Le déclin de l’empire Whiting, R. Russo

Depuis toujours, Empire Falls, petite bourgade du Maine, est l’empire de la famille Whiting. les ancêtres, tyrans domestiques et doués en affaire y ont implanté une usine et une fabrique qui ont assuré aux habitants une saine prospérité. Charles Beaumont Whiting, le dernier héritier fut aussi le dernier à connaître la ville en effervescence. Il rêvait d’y échapper, de vivre de poésie au Mexique, mais le devoir l’a rattrapé et il a épousé Francice Robineaux. devenue madame Whiting, elle a pris le pouvoir en même temps que la fortune.

Après la fermeture des industries et le début de la faillite de la ville, elle en a gardé le contrôle, à coup de subventions retorses, accordant des largesses financières qui font juste que tout ne s’écroule pas complétement. de la même façon, elle tient les rênes du destin de l’Empire grill et de son gérant,  Miles, lui accordant la jouissance de ce snack, en attendant un hypothétique héritage, et le maintenant  moribond en lui refusant la licence de vente d’alcool qui lui permettrait un envol financier et de sortir de ses griffes. Les raisons de cette lente vengeance, Miles n’en prend la mesure que petit à petit. Placide ou défaitiste, selon les points de vue des autres personnages, c’est le personnage central du récit dont les souvenirs raccorderont les failles du présent et les brisures du passé.

Pour sa mère, Grace, modèle de pardon humaniste, il était celui qu’elle voulait voir partir de la ville pour échapper à un destin étriqué. Il est revenu. Pour son père, il est un fils indigne, qui ne subvient pas comme il se devrait, à ses besoins en bières. Max se voit donc contraint à faire les poches de Miles, qui se retrouve fils prodigue à ses dépends. Pour sa future ex-femme, il est celui qui ne la jamais faite jouir pendant leur vingt ans de mariage. janine est fermement décidée à rattraper le temps perdu, et à profiter de son corps, reconquérant sa minceur à l’aube de la quarantaine. Pour son rival, Miles est la cible impavide de ses viriles boutades. Accoudé au comptoir du grill, il voudrait quand même bien que Miles joue avec lui au bras de fer. ce dont Miles n’a cure. Pour son frère, alcoolique repenti et cuisinier inventif, il est l’arbre à secouer pour éviter le future faillite, en affrontant enfin la redoutable madame Whiting, sa fille et son chat. Mais, le centre de la vie de Miles est sa fille, Tick. l’adolescente qui cherche comment échapper à la crise de jeunisme de sa mère et aux cajoleries pesantes du beau père.

Ce roman n’est pourtant ni une saga familiale, ni un vaste roman social, mais le récit d’un réveil, d’une double initiation. d’abord, celle du père qui fut enfant, en proie à un rêve au goût de clams sur l’île de Vineyard haven, un rêve douloureux et doux, où sa mère, Grace, ne fut plus la femme résignée de max, le père et mari peu fiable. Et celle de l’enfant qui est devenu le père de Tick, qu’il tente de protéger sans voir les pièges des années lycées, ces violences larvées de la façade à tenir.

Enfin, chronique amère d’une ville qui devient ombre, le roman soigne toute une galerie de personnages qui se cherchent, autour du comptoir de Miles, un avenir, une forme de satisfaction, une image de soi pas trop délabrée. Un pavé d’histoires banales, dans un huis clos humain où de sourdes rancœurs ne laissent pourtant pas présager l’explosion finale.

Une participation pour le thème d’hier (sic !) du mois américain

30 commentaires sur “Le déclin de l’empire Whiting, R. Russo

Ajouter un commentaire

  1. Coucou ! Mais non, c’est bien aujourd’hui, le thème « La famille » du Mois Américain ! En revanche, j’attendais hier ton billet sur le Gamboa !
    Et sinon, j’ai beaucoup aimé ce titre avec lequel j’ai découvert Russo, mais je crois lui avoir préféré « Un homme presque parfait ».

    J’aime

    1. Mince ! J’ai inversé les dates !!!! Je me disais aussi que tant d’organisation ne me ressemblait pas ^-^ et comme j’ai eu très peu de temps cette semaine, je n’ai pas encore lu ta LC. Je vais me rattraper tranquillou demain matin.
      C’est avec Les sortilèges du Cap Code que j’avais découvert cet auteur, j’avais absolument adoré, donc tu penses bien que j’ai noté Un homme presque parfait.

      J’aime

    1. Absolument ! Et c’est un auteur que l’on ne lâche une fois découvert ! Si tu ne l’as pas encore lu, je te conseille Les sortilèges du Cap Cod, je me souviens avoir beaucoup souri, plus que dans celui-ci, même si il est également d’une subtilité certaine.

      J’aime

    1. La rentrée littéraire … Je vois passer pas mal d’articles, notamment chez toi, mais je n’ai encore rien noté, mis à part Yoga, et lors de ma virée en librairie cet après midi, je n’ai même pas regardé les rayonnages qui y sont consacrés. Uniquement pour des raisons financières, vu que je n’ai pas envie d’investir trop dans des lectures qui pourraient être décevantes.
      Je l’ai fait, il y a des années.
      Et Russo, tu pourras t’y lancer quand l’immersion aura reflué, de toute façon, quelque chose me dit que tu vas adorer.

      Aimé par 1 personne

  2. Je trouve quand meme que cela fait saga americaine…toutes ces grandes familles riches qui sont arrivees au bout…mais c’est vrai que cela semble plus…oui tu donnes envie

    J’aime

    1. Oh, j’ai dû mal expliquer ! Ce n’est pas du tout une sage familiale ! Enfin, si, mais pas vraiment… Il y a bien une grande famille, mais les véritables « héros » du livre sont les habitants de la ville que cette famille a fondé, ville moribonde, mais vraiment le récit a de l’envergure !

      J’aime

  3. Je note Les sortilèges du Cap Code, alors. Et je ne sais pas si tu avais vu mais j’ai proposé une LC de Russo pour la mi-décembre, sur le mode de celle faite en avril, autour de son nouveau titre, ou d’un autre. Si cela te tente…

    J’aime

    1. Si, j’ai vu mais il va falloir que je me recadre, je recommence à flotter … Si je participe, ce sera avec un homme presque parfait, même si le dernier a l’air bien. Mais je limite les achats en ce moment (quoique, je vais à Brest le week-end prochain, et à Brest, il y a la librairie Dialogues, une super librairie indépendante . Et le librairies indépendantes ont besoin de soutien, non ? ^-^)

      J’aime

      1. Oui, c’est ce que je me dis à chaque « craquage » ! Mais oui, Dialogues, je connais.. Je n’y suis pas allée mais ils avaient créé une sorte de club de lecture en ligne, qui a fermé cette année (par manque de participants je pense), qui consistait à proposer des envois de livres en échange d’une critique.

        J’aime

  4. Un homme presque parfait m’attend, et puis j’ai très envie d’acheter son dernier. Mais quand aurai-je le temps de lire tout ça ?
    Alors on s’emmêle les pinceaux ? 🙂 J’étais venue sur ton blog chercher la lecture commune avec Ingannmic et… je tombe sur d’autres livres… que j’ai notés ! pffff !

    J’aime

    1. Ben oui, c’était trop beau pour durer cette organisation … Tout un mois américain, sans presque me gourer de dates et d’auteurs !
      Je vais publier l’article sur Gamboa, que je gardais en réserve exprès depuis deux mois après tout le monde, parce que j’en ai encore un américain sous le coude. (Bon, je vais tenter de ne pas oublier !)
      Tu peux participer à la LC de mi décembre, tu sais …

      J’aime

    1. Oh là là … Mais on est le 10, là … et je ne l’ai pas lu, je viens de vérifier, j’avais noté décembre ! Ma belle organisation de septembre bat de l’aile.
      Donc, on fait comme tu veux, soit on reporte, soit tu publies aujourd’hui. Je suis confuse !

      J’aime

      1. Zut, je l’avais programmé et j’étais absente ce matin, partie à Lireenpoche, enfin ce qu’il en reste (une peau de chagrin), COVID oblige… bon mais ce n’est pas grave, je lirai ton avis plus tard avec grand intérêt !!

        J’aime

Laisser un commentaire

Un Site WordPress.com.

Retour en haut ↑