Le chant de la frontière, Jim Lynch

Brandon VanderKool n’est pas vraiment un cow boy, à dira vrai, il serait même un anti cow boy. Au lieu de convoyer des vaches, il  chouchoute celles de l’exploitation laitière de son père, qui bat de l’aile. Mais Norm, le père, ne veut pas de son fils trop tendre dans ses pattes, alors,il a envoyé Brandon grandir ailleurs. Poussé par la honte paternelle, Brandon est engagé comme stagiaire dans la Border Patrol, la police des frontières qui garde les lignes très poreuses de ce coin rural des USA, contre les intrusions canadiennes incessantes.

Brandon gêne son père mais aussi toute la communauté. C’est un géant qui a une âme d’enfant. Il perçoit le monde avec une acuité autre et est beaucoup plus à l’aise dans sa solitude que dans les relations sociales. il a tendance à se mélanger les pinceaux et les mots. Brandon flotte donc dans le costume de chasseurs d’immigrés clandestins, même guidé par son mentor, Dionne, qui très investie, lui donne les clefs du comportement des mexicains, des iraniens, des chinois, lui ordonnant la méfiance et le port d’arme. Brandon se révèle être un chasseur particulièrement efficace. mais en réalité, c’est en écoutant les chants des oiseaux, en répertoriant dans son esprit vagabond, les chants et les mouvements des envols, qu’il tombe systématiquement sur des convois d’étrangers, paralysés par sa douceur et sa carrure.

Les découvertes de Brandon mettent la vallée tranquille en ébullition. les rumeurs grouillent, enflent, explosent et exposent ce petit monde à la médiatisation. Par ailleurs, les trafiquants de drogue s’agitent car si l’usage du cannabis est légalisé au Canada, il est interdit aux USA. Les coups de projecteurs involontaires de Brandon les obligent à l’imagination. Alors que les exploitations agricoles végètent, les candidats à l’illégalité sont tenté par l’argent facile …

Parmi les personnages haut en couleur qui participent aux aventures de Brandon, il y a Madeline, une jeune fille que le géant maladroit tente de protéger de la séduction des dealers, ce qui n’et pas sans risque pour elle. Il y a aussi les deux pères séparés par une fosse frontalière entre leur deux propriétés, trop étroite pour que Norm échappe aux vociférations de Wayne, furieusement anti américain, grand consommateur de joints, prof allumé dont la marotte est la reproduction d’invention déjà existantes, comme l’ampoule d’Edison. Norm, lui donne la réplique comme il le peut tout en tentant de résister aux charmes de la mystérieuse masseuse, qui brille au fond de la vallée comme un lampion aguicheur.

Malgré Brandon, au charme innocent et fantasque, malgré tous les autres éléments de ce récit burlesque et poétique, ce roman de Lynch ne m’a pas autant convaincue que Les grandes marées et Face au vent,. l’intrigue part un peu dans tous les sens, le foisonnement des péripéties les rend mal définies. On y retrouve la sensibilité et l’attention aux mouvements de la nature, mais il faut croire que je suis plus sensible au monde marin qu’à l’univers aviaire.

La figure du cow boy revisitée pour le mois américain. 

20 commentaires sur “Le chant de la frontière, Jim Lynch

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    1. Alors là, évidemment … Ce titre m’a moins séduite, mais on y retrouve un peu les mêmes types de personnages, doucement frapadingues et menés par la générosité, du moins pour Brendan.

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    1. Je l’ai acheté sans regarder de quoi il parlait, parce que c’est Jim Lynch ! Et je recommencerai pour le prochain, même si j’ai moins apprécié ce titre que les deux premiers. J’espère juste que l’auteur retournera vers la mer …

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    1. J’ai peiné à me laisser embarquer cette fois ci, un peu trop de personnages disparates que je n’ai pas bien relié avec l’intrigue, qui est peu linéaire ( ce qui ne me dérange pas forcément). je me suis laissé porter mais sans passion.

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    1. Ce côté « burlesque et poétique » est également présent dans les deux autres titres de l’auteur, tu sais …. Les thématiques sont plus familiales, c’est vrai, même si le héros des grandes marées ressemble beaucoup à Brandon. Mais c’est surtout les évocations du monde maritime qui m’avaient emballée.

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    1. Les deux autres titres publiés sont à découvrir, je pense, en attendant les nouveaux. Je te souhaite de bons moments de lecture sur les rivages des grandes marées ou dans les courses magiques de Face au vent !

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    1. Effectivement, on n’est pas en phase ! Mais ce que tu dis de Brandon me donnerait envie de lire, si ce n’était déjà fait, et tu développes davantage que moi l’idée de la frontière poreuse et du ridicule qui s’oppose à la fraicheur du personnage principal.
      Je te conseille vivement les deux autres titres parus pour le moment de cet auteur (et si ça se trouve, ils n’auront pas autant de part de tarte !)

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      1. Je t’avoue que je n’ai jusqu’à présent pas osé m’y risquer … de peur d’être déçue par rapport à cette chouette première lecture de l’auteur 😉 !

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