Le poids de la neige, Christian Guay Poliquin

Il s’est passé quelque chose qui a figé le monde, on ne saura pas exactement quoi. mais la panne a commencé l’été précédent, quelques heures de temps en temps, puis l’électricité revenait, ça passait, et puis de plus en plus souvent, et un jour, plus rien. L’hiver s’est installé au village, quelques-uns sont partis, ceux restent gèrent la pénurie en attendant un hypothétique retour ou un fantasmatique départ, dès que la neige permettra de prendre la route. En attendant, une solidarité relative s’est installée autour de quelques figures d’autorité, une vétérinaire, un pharmacien, quelques hommes encore solides.

Le narrateur est originaire de ce village. Il en est parti depuis dix ans, sans doute pour éviter un avenir tracé de mécanicien auprès de son père. La panne provoque son retour auprès des siens, mais il est retrouvé, gravement blessé, auprès de sa voiture, les jambes broyées, et trop tard, son père est mort. Parce qu’il est du village, il y est recueilli et soigné, cependant, même si on lui accorde soins et médicaments, il n’en reste pas moins qu’il constitue une bouche de plus, et un fardeau de plus pour la petite communauté fragilisée. Alors on le confie à Mathias.

Mathias est un vieil homme  qui est arrivé au village juste avant la panne, il n’a pas pu en repartir et il s’est installé à l’écart, dans une maison en bois abandonnée. Sous sa véranda, il installe le narrateur. En échange; on lui promet une place dans le convoi qui partira pour la ville au printemps. Mathias est un étrange personnage, persuadé que sa femme va venir le chercher. Un bavard, un pragmatique, un peu délirant malgré tout.

Entre les deux hommes s’instaure une relation inégalitaire et fébrile, ni gratitude, ni compassion, un quotidien fait de rituels et des gestes de Mathias, qui tous les jours change les pansements, donne les médicaments et gère les ressources qui proviennent du village, Le narrateur est complètement dépendant, la promiscuité engendre rapidement une sourde rancœur, tandis que la neige engloutit leur paysage. Omniprésente, de plus en plus lourde, autour de la véranda.

Les mots de Mathias sont pour le narrateur le tribut à payer, et les connaissances en mécanique du narrateur sont pour le vieil homme une porte de sortie qu’il entretient du mieux possible. Deux solitudes se cognent en attendant la fin, un jeu de dupes qui attend la tragédie, alors que personne ne lâche prise, même pas la neige …

Un livre glacial, où les relations humaines sont comptables d’un échange, d’une vengeance, où domine la peur de l’autre, en une attente tendue et lancinante.

 

13 commentaires sur “Le poids de la neige, Christian Guay Poliquin

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    1. L’envie m’est venue du Québec, je l’avais noté l’année dernière, lors du challenge de Karine et Yueyin, par contre, je ne me souviens pas sur quel blog. Il a fait son chemin depuis, de blogs en blogs … C’est bien qu’il revienne cette année chez Ingannmic, le titre va continuer sa route !

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