A priori, la psychologie des ados gâtés d’un quartier chic de Stocklom, ados superficiels, qui ne jurent que par le clinquant du nombre de leurs followers sur leur compte facebook et qui passent deux heures par jour à se taguer sur snaptchat, qui passent des vacances sur des voiliers avant de retourner suivre quelques cours dans un lycée formaté pour eux … comment dire que leurs problèmes de pauvres gosses de riches ne risquent pas de me tirer une larme et même pas une trace de compassion quelconque … Mais ce n’est pas de cela qu’il s’agit dans ce thriller dont j’ai tourné les pages à une vitesse telle que mes yeux avaient du mal à suivre mes mains ( ou l’inverse …), mais des rouages de la responsabilité, des strates de la culpabilité, des degrés de l’innocence de l’une d’entre ces ados huppés, Maja Norberg.
Etudiante sérieuse, ni politisée, ni vraiment rebelle, ni populaire, ni ostracisée, la jeune fille dans la salle de classe où les policiers la découvre, tient une arme à la main avec laquelle elle vient de tuer Sébastian, son petit ami, et Amanda, sa meilleure amie. A terre gisent aussi, Samir, Christer et Dennis.
Amanda, un instant plus tôt, était la jeune fille légère, superficielle, pétillante, égocentrique, pour qui sauver la planète était aussi important que se lisser les cheveux et montrer son bon profil sur Instagram. Mort, à côté d’Amanda, leur professeur principal, Christer, le genre de prof qui, à force de vouloir trop comprendre les ados, en devient saoulant, le genre à boire son thé dans un mug estampillé » le meilleur papa du monde », le genre super partant pour sauver le monde à coup de morales convenables. A côté de lui, c’est Samir qui est tombé sur le flanc, l’élève d’origine immigrée, celui qui est arrivé dans leur lycée au mérite, l’élève brillant. Il est lui aussi un des rouages indispensables de l’engrenage qui va mener Maja à tenir cette arme meurtrière. Enfin, Dennis, il est tombé plus loin. Lui aussi a eu son rôle à jouer, même si il ne fut qu’une émanation de la descente aux enfers de Sébastian, le plus riche, le plus beau, le plus troublant, le plus populaire de ces ados privilégiés dont il était le centre et l’attraction. Quelle fut morbide plus que solaire, c’est ce que Maja a à raconter.
Après ce premier chapitre, très court, très choc, on suit le procès de Maja, un an plus tard, une année qu’elle a passée en détention. L’état la dit coupable, son avocat la dit innocente, du moins, innocente tant que le tribunal ne l’a pas déclarée coupable.
Maja, elle, cherche sa place. c’est à travers ses yeux que l’on découvre la recherche de sa vérité et donc de sa culpabilité. Caustique, ironique, désespérée, mutique, dévastée, elle se confronte avec ses sentiments, revoit ses choix, ses erreurs, se trouve des excuses, mais ploie sous sa responsabilité. Elle se débat avec ses souvenirs, dans une solitude qu’elle voudrait encore plus absolue et s’accroche malgré tout à son avocat, observe le théâtre de la justice et de la médiatisation qui pourrait bien la broyer.
Le roman n’est pas parfait, parfois artificiel, on avance très lentement dans les circonvolutions de Maja, mais cette lenteur rend le suspend intérieur du personnage, qui tente de ne rien se pardonner, et pourtant …. La mécanique tremblotante de Maja tient le lecteur jusqu’au bout du tunnel qui éclata en coups de feu dans la salle de classe, une remontée en apnée.
Je l’ai celui-là… et j’ai VRAIMENT besoin d’un truc addictif.
J’aimeJ’aime
Pour moi, l’addiction a bien fonctionné, j’espère qu’il en sera de même pour toi ….
J’aimeJ’aime
Purée!!! rien qu’à lire ton billet, on a envie d’y aller voir
J’aimeJ’aime
Il a des défauts, notamment dans la construction de la descente aux enfers du personnage du petit ami, mais je suis passée outre. Et oui, je le conseille fortement !
J’aimeJ’aime
Oui, c’est bigrement tentant, même s’il est d’avoir l’étoffe d’un « Kevin », mais à partir du moment où on est prévenu, ça limite les risques de déception… et puis du Nord, ça me changera un peu de celle de l’Est !
J’aimeJ’aime
« même s’il est LOIN », bien sûr… j’ai perdu un mot en route..
J’aimeJ’aime
Oui, même si les sujets se ressemblent, ce titre n’a pas la puissance de Il faut qu’on parle de Kevin, mais bon, il faut dire que Kevin, c’est quand même quelque chose comme expérience de lecture !
J’ai vu que tu menais le challenge de l’est tambour battant, effectivement. Je comptais participer mais je n’avais rien en réserve, et maintenant, c’est trop tard !
J’aimeJ’aime