Le paquebot est le sanatorium d’Aincourt dans le milieu des années 50. Lorsque Matilde y retourne, il y a cinquante ans que son père est mort, en 1962. Pour la vieille dame que Matilde est devenue, le pèlerinage est d’autant plus sinistre que le bâtiment n’est plus qu’une ruine. L’ouvrage fut pourtant de ceux dont on attendait le miracle de la guérison de la tuberculose. Cela fut sans doute le cas pour certains de ces pestiférés contagieux condamnés à l’exil et à la misère. Mais Paulot, le père de Matilde, en est mort et la tuberculose fut aussi la fin de l’enfance.
Paulot était cafetier comme d’autres sont curés. Le Balto était son église. Il y faisait danser sa fille aînée, Annie, alerte, élancée, les jambes gainées et le corsage accorte. Avec eux, au son de l’harmonica, tournent tous les autres clients. Matilde est la seconde fille, en remplacement d’un fils mort. Annie, la mère, n’a d’yeux que pour son si séduisant mari, si joyeux et généreux. Matilde, dans l’ombre, regarde tourner la vie. Et choisi son rôle, garçon manqué. Elle prend les risques qu’il faut afin de recevoir les torgnoles que ses escapades méritent. Le Balto, c’est l’univers de son père et toute la famille, le dernier fils y est né, c’est le royaume de son père et si elle n’y est pas princesse, il est son dieu.
Puis, rapidement, le bacille fait chuter Paulot, et les têtes se détournent, la famille est éclatée par le manque d’argent, la mère vacille, à son tour, et le rêve s’écroule, le royaume prend l’eau, sans les flonflons et le meneur de jeu.
Matilde, le petit gars de Paulot, refuse le naufrage et porte haut les vestiges de ce qui n’a pas pu être sauvé, en lutte radicale, solitaire, extraordinaire d’amour et de ténacité.
Mais l’intérêt du roman, au delà du personnage et des sentiments, vaut aussi par le tableau d’une époque, les années cinquante, les flonflons du 14 juillet, les lumières du bal, les accords des vieilles rengaines, la valse frou frou en bandoulière. Il est aussi un roman d’apprentissage, d’une ouverture au monde, Matilde traverse les dancings, mais aussi la guerre d’Algérie, puis ouvre les yeux et regarde. Accrochée au village de son enfance, elle se prépare l’envol.
Lu il y a un bon bout de temps, j’avais beaucoup aimé. Je n’avais jamais vu la photo… c’est vrai que ça ressemble à un paquebot… je n’avais pas réalisé!
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J’ai traîné des pieds pour le lire, une amie me l’avait prêté, comme c’est une grande lectrice et qu’on a pas mal de goûts en commun, je lui avais fait confiance, mais bon, ça me paraissait plombant, et puis non, en fait, j’ai vraiment bien aimé mais surtout parce l’histoire dépasse celle de la maladie et devient plus sociale qu’intime.
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Lu à sa sortie et beaucoup aimé.
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Pourquoi est-ce en ruine? Cette auteure ne m’a pas encore convaincue mais elle plait beaucoup à mon club.
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Ben disons que quand il n’y a plus eu de tuberculeux, ce lieu n’avait plus de raisons d’être. j’ai regardé sur la fameuse encyclopédie en ligne son histoire, de ce paquebot, elle est assez fascinante. Mais bon, je suis assez accro à l’histoire des lieux, c’est un truc qui me parle.
Et pour l’auteure, je ne suis pas complètement fan, mais là, ce livre m’a parlé.
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Je l’ai lu surtout parce qu’il se déroule en partie à la Roche Guyon, un coin que je connais bien et ça m’a rappelé complètement l’époque de mon enfance. Pour Luocine, un projet est sur les rails pour le « paquebot » à l’abandon : https://actu.fr/ile-de-france/aincourt_95008/val-doise-lancien-sanatorium-daincourt-transforme-124-logements-luxe-dici-2023_22279563.html
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C’est le projet retenu, finalement ? des appartements de luxe … C’est plutôt étonnant mais on peut supposer que les responsables savent ce qu’ils font. L’architecture évoque bien un paquebot en tout cas, dans un piteux état pour l’instant.
je n’ai pas connu cette atmosphère de village autour du Balto, mais elle m’a bien plu quand même, elle est est très cinématographique, j’ai trouvé.
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Je crois qu’il est dans mon Atlas des mondes fantômes.
Mais Mathilde? On donnait beaucoup ce prénom à cette époque?
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J’ai douté du prénom de l’héroïne, du coup, mais non, c’est bien Mathilde, avec un h …
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Il y a la Mathilde de Brel (celle qui est revenue..)
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J’avais beaucoup aimé. Par contre le sujet de son dernier sorti cet automne ne m’attire pas du tout.
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J’avoue que je n’y ai pas fait attention, vu que ce n’ai pas une auteure que je suis. Ce titre là est arrivée dans mes mains par une amie qui est de bon conseil, et il m’a beaucoup plu aussi, finalement ! Comme quoi, c’est bien aussi de se laisser surprendre …
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C’est ce qu’il me reste de cette lecture : cette ambiance années 50.
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Une ambiance un peu surannée, très bien rendue.
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J’avais bien aimé mais ce n’est pas mon préféré de cette auteure. Kinderzimmer ou son dernier m’ont davantage enthousiasmée.
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Je n’ai lu que Kinderzimmer auparavant, j’avais trouvé que ce titre sonnait très juste, notamment dans ces réflexions sur la difficulté de dire l’expérience concentrationnaire. Après, j’ai lu Banquises, et comme je suis têtues Qui touche à mon corps, je le tue, deux titres qui me sont tombés des mains …. Alors le dernier, je ne sais pas, je vais attendre.
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J’avais beaucoup aimé aussi, mais apparemment pas tout à fait pour les mêmes raisons que toi : c’est de l’héroïne que je garde finalement le souvenir le plus marquant… J’avais eu l’occasion d’écouter l’auteure à Lire en poche, elle est passionnante !
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Mathilde, l’enfant courage, comme on dit la mère courage, c’est un personnage dont la volonté est impressionnante. Savoir que la fiction s’inspire d’une réalité lui donne encore plus de force.
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