
Lorsque le jeune Dubcheck arrive à Twenty Mile, il ne possède qu’une vieille pétoire inutilisable, héritage pesant de son père, par ailleurs décédé, comme sa mère, en des circonstances troubles dont l’éclairage varie au fil du roman.
Le jeune homme provoque l’émoi dans cette ville vouée à devenir fantôme. les quinze habitants n’ont pas vu un étranger depuis les dix dernières années. Ils vivent au rythme des bordées de deux jours que les mineurs viennent se prendre dans le bordel (trois putains seulement), l’auberge (repas unique à prix fixé sans négociation), les bains, (propreté réduite) , et parfois, les hommes font le détour par le bazar. Ce sont les deux jours où la rue principale s’anime, mais la mine est de moins en moins prolifique, même si les mineurs boivent toujours autant.
Dubcheck est bien décidé à faire son trou à Twenty Mile, d’habitants en habitants, il commence à se construire une identité floue. ses noms et surnoms varient entre les différentes présentations : Mathews, Bradford Chumms, car c’est le nom du créateur de son idole, le Ringo Kid. Le surnom de Ringo est celui qui va finir par s’imposer. Comme lui s’impose aux commerçants, d’extrapolations en petits mensonges, il leur escroque les petits boulots dont il a besoin pour se trouver une place, alors que nul n’a besoin de lui.
Naïf, roublard, aimable, serviable, idéaliste, manipulateur, le personnage semble ne pas disposer d’un passé fiable et digne de confiance, pourtant, la communauté disparate, méfiante ou amusée, lui donne une chance. les putains le regardent d’un bon oeil, BJ Stone et son compagnon métis Cherokee lui réchauffent une tasse de mauvais café, même si le vieux Stone, ex-instituteur, a plus d’appétence pour la richesse stylistique de la littérature romaine que pour celle des albums dessinés de Ringo kid. La belle et douce Lilian, fille du patron du bazar, le couve auprès de son père pour qu’il lui accorde gîte et couverts. Seuls les affreux sales et méchants tenanciers de l’auberge ne se laissent pas attendrir par ses manigances aimables.
Ce sont ces personnages, une fois bien campés, qui vont être le public et les acteurs de la pièce cruelle et violente que va leur faire jouer un criminel illuminé, un psychopathe adepte d’une Bible immorale, une incarnation du mal, Lieder, servi par deux complices stupides et sadiques. Lieder arrive à Twenty Mile au bout d’une cavale meurtrière, et il veut ici se remplir les poches avec le minerai du train des mineurs. Quand il impose sa loi sur la ville, il reste trois jours avant l’arrivée du train, trois jours pour sauver sa peau en passant du côté de la loi du plus fort, ou trois jours pour la renverser. La loi du Ringo kid pèse peu de chose face à la saleté de l’âme humaine.
Un roman vraiment extraordinaire, très loin des westerns de grands espaces et de chevauchées fantastique, un roman tord boyaux, qui a quelque chose de cette sueur sans pitié qui coule des veines des vrais méchants, des brutes et des truands.
Un western de l’âme, particulièrement touchant.
Mais ça a l’air épatant, c’truc là ! J’ai lu un titre de Trevanian, il y a longtemps, plutôt dans le genre espionnage, et j’avais bien aimé.. c’est joli, « western de l’âme »..
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C’est très un très bon western atypique, à lire avec un harmonica en fond sonore …. Je n’ai rien lu d’autre de cet auteur, je vais aller farfouiller en librairie bientôt, je verrai si j’en ramène une aussi bonne pioche.
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Typiquement le genre de western que j’adore dévorer !
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Il est pour toi ! J’en suis certaine.
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Je n’ai lu qu’un roman de cet auteur, mais qui m’avait scotché. Il faut que j’en lise d’autres.
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J’ai cru comprendre que c’est un auteur culte pour certains lecteurs. En tout cas, rien que ce titre me fait adhérer à une prochaine lecture !
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