Par le vent pleuré, Ron Rash

Bill et Eugène sont frères, seulement voilà, Bill est l’aîné, ce dont Eugène, le narrateur,  lui tient toujours quelque peu rigueur. Sans compter qu’ils n’ont pas vraiment tourné pareil ; Eugène carbure au whisky sans discontinuer depuis tellement de temps qu’il a arrêté de se dire qu’il aurait pu être écrivain. Bill est chirurgien, un homme fiable, humanitaire, qui pourrait tendre la main à son frère si ce dernier ne jouait pas si bien le rôle de looser.

Entre les deux, un été, celui des quinze ans d’Eugène, est apparue une jeune fille, Ligeai, sur la berge de la rivière où les deux frères échappaient, un moment, à la férule de leur grand père médecin.

Celui-ci, après la mort de leur père, a établi un protocole d’éducation à voie unique, qu’ils filent droit entre la messe et les diktats moraux imposés, autant à eux qu’à leur mère. En échange, un avenir assuré de chirurgien pour l’aîné qui a l’équilibre voulu entre l’œil et la main, pour le cadet, c’est plus flou … Et la rencontre avec Ligeia va le faire voler en éclats. Elle le fascine, tout droit sortie d’une expérience Peace and love, elle  a le love très libre, elle est le fruit défendu. Elle accorde ses faveurs aux deux frères, sans rancune. Mais alors que l’aîné se reprend, le cadet se fond dans le soleil artificiel de Ligeia, pourvoyant aux besoins de défonce de la belle en piochant dans les réserves du grand père.

Quarante six ans plus tard, la pluie libère du flanc de la colline une bâche bleue et le squelette qui était dedans.  » Alors commença le châtiment » dixit Dostoïevski que Ron Rash cite en exergue du roman.  Bon, soit, le récit rétrospectif est bien mené, mais la tension que sait si bien construire l’auteur, notamment dans Un pied au paradis et Une terre d’ombre , est un peu plus pâlichonne, peut-être parce que les personnages sont  figés dès le départ ou que la bâche bleue ne tient pas toutes ses promesses et ne cachait qu’une souris …

16 commentaires sur “Par le vent pleuré, Ron Rash

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    1. Pas le meilleur non plus non plus à mon avis, et finalement, je suis en train de dire que je suis d’un illogisme total, je critique les titres, et Ron Rash est dans mes auteurs chouchous ! Faut croire qu’il touche quand même quelque chose à chaque fois …

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    1. Mes deux titres préférés aussi, la Séréna, elle m’a agacée, femme fatale aux trop gros sabots. Par contre, pour les deux autres titres, aucune réticence, la construction tragique est étouffante à souhait et complètement prenante. Dès la première page, tu plonges.

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    1. J’avais bien aimé aussi ses nouvelles, mais j’ai toujours un mal de chien à faire une note sur un recueil, du coup, je n’en ai pas gardé vraiment de souvenirs précis. Et une terre d’ombre, c’est très bon, dans le genre engrenage tragique. Je suis quasi certaine que tu vas y retrouver ton compte !

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    1. Les mêmes préférés que moi … Et ravie de ton agacement. La séréna, une femme fatale aux gros sabots, quand même. Tu as l’impression que l’auteur l’a calibrée. Ligéia a un peu de ça aussi, mais elle prend moins de place, la pauvre ….

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