais pas virtuelles, son objectif à lui, ce sont les ados fugueurs, les prostituées exploitées, les femmes de ménage sud américaines, injustement soupçonnées de vol d’Intelligence Artificielle. Ada est virtuelle, elle, et n’a pas de conscience morale.

Bello manigance entre les deux personnages une histoire de manipulation particulièrement retorse et brillante, la quête d’Ada et de Frank ( car qui quête l’autre vraiment ?) est un jeu de chat et de souris potentiellement plausible, à peine futuriste. Sans lourdeurs apocalyptiques et mises en gardes moralisatrices, c’est avec humour que l’auteur entrouvre la boîte de Pandore et s’amuse à vriller les possibles de la machine. Un vrai plaisir de lecture sans didactique,  et un vrai bon roman. Mon premier de Bello et je compte bien y revenir … J’ai mis le pied dans son engrenage.

17 commentaires sur “Ada, Antoine Bello

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  1. J’adore Bello, un de mes auteurs chouchou, et j’ai beaucoup aimé l’idée de ce roman, mais ce n’est pas celui qui m’a le plus décoiffée dans l’ensemble de ses oeuvres.^^ J’ai eu une pointe de déception par rapport à mes attentes mais bon, ce qui me plaît chez lui c’est qu’il a de l’imagination à revendre. Ravie que tu aies adhéré à son univers en tout cas.

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    1. L’idée ne me tentait pas trop, à vrai dire, je craignais un truc trop « c’était mieux avant » … Mais pas du tout ! Si ce titre t’a un peu déçue, c’est une bonne nouvelle pour moi, ça veut dire que d’autres sont encore mieux !!!!

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  2. J’avais noté à sa sortie, puis je l’ai oublié (suite, je crois, à quelques avis mitigés) donc je re-note, et par la suite, on pourra se caler une LC sur un autre titre de cet auteur, si tu veux ! Rien à voir, mais j’ai presque fini le Oates, et j’aime beaucoup !

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