La saison des feux, Céleste N.G

Le roman repose sur un principe binaire, il prend deux familles que tout oppose, les valeurs, le nombre, le passé et le présent, et fait brûler le torchon.

Il brûle d’ailleurs dès le départ puisque l’histoire commence par l’incendie de la maison d’une des deux familles, celle des riches, les Richardson, famille modèle américaine de la middle class, la demeure à la façade blanchie derrière les pelouses bien vertes, sauf qu’il y a de sacrées saletés sous les tapis. Pas de grosses saletés, de celles qui font des bosses, non, des tas de petites saletés qui s’accumulent, de celles qui font les départs de feu.

Les Richardson sont presque caricaturaux : la mère est journaliste dans la feuille de choux locale, accro aux bonnes nouvelles, aux bonnes œuvres, aux bonnes actions, et aux bonnes pensées, le père est avocat, il rentre le soir et c’est à peu près tout. Les enfants sont parfaitement lisses, Mody, c’est le beau gosse sportif, qui attire à lui les jeunes filles papillon, Lexie, c’est le prototype de la jeune fille populaire au lycée, et après, il y a Trip, un peu plus torturé, moins calibré, et surtout, il y a Izzy, le vilain petit canard, « la dingue » disent ses frères et soeurs, et ma foi, la mère n’est pas loin de le penser aussi. La petite dernière se permet des prises de position peu conformes : genre des doc Martin au lieu des tennis.

Face à ce bloc de certitudes et de valeurs saines, ou presque, le roman place les Warren qui ne sont que deux, la mère, Mia, et la fille Pearl, unies et fusionnelles. Mia est artiste, photographe et plasticienne, et vagabonde. Depuis son enfance, Pearl  et elle suivent la route des envies de création de Mia : un lieu, un projet et elles repartent. Pearl n’a pas connu de lycée ou de vraies maisons de longue durée. Mais cette fois ci, Mia a promis, elles vont s’installer.

Et c’est grâce à la bienveillante curiosité de madame Richardson pour cette famille très incongrue pour elle que la mère et la fille vont s’installer dans un pavillon de location, propret, avec pelouse arborée quand même et des horaires pour sortir les poubelles. Les Richardson résidant dans la banlieue chic, la cohabitation n’a pas de raison de devenir explosive. C’est sans compter sur les adolescents ….

Les feux partent doucement en vrille, des petits départs de feu que l’on ne voit pas se mettre à ronfler, multiples, ils finiront par converger … D’attirances en incompréhensions dans une ville marquée par les règles fondatrices de Shaker Heights :  » Les changements n’arrivent pas tous seuls, il faut les planifier », devise que madame Richardson maitrise de moins en moins, les adolescents étant souvent attirés par leur contraire et les terra incognita, les artistes étant souvent rebelles aux conventions morales qu’elle a l’habitude de considérer comme allant de soi. Ainsi, l’adoption d’un bébé abandonné, un bébé asiatique dans une famille blanche, peut être un détonateur et révéler que la générosité est à double fond.

Rien de bien nouveau, donc, dans ce roman, sur l’illusion du rêve américain et les carcans du puritanisme social, cependant, malgré le caractère quelque peu stéréotypé du récit et des personnages, bien rangés dans leur case, la mise en place des conflits et la montée de la tension sont plutôt finement brossés dans le sens du poil.

8 commentaires sur “La saison des feux, Céleste N.G

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    1. Peu d’enthousiasme, effectivement, un roman trop classique dans sa construction binaire et sans véritable suspens, puisque tout en dit dès les premières pages. J’espérais un retournement de situation, et bien, non !

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    1. Les personnages sont bien campés sur leur ligne, c’est sûr, mais il n’empêche qu’ils sont accrocheurs, la mère Richardson est pas mal en donneuse de leçons et certitudes morales qui justifient les injustices et les entourloupes du « droit chemin » !

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