La saga des migrants, « Au pays », Vilhelm Moberg

S.V.Helander, Emigrants, gravure du XIXème siècle

Les migrants partent du Smaland, province du sud est de la Suède pour les Etats Unis d’Amérique. Pour certains, c’est un rêve, pour d’autres, une fuite. Ce sont les premiers d’une longue liste, qui videra leur contrée au fur et à mesure des années.  Ils ne connaissent pas grand chose du « Nouveau monde », ils n’ont jamais vu un bateau, jamais vu la mer, seulement voilà, la misère ne leur laisse pas le choix.

Le groupe est composé de seize personnes, sept adultes, des fermiers, dont un solitaire qui fuit sa femme,Jonas Petter, fin connaisseur des crimes et vices de la gente féminine en général, dont il collectionne les anecdotes. Il est une sorte de pièce rapportée en dernière minute.  La famille la plus nombreuse est les Nilson. Le petit frère, Robert, dix sept ans, fuit la condition de valet de ferme, la seule qui lui est possible en ce XIXème siècle où règne la loi des maîtres, des pasteurs et du roi, c’est-à-dire les coups, les punaises, les ordres, l’ordre immuable de l’état domestique,. Il est le seul à avoir quelques connaissances sur le nouveau monde qu’il a a piochées dans « La description des Etats Unis d’Amérique », livre qu’il a tellement lu et relu qu’il est sa nouvelle Bible, même si,  à nos yeux de lecteurs avertis, la description semble peu fiable et très angélique. Robert a convaincu son compagnon de servitude, Arvid, que le pays de la liberté était celui de l’égalité, que les maîtres travaillaient avec leurs serviteurs, et que là bas, aucune vieille maîtresse acariâtre ne pourrait lui ruiner son avenir amoureux à coups de rumeurs malfaisantes.

C’est une Amérique idéalisée par son jeune frère, ouverte, fertile, riche en terres, que Karl Nilson, vingt sept ans, et sa femme Kristina, vingt cinq ans, veulent pour leur trois enfants. Ils ont déjà enterré une de leur fille, alors tant pis pour les quelques hectares dont Karl avait hérité, des hectares arides que son père avait dépierrés pour permettre au seigle de pousser, à condition qu’il ne fasse ni pour chaud ni trop froid, ce qui fait que ce n’est jamais assez pour repousser la faim assez loin.

Danjel et Inga, eux, ont été touchés par la grâce de Jésus Christ ( enfin, surtout lui). Le fils de dieu s’est présenté un soir à la porte de leur ferme et depuis Danjel s’en remet à lui pour toute chose, comme apprendre l’anglais, éviter le mal de mer, trouver le bonheur dans la foi et la paix de l’autre côté de l’Océan, puisque le pasteur de la foi officielle ne les laisse pas prier tranquilles. Ulrika, une femme de mauvaise vie, et sa fille, Elin, seize ans, aussi silencieuse que sa mère est virulente, suivent leur sillage.

Dans ce premier tome sont racontées les circonstances qui à la fin, les laissent devant la Charlotta, à regarder la mer, en se disant, que, quand même, ils avaient imaginé le voilier de la liberté beaucoup plus grand …. Première désillusion d’une série qui risque d’être conséquente, vu la dose de rêves que les migrants vont embarquer sur le navire, avec les coffres qui contiennent leur misère.

En lisant les titres des tomes suivant : La traversée, La terre promise, Les pionniers du Minnesota, Au terme du voyage, on comprend que l’on part pour une série assez balisée, mais cela n’enlève rien à l’envie de savoir si Elin va enfin parler à Robert, ou si le Jésus Christ de Danjel va vraiment faire marcher ses disciples sur l’eau.

 

14 commentaires sur “La saga des migrants, « Au pays », Vilhelm Moberg

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    1. Je l’ai commencée suite à de nombreuses références positives sur les blogs, je ne sais plus trop lesquels d’ailleurs, car ce titre était noté dans les premières pages de mon carnet, celui où je consigne les conseils de lecture depuis 10 ans que je tiens ce blog !
      Ce premier tome est vraiment intéressant. .

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    1. C’est une saga, soit, mais le premier tome est vraiment court, et je crois que les autres aussi. Donc, on est dans un temps de lecture très confortable, je trouve, pour moi qui cours partout en ce moment, c’est parfait.

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  1. En ce moment je lis des nouvelles « la tombe aux boeufs » qui racontent la pauvreté de la Suède au 19 ième siècle et début du 20 ième. Je comprends qu’on veuille émigrer.

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    1. Ce premier tome l’explique très bien aussi, on a l’impression d’une plongée dans l’histoire, mais ce n’est pas trop explicatif, et les personnages qui migrent sont si différents qu’on a vraiment envie de les suivre.

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  2. J’ai littéralement dévoré cette saga quand je l’ai lue. Dès le premier tome, on est transporté avec les Nilsson. Je ne peux que te conseiller vivement de lire les autres (le second est peut-être le moins bien, mais tout est relatif). Un excellent moment de lecture en perspective 🙂

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    1. Les Nillson sont clairement au centre de l’histoire dès le premier tome, mais franchement, j’ai bien envie aussi de savoir ce qui va arriver au pasteur, J’ai bien peur que la traversée ne soit rude pour lui. Et merci de me prévenir pour le second tome, parce que ça va m’viter d’être déçue et de ne pas poursuivre …

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  3. J’allais dire, c’est très courageux de ta part de te lancer dans cette grande saga, j’aurais bien aimé aussi car le sujet et le contexte m’intéressent, mais bon, peine perdue pour l’instant, et puis j’ai vu dans les commentaires que chaque tome ne serait pas si long que ça ? Hmmm voilà qui pourrait me motiver à me lancer !

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    1. Je n’ai pas trouvé le nombre de pages pour tous, , mais je suis certaine que le premier est très court, 288 pages, le second 280 … Le troisième plus de 500, par contre … en s’organisant bien, on passe l’hiver tranquillou …

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