Le shibumi est dans la culture japonaise l’équivalent moral de l’équilibre doux amer du kaki vert. C’est dire si ce désir de perfection est intraduisible dans le culture occidentale. Cette culture que le samouraï moderne,, Nicholaï Hel méprise profondément. Nourri des valeurs nippones, ce tueur à gage particulièrement efficace et imprévisible, a mis fin à sa carrière et se consacre à sa passion, la spéléologue, en compagnie de Le cageot, basque jusqu’au bout des clichés. Dans son château pyrénéen, il s’est mis hors du temps, caressant la geisha modernisée également, Hana du bout de ses mains expertes. Elle est aussi raffinée que lui, aussi indépendante. Et le Shibumi semble quasiment atteint, lorsque débarque Hanna Stern. Le samouraï hésite à prendre le costume de Zorro pour la sauver du pétrin où s’est mise cette terroriste débutante, en short et chemise décolletée, survivante par hasard du piège raté piloté par la CIA dans l’aéroport de Rome.
La CIA fait parti des ennemis de Hell, comme la Mother Compagny, organisme tentaculaire et surinformatisé qui vise à manipuler les forces économiques et politiques mondiales en faveur des plus puissants. Le raid de Rome est un fiasco, les vrais faux terroristes et les vrais faux tueurs ont loupé leur cible, Hannah s’est échappée et il s’agit maintenant d’empêcher Hell de rentrer en scène. Mais Hell ne se manipule pas et a un sens très personnel de la justice … Et les USA ne lui font même pas peur, imbu qu’il est d’un mépris incisif pour l’inculture mercantile de ce peuple sans passé.
Hell est une sorte de James Bond sans technologie. Il en a à peine besoin tant ses attributs sont hors norme : spécialiste du jeu de Go, il en a appris la maîtrise durant son adolescence passée au japon, auprès d’un maître qui cultivait aussi l’art du jardin, en un temps la guerre du Pacifique faisait naître des vocations de kamikaze. La beauté des pétales de cerisier lui a été transmise par le général Kishikawa, avant que cet autre mentor ne soit requalifié en criminel de guerre pour les besoins des occupants russes, après la guerre. C’est aussi pendant cette période que Hell a mis ses qualités de polyglotte au service des Américains.
Mais il s’agit moins d’un roman historique qu’un roman initiatique car Hell se dote d’autres capacités avant de les mettre au service de l’art de tuer, il connait la maîtrise de l’extase mystique avant de la perdre, acquiert la para perception qui lui permet de visualiser les mouvements dans l’obscurité, il tue avec une paille, un peigne, c’est le kapap, un art martial pour animal à sang froid.Il n’a que que dans l’art des jardins zen qu’Hell n’atteint pas la perfection.
L’homme solitaire contre la pieuvre ultra moderne. Entre les deux commence une traque rocambolesque et épique, entrecoupée de chants corses et de digressions spéléologiques ou de généralisations sociologiques, de profondeurs philosophiques. C’est la lutte entre l’immobile, le séculaire et l’agitation de la médiocrité à sa courte vue. Polar, satire, espionnage, folklore basque, pierres qui chantent ou qui roulent, le roman est protéiforme et ne se lâche pas sans doute parce que à contre courant des codes, même le côté SAS ou San Antonio est parfois déroutant et agaçant, à la limite du pastiche.
Malgré le statut de roman culte de ce titre, je garde une préférence pour ce singulier western qu’est Incident à twenty mile
Un autre pavé saison deux et une autre participation au mois américain
L’art de tuer n’est pas trop dans mes envies de lectures même avec une paille.
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Il est à la retraite, tu sais … en fait, il ne tue pas beaucoup. C’est surtout les méchants américains qui lui font des misères et qui l’obligent.
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Bon, culte sans doute, mais pas en urgence…
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franchement, il est bien ce bouquin mais j’ai préféré quand même les deux autres de cet auteur que j’ai lus, The Main et Incident à Twenty Mile, très très différents .. A croire que l’auteur voulait tester tous les genres codifiés. Là, c’est le roman d’espionnage. Très revisité.
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Un pavé sur tant de rebondissements et ça tient , étonnant .
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Et encore, je n’ai raconté que le point de départ … Mais oui, c’est étonnant comme livre, peut-être pour cela qu’il est dit « culte ».
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Et bin oui, en film cela semble bien aussi…;) mais tout un sacre pave…;)
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Je n’ai pas connaissance d’une adaptation cinématographique de ce titre, mais si c’est vrai que l’histoire s’y prêterait facilement !
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pourquoi pas? c’est le côté pavé qui me dérange un peu en ce moment 🙂
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Et oui ! La saison des pavés va vers sa fin !
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Ouuuuh que je ne suis pas certaine que ce soit pour moi. Bon, je laisse quand même dans un coin de ma tête.
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J’ai longtemps tourné autour … On le disait culte, génialissime etc … C’est roman à découvrir, il est vrai.
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Bon, je dois être l’exception, car ce pavé m’est tombé des mains (sans m’écraser les pieds, toutefois)… Je laisserai une deuxième chance à l’auteur avec un autre genre.
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Oui, donne lui une deuxième chance ! D’ailleurs si je n’avais pas autant aimé les deux premiers que j’ai lus, je n’aurais sans doute pas tentée par ce titre. C’est pourtant le plus connu et vendu de l’auteur selon ma libraire.
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Je n’ai lu que ce roman de Trevanian, et je l’avais adoré.
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Il a une tonalité vraiment singulière et un rythme plutôt efficace même si le personnage de Hell m’a agacée par moment, un poil trop James Bond …
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