Ce personnage se nomme Paul, fils de famille nombreuse dont les membres sont dispersés à veau l’eau. C’est le père qui a commencé le premier en disparaissant brusquement de la grande maison familiale, après avoir vidé les comptes bancaires. Il a été retrouvé mort, cinq ans plus tard, en Malaisie. Aucun des enfants n’a souhaité faire rapatrier son corps.
Odd, le jumeau de Paul, est resté vivre dans la maison : vingt pièces, entourées d’un parc d’orties, lui même entouré d’une campagne aussi rase que triste, d’une tristesse plate et agricole. Une tristesse avec tracteur et piscine municipale accolée au cimetière.
Odd se voulait artiste et quand commence le roman, visiblement, il a échoué à se trouver un avenir. Paul a reçu de lui une longue lettre, annonçant qu’il allait disparaître, à son tour. Si Paul revient dans la maison, ce n’est pas pour comprendre cette fuite, mais pour vérifier qu’un certain robinet de lavabo a bien été purgé. Ca la tracassait Odd, même dans sa fuite. Paul fait donc trois cent kilomètres, et se retrouve coincé dans la maison désertée et glaciale.
C’est l’hiver, il neige, la voiture est ensevelie et Paul se tient là, embrumé par un rhume, dans une sorte de torpeur lymphatique d’où émergent des traces de souvenirs désordonnés. Entre une brique de soupe, une boite de maïs, un café à l’eau gazeuse ( l’eau ayant bien été coupée, comme l’électricité, d’ailleurs), ses dolirhumes, ils flottent autour de lui, engoncé dans le canapé, sous un plaid, avec la vieille robe de chambre de son père. Il y aura bien une sortie, et une piscine, et un tracteur, mais là, on ne peut rien en dire (ce n’est pas non plus qu’il s’y passe vraiment quelque chose …)
Un personnage en décalage, qui peine à secouer la famille et son histoire qui lui pèse, même si finalement, s’esquisse comme une nouvelle voie, une fois la neige fondue, les images sépia écartées, avec la nostalgie de ce qui aurait pu être. L’écriture porte cette histoire vague et elliptique, elle cherche dans le recoins du tragique de quoi faire sourire en coin, entre les mots. C’est drôle comme un trente sixième degré où le morose se sort du marasme au bout de phrase.
Bref, j’ai adoré. Bon, j’adore Echenoz, aussi, ça aide pour le trentième degré que l’on sait que c’est drôle, mais qu’on ne sait pas pourquoi, ni comment, d’ailleurs …
Ta conclusion est surprenante car je me suis demandé pourquoi tu avais adoré. À la lecture de ton billet ce n’est pas évident.
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J’ai adoré effectivement, mais il est difficile d’expliquer vraiment pourquoi en fait ! parce que l’histoire résumée ne dit rien de folichon. Tout tient dans l’écriture et dans les non dits, aussi. Keisha avait fait un billet sur ce titre, peut-être qu’il te parlera plus que le mien ?
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Il est dans ma PAL. J’ai aimé tout ce que j’ai lu de cette auteure et elle est très sympa en plus (rencontrée une fois pour une lecture de son texte).
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C’est le premier titre que je lis d’elle, mais je ne vais pas tarder à aller me ravitailler en librairie ! Il est très court, et j’en veux d’autres des comme cela ! L’auteure sourit-elle quand elle se lit ? Je l’imagine ainsi, en tout cas.
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J’en ai enchaîné deux de l’auteur (plus rien sous la main, snif) j’aime ces trucs là au trentième degré…
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J’ai pêché ce titre chez toi, tu penses bien … Les textes au trentième degré, c’est (parfois) aussi mon truc. Mais avec l’ écriture doit aller avec, et ici, c’est le cas.
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Ce n’était pas elle qui lisait, mais Fanny Cottençon. J’avais aimé pouvoir discuter facilement après avec Véronique Bizot, très souriante et disponible.
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La voix de Fanny Cottençon devait aller parfaitement à ce texte, une touche de piquant dans l’innocence, c’est tout à fait cela … Tu as dû passer un beau moment !
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Quand tu adores ça titille toujours ma curiosité !
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Et ce titre là, je suis quasiment certaine de mon conseil pour toi ! C’est décalé comme tu aimes, peut-être une certaine mollesse dans la fesse droite, mais ça devrait passer !
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