Pedro Paromo, Juan Rulfo

Juan Pedro vient de perdre sa mère à qui il a juré de d’aller dans le village où elle a vécu son enfance et d’y retrouver son père inconnu, Pedro Paromo. Lorsque le personnage arrive dans Comala, à l’heure où ailleurs, les ruelles résonnent des cris des jeux des enfants, où le soleil se fait plus doux, il n’y a que ses pas qui résonnent sur les pavés, entre des murs encore brûlants. Le village est envahi par une herbe grimpante, qui enveloppe les ruines, par les silhouettes de vieilles femmes fantomatiques et les voix des morts du cimetière, cacophoniques, d’ailleurs, les voix, qui poursuivent leurs querelles dans l’au-delà.

Le roman fonctionne sur des flashs, de courtes scènes où sont évoqués certains de ces morts, alors encore vivants, des personnages dont Pedro Paromo, archétype du propriétaire, exploiteur des paysans du domaine et du village, coureur de jupons et de dots, régnant sur son domaine, nommé la Média Luna. Domaine lui même archétype des latifundias du siècle dernier, traversées de révolutionnaires patibulaires et manipulés. Archétype, encore, le village de Comala, où les frontières entre les vivants et les morts sont poreuses, creuset de croyances catholiques et païennes, où les squelettes s’invitent dans les lits et les désirs.

Le problème pour moi, humble lectrice, est que j’ai été insensible aux archétypes, perdue dans le labyrinthe des voix qui s’entrechoquent, comme les squelettes dans une danse macabre au rythme syncopé. J’ai pataugé dans le cimetière parlant, égarée dans les rêves et les fantasmes, me raccrochant au fil bien mince d’une histoire d’amour et de haine qui m’a échappée, en grande partie.

Une dernière participation au mois latino américain d’Ingannmic et Goran

19 commentaires sur “Pedro Paromo, Juan Rulfo

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    1. Je me demande quand même si les politiques éditoriales françaises ne font pas un tri un peu orienté « réalisme magique » ou ultra violence. J’ai du mal à croire que les écrivains d’un si grand continent n’écrivent pas sur d’autres thématiques … A la vue des titres du mois latino américain, je me pose la question … Peut-être à tort ?

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    1. C’est ce qui m’a fait choisir des titres un peu au hasard pour ce mois latino, et franchement, je ne le regrette pas. Je n’ai pas voulu aller vers les classiques, sauf ce titre qui est considéré comme tel, si j’ai bien compris.

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  1. J’avais beaucoup aimé ce titre, contrairement à toi, notamment ce flou entre rêve et réalité. Et merci pour cette nouvelle participation, ton assiduité est réjouissante, dommage que le plaisir ne soit pas toujours au rendez-vous..

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    1. Mais si, j’ai pris du plaisir à participer à ce mois latino ! J’aurais même aimé en lire davantage, mais février est le mois le plus court de l’année ^-^. Même si j’ai décroché pour ce titre, on en sent la force possible.

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  2. Au risque de répéter ce qu’on dit d’autres blogueurs dans les commentaires, j’ai également du mal avec cette littérature ; du moins pour l’instant, car je pense ne pas avoir lu assez pour avoir un jugement définitif.

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    1. Le mois latino américain fait apparaître des titres plutôt divers, plus que je le pensais au départ. Il y a de quoi piocher de nouvelles idées chez Ingannmic et Goran, avec des titres qui semblent plus légers que Pedro Paromo.

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    1. Je l’ai choisie justement pour ce contraste, qui est aussi présent dans le livre. Le monde des morts y est beaucoup plus facétieux que celui des vivants. Bon, ils ne sont pas forcément très gais non plus …. Mais ils font des blagounettes …

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  3. Et bien moi aussi, je pensais ne pas aimer cette littérature que je connaissais mal, en fait, mais cette fois-ci j’ai vraiment eu des coups de coeur, en particulier pour le péruvien Jose Maria Arguerdas : Diamants et silex et le cubain Alejo Carpentier .

    Mais j’ai aimé aussi Mario Vargas Llosa : la fête au bouc ou Santiago Gamboa : retourner dans l’obscure vallée (4) …
    Evidemment, comme tous ces pays se sont établis sur le colonialisme et la domination violente des peuples autochtones, puis n’ont pour ainsi dire connu que la dictature, la privation de liberté, la violence encore et toujours, le meurtre, la pauvreté et souvent l’exil pour les écrivains, il leur est très difficile d’écrire sur des sujets légers.

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    1. J’ai suivi tes publications, et j’ai noté Diamants et silex et Santiago Gamboa, Retourner dans l’obscure vallée. Alejo Carpentier me laisse un souvenir mitigé, comme Vargas Llosa, mais mes tentatives de lecture de ces deux auteurs datent tellement, que je ne sais plus quels titres j’avais tentés.
      L’organisation de ce mois thématique a aussi été pour moi l’occasion de renouer avec la littérature latino, que j’avais fini par classer dans un coin de ma tête comme trop intello ou trop réalisme magique. On a finalement fait de chouettes découvertes !

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