
Les deux sœurs Rigal appartiennent à la communauté des bistrotiers aveyronnais exilés à Paris. Même si ce serait un crève cœur pour elles de l’admettre, tant elles forment un duo indépendant, contrasté mais soudé par un secret sans faille. Elles ont travaillé comme des bêtes de trait pour régner sur le Catulle, leur bistrot. Pour elles, le mot vacances est une insulte au petit commerce. Douce et Granita sont les deux grands mères de la narratrice, Brune, elle en montre la force, autant que la dureté : deux femmes d’un autre temps qui forcé le destin. Toutes les trois vivent au dessus du bistrot, dans un appartement sanctuaire qui sent la fleur d’oranger, la crêpe et la poudre de riz.. Les deux s’opposent en couple presque parfait, l’une est du matin, l’autre du soir, si les deux ont une prédilection pour la même maison parfumeuse, Caron, l’une s’enroule dans les effluves de Narcisse noir, tandis que l’autre chipote quelques gouttes de Pour un homme. L’une a été belle et aime séduire encore, en grande dame un peu excentrique, l’autre cultive sa ressemblance avec Alice Saprich.
Brune dresse un tableau de leurs paradoxes inébranlables : l’Aubrac est un repoussoir, une terre qu’elles méprisent, de même que leurs paysans, rustres et à courte vue. Cependant, leur cuisine est un hommage à ce terroir, et surtout à la viande cent pour cent Aubrac, méprisant la mollesse de la charolaise … Ce discours, implicite, Brune ne l’a jamais entendu formulé, ce pourquoi, quand le récit commence à la mort de Douce, on ne connait encore rien des présupposés dans lesquels on s’embarque. Car, aussi surprenant que ce soit, Douce a voulu être enterrée dans le village de son enfance. Pour Brune, citadine, élevée dans un bistro parisien, le pèlerinage dans le berceau de sa famille, les secrets de la terre noire que les murs épais des fermes avaient bien gardé, est déstabilisant. Le séjour secoue son centre de gravité. Elle découvre, petit à petit, que les confitures de gratte cul de ses séjours estivaux lui ont finalement refilé quelques gênes, et que les problématiques de l’élevage bovin, entre goût de la transhumance et nécessités économique ne lui sont pas complétement hermétiques.
Il y a bien quelques passages explicatifs de trop, la génétique du bœuf de l’Aubrac, même mise dans la langue vivante et rude de Granita, n’étant pas, loin sans faut, mon domaine de prédilection. Cependant, l’évocation de la vie en ce plateau, de cette vie obstinée, dans des paysages rudes, et tout aussi obstinés à rester rudes, et surtout le portrait de vie de ces deux femmes, reines de la frangipane, complices, rivales, aimantes, taiseuses, valent vraiment un arrêt sur l’Aubrac.
Un roman que j’avais aimé pour son âpreté et son terroir ! Il y a en des secrets aux fins fonds de ces campagnes.
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J’ai trouvé aussi que l’âpreté était la grande réussite du roman, tant dans les paysages que chez certains personnages. Après, il y a quand même beaucoup de vaches, comme le soulignait un des commentaires de ta note sur ce roman.
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Pas trop eu envie de persévérer, je me souviens d’avoir feuilleté. Bon, le rural, pas trop mon truc en romans.
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Je ne suis pas particulièrement fan de rural, mais quand le récit se situe sur les Causses ou sur des paysages aussi rudes et beaux, je me laisse facilement tenter. Su ce plan, ce roman est une réussite.
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pas trop tentée pour le moment, mais j’ai une excuse! 2 en fait:
j’ai des périodes « terroir » et j’en ai déjà quelques uns en attente
et opération vidange de PAL je préfère en rire… bon dimanche 🙂
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Deux très bonnes excuses … Je piocherai des idées chez toi lors de l’opération vidange de PAL *-* …
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Très bonne suggestion, le côté rural m’attire beaucoup, ce serait une bonne occasion de redécouvrir cette région et même de rafraîchir mes connaissances en génétique animale !
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C’est une belle redécouverte, pour moi en tout cas qui connais mieux les Causses que l’Aubrac. Pour les connaissances génétiques bovines, ma foi, je m’en serais passée, mais ces passages sont souvent intégrés dans les paroles des personnages et donc cohérents avec l’ensemble du roman.
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Il est dans ma pile, il attend son heure !
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Tu vas découvrir deux beaux personnages de femmes ! C’est surtout elles qui font le goût de ce roman !
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Rural, taiseux, des femmes… c’est le pendant des romans de Bouysse ?
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Il y a assez peu de points communs en fait, mis à part la ruralité, la rudesse des régions … L’écriture est moins lyrique, moins « excessive », et si il y a des secrets de familles, l’atmosphère est ici plus « terre à terre », et il y a beaucoup, beaucoup, plus de vaches !
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Une lecture que j’avais beaucoup aimé.
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Moi aussi, à cause des deux grands mères, des paysages, et de la conviction de l’auteure, que l’on sent si proche de ce dont elle parle !
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