Au début du récit, Christophe Leibowitz mène tant bien que mal sa petite croisade d’avocat pénaliste de bas étage. Né et élevé en dehors de l’héritage culturel qui donne droit à un nom dans la hiérarchie du Barreau, il œuvre dans les soutes de la justice, et comme il a très mauvais esprit, c’est avec délectation qu’on en suit les mesquineries et les rouages qui tournent sur des réputations, des entourloupes entre soi, sous les manteaux de la respectabilité. L’auteure permet à son personnage de déshabiller la justice avec un sens du ridicule et de la formule jubilatoire.
Il s’est spécialisé dans les proxos, surtout les slaves, qui lui assure un fond de roulement de clientèle intarissable, mais pas forcément très fiable. Il faut dire que maitre Leibowitz n’a aucune ligne de conduite, pas de femme, pas d’enfants, pas de bureau, peu de conscience morale, malgré un certain goût pour l’humanité frauduleuse. Il gagne en cynisme ce qu’il perd en respectabilité au cours de trois aventures.
La première en fait un héros pour les détenus de Fresne, et un objet de détestation pour les gardiens, même si il n’a rien d’un Robin des bois, et surtout pas le grand cœur. La deuxième l’amène à sauver un fils de collabo vichiste, à tomber amoureux d’une toile de Schiele et à perdre pratiquement sur tous les tableaux le peu de respectabilité qu’il lui restait. Le troisième le convertit au rap crado et au cognac, ce dont il n’avait pas vraiment besoin, vu que sa consommation de boissons alcoolisées était déjà assez conséquente pour qu’une radiation définitive puisse être prononcée sous le seul effet de son haleine matinale.
Il n’empêche, maitre Leibowitchz est avocat, jusqu’au bout des ongles et des doigts qu’il trempe dans toutes les affaires louches, comme la mouche du coche, histoire de pousser ses confrères dans le plus poisseux des vinaigres. Il est le vengeur, le pourfendeur, il dégomme, pugnace, rancunier, les magouilles merdiques des préséances de couloir, où ne grouillent ni éthique, ni déontologie. Le récit fourmille d’anecdotes qui sentent le vécu cynique des grouillâts des tribunaux, comme celle d’un jeune homme de 19 ans qui comparait pour avoir harcelé de lettres de menaces une vieille dame juive. Lui, invoque la motivation politique, le soutien à la cause palestinienne. Christopher, son avocat, lui, préfère plaider la connerie humaine. Il gagne la bienveillance de la justice et les crachats de son client.
Mordant, drôle, rythmé, déjanté et grave, ce polar est un tableau de la comédie humaine, brossé par un Rastignac en pleine forme.
Pas un univers où je m’aventure….. 😉
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C’est un univers aventureux, effectivement ! Décrit avec un humour corrosif. Mais bon, si tu n’es pas tentée …
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Je ne l’ai pas encore lu celui-là, mais ça viendra. Les deux derniers de l’auteure m’ont fortement réjouie, même si elle décrit une réalité pas reluisante du tout.
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Je n’ai lu que La daronne, et maintenant celui-ci. A chaque fois, je me régalée à lire ces dessous de la justice, même si ils ne sont pas affriolants du tout.
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Bien évidemment je les ai lus, ces polars, après celui qui avait bien fait connaître l’auteur
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Bien évidemment ! La daronne a connu un beau succès. J’avais entendu parler d’une adaptation au cinéma avec Huppert dans le titre, ce qui était réjouissant et prometteur. Mais je ne sais pas si le film a pu être vu au cinéma, finalement.
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Mon conjoint l’a abandonné… je m’en vais de ce pas le repêcher dans le carton des « à donner » où je l’ai remisé (et je ne dirai pas à mon conjoint que je fais davantage confiance à tes goûts littéraires qu’aux siens…!!)
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Non, non, ne lui dit rien ^-^, mais je pense qu’il devrait te plaire puisque tu as aimé La daronne. Le personnage de l’avocat est encore plus déjanté, il applique avec une grande efficacité la politique de la terre brûlée !
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auteure à découvrir pour moi…
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La daronne semble être le titre idéal pour découvrir cette auteure, mais je n’ai pas encore tout lu, et pour le dernier sorti, Richesse oblige, j’attendrai la sortie en poche car une amie m’a dit qu’il était un peu plus « bof » que Commis d’office.
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noté, je vais essayer de les trouver en poche quand le confinement sera terminé ou à la BM
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Les deux titres sont en poche, seule Richesse oblige est en broché. C’est vrai que j’ai de la chance pour la lecture lors de ce confinement ! J’avais une telle envie de livres après le premier que j’ai une sacrée pile d’avance ! En plus, ma librairie préférée ( et indépendante) a mis en place un service de commande et retrait, dont mon homme vient de se servir pour m’offrir quelques titres en plus, pour mon anniversaire confiné !
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J’ai lu et beaucoup aimé « la daronne » et ce que tu dis de ce roman devrait me plaire . Merci Athalie
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Si tu as aimé La daronne, tu auras moins l’effet de surprise, mais autant de plaisir, finalement !
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Une autrice dont j’aime à chaque fois retrouver la plume.
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C’est mon deuxième titre, mais certainement pas le dernier ! Son humour caustique passe vraiment bien, décalé et pas anodin du tout. Ses tableaux du fonctionnement de la justice seraient effrayants, si ils n’étaient pas drôles. (Mais le sont-ils vraiment ?). L’auteure a été pénaliste, et ses textes sentent le vécu.
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J’ai aimé La daronne sans plus, je ne pense pas en lire d’autres. Mais j’en profite pour m’abonner à ton blog (pourquoi ne l’ai-je pas fait avant ?) parce que, là, j’ai loupé plein d’articles !
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Si tu n’as pas vraiment aimé la daronne, ce n’est pas la peine de noter ce titre, c’est sûr.
Pour ne louper aucun article de mes blogs référents, moi, je suis sur inoreader, ça permet de regrouper toutes les publications nouvelle es en seul lien, c’est pas mal.
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Bonjour Athalie, très bon roman pour découvrir Hannelore Cayre pour ceux qui ne la connaissent pas encore. Bonne journée.
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J’ai découvert cette auteure avec La daronne, mais je pense que si celui-ci avait été le premier, j’en aurais eu autant de plaisir !
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