Le seul reproche que j’aurais fait à ce titre (mis à part son titre qui sonne comme une mauvaise autobiographie de gare …) a été mis à mal par la lecture de la postface, ce qui fait que, à mon avis, c’est par là qu’il faut commencer, et ce qui fait aussi, que je n’ai plus aucune réticence à m’être laissée prendre à cette histoire de sexe, d’amour, de sang, de larmes, et de liberté. Il y a parfois un arrière goût d’eau de rose et d’épopée, mais c’est trop bon …
La trame de l’histoire du personnage principal, Shim Chong, est faite de ventes successives, d’elle même et de son corps, dans un extrême orient dont le roman entrouvre les méandres à la fois raffinés, cruels, chaotiques .. Elle est arrachée à son père, misérable aveugle. De fille de mendiant, elle devient concubine d’un riche vieillard impuissant, puis, à sa mort, maîtresse presque officielle du fils. Trafiquant d’opium, il dirige une maison de plaisir où Shim Chong gravit les échelons de la prostitution, apprend à en maîtriser les codes, avant de tomber amoureuse d’un musicien itinérant … Et ce n’est que le début … Car elle tombe, elle remonte, elle se vend, ou est vendue, ou se donne, se vend sans âme et se donne avec.
A chaque étape, elle rebondit, droite et fière, et si elle pleure parfois, c’est en jurant de se venger et d’un jour, être libre. Elle patauge dans la fange et parfois en sort, en jouant sur ses atouts de belle femme qui s’est éduquée en art érotique et musical et sait en jouer pour toujours en tirer une épingle du jeu.
Le personnage incarne une idée, une seule, la liberté, une forme d’indépendance possible dans les contraintes, c’est ce qui lui donne ce côté un peu mécanique qui peut intriguer, un stoïcisme à toute épreuve, peu crédible vu toutes celles qui lui tombe sur le destin. C’est là où la postface donne la clef : le personnage vient d’une légende coréenne, un mythe dans l’imaginaire coréen et le roman en est une réécriture modernisée et ancrée dans une dimension plus historique et sociale que magique, même si il en reste quelques traces, par ci par là, ce qui ajoute au charme prégnant de cette fresque atypique.
Les étapes du parcours chaotique du personnage permettent les tableaux de la réalité violente et cruelle de l’extrême orient du milieu et de la fin du XIX ème siècle, des tensions économiques et politiques, que provoque les poussées de l’impérialisme occidental. Nankin plonge dans la guerre de l’opium, les remous de Formose et de sa pègre sont des refuges confortables pour d’autres intérêts, alors que sur l’échiquier politique qui se délite, façon puzzle, le Japon étend son emprise.
Une lecture passionnante, romanesque jusqu’au bout des petits ongles de Shim Chong, qu’elle doit avoir fort beaux. Je me dois donc de remercier ma tentatrice, qui de derrière sa pile de livres des éditions zulma, m’a fait craquer pour trois de ses coups de cœur. Ce premier titre ne serait jamais venu me tenter (à cause de son titre) sans sa conviction sincère ! Comme quoi, on peut vendre des livres mais pas que …
Le fait est que le titre fait craindre le pire. ^_^
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A se demander pourquoi les éditions Zulma l’ont retenu, il a dû nuire au livre.
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Est-ce un effet du titre, il est disponible dans les quatre biblis où il a été acheté… pourtant il semble assez récent non ? Bref, c’est noté !
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C’est titre peu vendeur ! et le quatrième n’aide pas non plus. L’aspect légendaire n’est pas du tout mis en avant, c’est pourtant ce qui fait tout le charme du teste qui a un côté très exotique un peu brut …
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Je l’avais déjà noté, en reculant devant le thème. Tu vas peut-être me faire aller de l’avant 😉
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J’espère que comme moi, tu te laisseras convaincre ….
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J’en garde un très bon souvenir de lecture, une lecture captivante, un moment de lecture fort, même si je me souviens aussi avoir été perturbée par certaines descriptions ou personnages, ou événements (par un truc quoi – ma lecture remonte^^).
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Je comprends la perturbation, on se demande parfois si on est dans l’historique, l’eau de rose, le fantastique, voire le merveilleux. Il n’y a pas les signes de genre ou de changement de ton auxquels on est habitués. La postface éclaire ce qui pourrait sembler être des défauts ou des manques.
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