Possédées, Frédéric Gros

1623, Loudun est encore une place forte, avec des remparts et un donjon, remparts qui abritent un foyer du protestantisme. Même si il est peu actif, relégué à l’impuissance des vaincus , le pouvoir du Louis XIII et de Richelieu  le voit quand même d’un mauvais œil. Mais ma foi, tant qu’il ne se passe rien à Loudun, c’est supportable.

Tant qu’un homme de lettres, Scévole de Sainte Marthe, entretient dans son salon les flammes de l’humanisme éclairé, et reste le protecteur de la ville et le protégé des puissants par sa notoriété, Loudun peut encore faire sa fière. Son libertin de curée, Urbain Grandier, peut encore dormir sur ses deux oreilles et dans ses draps fins, en douce compagnie.

Mais en mars 1623, Urbain Grandier administre l’extrême onction au vieillard, sonnant le glas de la bonne société et de la tolérance. Les rumeurs se lâchent et la bêtise des hommes petitement ambitieux fait alliance avec le diable, et la haute politique pour abattre l’homme qui a fauté. Et avec lui, les sceptiques protestants, et tout ce qui résiste en gros.

L’alliée qui permet de pourchasser l’iconoclaste prononce ses vœux de religieuse aussi en 1623. Jeanne de Belciel est pleine de rancœur et cherche une revanche à prendre. Bossue, laide, acariâtre, dévote exaltée, elle est avide de pouvoir et d’extases mystiques. Son rêve est de devenir une nouvelle Thérèse. La fièvre mystique lui brûle les reins, elle frémit de la beauté promise de la jouissance de dieu, et de la toute puissance que les transes lui donneraient sur un couvent. La supérieure des Ursulines de Poitiers s’inquiétude de ce zèle. Jeanne est éloignée, à Loudun.

Et la danse macabre des fourberies du vice et de la vertu peut commencer.

Le roman est linéaire, classique dans sa facture de roman historique et d’une écriture simple et fluide. Il démêle très clairement l’efficacité de la conjoncture. Une fois Jeanne et Urbain dans la même ville, le hasard et la manipulation politique et religieuse vont permettre le lissage normatif voulue par la monarchie, qui est en train de devenir absolue. le curé de Loudin est fait diable pour les besoins de la cause, une victime opportuniste montrant  la dangerosité de l’alliance des croyances obscurantistes et des intérêts politiques pour celui pour qui dieu était plutôt clémence.

PS : je ne sais pas pourquoi, mais finalement,  en relisant ma note avant publication, j’ai comme l’impression que ce roman est furieusement actuel, non ? ^-^

 

 

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6 commentaires sur “Possédées, Frédéric Gros

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    1. Il ne m’a pas mise en colère, parce que au moment de la lecture, je l’ai pris vraiment comme un roman historique, ce qu’il est, d’ailleurs. Ce n’est qu’avec le recul de la note que je me suis aperçue des échos possibles avec ce que l’on vit aujourd’hui, du moins en France. je ne sais pas si chez toi c’est le même système de domination qui est en train de se révéler tout puissant.

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  1. Lu à sa sortie car je vis dans ce département de la Vienne, une rue de Poitiers porte le nom de Scévole de Sainte Marthe, la trace de cette affaire y est encore vivace… et encore trop nombreux sont les commentaires entendus «  oui, mais il a quand même violé des nonnes » lors d’une visite de Loudun en 2018!!! Les bras m’en sont tombés!

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