Moi qui avait du mal depuis quelques temps à trouver un polar qui impulse rythme, suspens, personnages crédibles et atmosphère à couper au couteau et plume au cordeau, ben, voilà qui est fait. Ce thriller d’un auteur belge, que je ne connaissais pas, a l’exact tempo que je recherchais.
On plonge dans le monde du « sexe, drogues and rock’n’roll, entre Londres du swinging london, Berlin du Ich bin un berliner, du Paris, un peu plus terne, où les yéyés se prennent pour des chanteurs de rock, ce dont le personnage se gausse, même si il a fort à faire avec ses propres oripeaux. Et, en fait, tout commence à Bruxelles. Une Bruxelles moyenne, dans une famille moyenne, celle de Jacques Bernier.
Jacques est né le 6 aout 1945, ce qui permet à sa mère de dire que sa naissance a mis fin à la seconde guerre mondiale. Le genre de blague qui tombe à plat. Surtout quand une troisième se profile. Le père, toujours de mauvaise humeur, est persuadé qu’elle va éclater, et montre même une certaine impatience à vois sa prophétie se réaliser. Le grand frère invente des monstres sous le lit, pour terroriser son petit frère, comme tout grand frère, surtout quand le plus petit est celui qui aime tellement sa mère que le temps de l’enfance est rempli des effluves du café de la cuisine et de l’odeur de la cire d’abeille. On est bien loin du rêve de Jacques, celui qui va le précipiter dans un autre monde, bien plus glauque et violent, le rêve d’être un batteur de rock’n’roll.
Le rêve est né d’un premier 45 tours, vendu du bout des lèvres par une disquaire aux lèvres pincées et au chignon haut perché qui lâcha à Jacques Maybellene de Chuck Berry. A la première écoute, le jeune garçon bascule dans le rythme. Introverti, taiseux, décalé, il trouve sa mesure sur une batterie de guingois et aurait pu toucher les nuages auprès des plus grands, mais de rencontres en rencontres, de mauvais choix en pentes glissantes, de l’autre côté du miroir musical, Jacques aligne les drogues, les violences, les états de perdition. Et de l’autre côté du monde, des rythmes résonnent dans des hauts parleurs qui envoient des jeunes soldats massacrer des villages au Vietnam.
47 ans plus tard, un faux SDF est renversé par une voiture à Bruxelles. Baptisé Xmidi par les soignants, il est non seulement anonyme mais très mal en point, victime d’un syndrome qui l’enfonce dans les brumes d’un passé confus. Son passé souterrain, que l’on découvre dans les pas à pas de sa conscience, prend son origine dans une nuit de Berlin, un back up dans un studio pour dépanner un groupe fumeux, dont les membres déjantés disparaissent suicidés dès le lendemain. Leur derniers morceaux laissent cependant derrière eux un goût salement vicieux …
Et tout cela donne du vrai noir poisseux, une descente dans un univers marginal, qui côtoie peu la lumière, un monde où la folie brouille les pistes, les contours d’une errance décalée, sans grandeur. Mais l’intrigue, est très habilement construite sur le principe de l’alternance des voix, dont l’une recolle les morceaux de l’autre.
Une petite participation au mois belge …
Tu racontes très bien, sans dévoiler trop puisqu’il ne faut jamais le faire. J’aime bien lire tes billets, même sur des livres qui ne m’attirent pas.
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Merci Luocine, c’est vraiment genitil ce commentaire ! ce sera mon plaisir du jour … Tu n’es pas très polar, ce n’est pas ton « genre », mais je trouve plein d’autres idées chez toi.
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Je suis comme Luocine, c’est parfait! Mais ça m’a l’air noir quand même, non?
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C’est du noir, du noir très serré, corsé, et goûtu !
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A ce jour, c’est mon préféré de l’auteur. Le dernier, « toute la violence des hommes » est très bien aussi.
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J’ai lu un article sur le roman que tu signales (mais chez qui ? je ne sais plus mais le bilan du mois belge ma fera peut-être retrouver l’origine de ma tentation). Du moins, j’ai eu envie de découvrir l’auteur, et je vais continuer à le lire, parce que c’est exactement ce que j’aime en polar !
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C’est le seul titre que j’ai lu de l’auteur à ce jour, et j’avais beaucoup aimé aussi (je ne me souvenais plus de toute cette partie sur l’enfance du héros, qui grâce à ton billet, a soudainement ressurgi dans ma mémoire !). J’en ai un autre sur ma pile, mais je n’ai pas eu le temps de le lire pour cette édition du Mois belge, ce sera pour la prochaine !
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En fait, c’était le seul titre de cet auteur qui était en poche dans une bouquinerie qui a croisé mon chemin. Je n’ai pas vraiment choisi … J’ai choisi, par contre, de parler de cette enfance parce que le contraste est très fort avec l’univers musical et en même temps,, l’univers social donne l’ambiance d’une époque où on basculait dans le rock’n »roll, comme dans une forme de perdition.
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Oh mais pas petite du tout, ta participation ! Quel livre, je l’ai adoré, et je suis totalement fan de l’auteur. J’en ai encore quelques-uns à lire, il paraît que « Un long moment de silence » (aussi en Folio) est très bien aussi.
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Je pense que je vais devenir fan aussi ! En tout cas, le mois belge m’aura permis de découvrir un auteur de poids et de taille, du moins d’un poids et d’une taille qui me conviennent en polar noir. Sans compter d’autres titres que j’ai notés. Ma participation sera légère, mais le bilan va être lourd pour la PAL !
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Tu me donnes vraiment envie de le lire! je connais l’auteur de nom mais je n’ai jamais rien lu de lui…
Je le note illico 🙂
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Tu peux noter sans problème, sans compter que tu as dû voir dans les commentaires que cet auteur est apprécié !
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Je l’ai lu il y a quelques années, et je me souviens avoir beaucoup aimé, mais plus précisément pourquoi !
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Se souvenir d’un polar plusieurs années après sa lecture, c’est déjà un signe que c’est du bon ! Si je n’avais pas le blog, il y en a plein que j’aurais oubliés. C’est un genre assez volatil …
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J’ai lu un seul livre de cet auteur, Concerto pour quatre mains, qui était pas mal du tout. Cet auteur est peu connu et c’est dommage. Je note ce titre en tout cas.
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Le mois belge va contribuer à le faire connaître un peu plus, on peut l’espérer ! En tout cas, moi, je suis certaine de lire d’autres titres de Colize, dès que j’aurais besoin d’un bain de polar !
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Moi qui ne lit pas souvent des polars… V’la qui me semble pas mal du tout. Tu as su piquer ma curiosité. C’est noté!
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C’est un roman noir plutôt, il y a une enquête mais surtout un fond social, politique et musical solide et prégnant.
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Pareil que Marie-Claude, je ne lis pas de polars, mais le côté noir de chez poisseux me tente bien… Faut voir…
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J’espère que tu avais une bonne lampe de poche ua milieu de toute cette noirceur.
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Mais pas peur du noir ! Quand c’est bien fait et pas glauque …
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J’en garde un excellent souvenir, c’est un polar super bien ficelé !
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Très bien ficelé ! Même si on pressent certains liens, les développements sont assez nourrissants pour combler le lecteur !
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Tu me tentes ! je ne connaissais pas du tout l’auteur (j’ai cette vilaine tendance à occulter les auteurs belges francophones, sans vraie raison à part un certain agacement lié à ma vie professionnelle).
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Je ne connais pas assez d’auteurs belges pour avoir un avis, mais ce roman là, qu’il soit belge ou pas, n’a pas d’importance, je pense. L’action se passe à Bruxelles de temps en temps, mais c’est tout. Et c’est du bon polar qui devrait te plaire !
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