Tuan, la quarantaine solitaire et exilée, est perdu de nostalgie. Dans la forêt de Chantilly, à la recherche des premières jonquilles, c’est le parfum des odelettes de Nerval qui viennent aux narines, et aussi les silhouettes de ses filles du feu, mi fées, mi sorcières, Sylvie, Angélique et autres sylphides fantastiques ancrées dans les légendes du Valois.
Ces légendes, cet écrivain en est tombé amoureux dès son enfance au Vietnam, alors Indochine et colonie française. Il a aimé la langue des « oppresseurs » (je mets des guillemets, car pour Tuan, c’est une langue qui n’a pas de couleur politique). Dès son enfance, il a été ému et touché par l’univers naïf de la Comtesse de Ségur, notamment, alors que dans le jardin du grand père se déployait les splendeurs de la nature de son pays.
Exilé, loin des lieux de ses morts, si nombreux, qui surmontaient l’autel des prières à leur âme, leur fantômes peuplent les chênes de la forêt française des odeurs et des images du passé. La douceur de son grand père, le plaqueminier aux branches mystérieux, l’arbre et l’homme aussi vénérable l’un que l’autre au point de se confondre. Dans les chemins de la perte, surgit aussi Tien, la petite cousine, avec laquelle il partageait les formules de politesse et s’exerçait au vouvoiement, particularité exotique de la langue française. Le vocabulaire, les noms de lieux, les intonations de la langue se mêlent aux échos de ses terreurs enfantines, lorsque les mendiants maléfiques du Vietnam, agitaient les rêves de la petite communauté des cousins qui vivaient dans le grand jardin. L’odeur des bains au goût de pamplemousse s’accroche encore à son dernier souvenir de Tien, au moment où la réalité de la guerre fit irruption dans l’enfance perdue à jamais. Les idéaux patriotiques de son oncle entraîne sa famille de l’autre côté, la lutte contre les Français, puis la victoire sanglante de la nuit de Tet.
Le contexte politique n’est que rapidement brossé dans ce court roman où l’accent est plutôt mis sur la perception d’un homme qui flotte entre deux cultures, ne pouvant s’engager dans autre chose que les mots pour retenir les morts que la guerre lui a pris. Ce texte, surtout, sublime les paysages vietnamiens, les coutumes, les gestes qui font une culture, en de courts tableaux statiques, suivant ainsi le parcours déceptif d’un personnage qui n’a pu se renouer à la vie.
Je ne suis pas certaine de lire ce roman malgré les sublimes paysages.
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En fait, les actions sont très en sourdine, alors elles glissent les unes sur les autres. C’est agréable à lire, c’est certain, mais ça manque de dynamisme.
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J’aime beaucoup ce qu’écrit cette autrice, tout en sensibilité (je la connais depuis que j’ai participé au jury du prix Première qui récompense des premiers romans).
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Je ne suis pas certaine de poursuivre ma découverte, l’écriture est très sensible, mais la mélancholie n’est pas trop ma tasse de thé …
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Peut être pour revoir les paysages vietaniems que j’ai eu la chance de voir en vrai 😉
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Il y a aussi les odeurs et plein de sensations très finement rendues. L’évocation du jardin du grand père m’a fait rêver !
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