Billy Wilder et moi, Jonathan Coe

1a6bfa2_398080653-fedora-1978-tou-01Jonathan Coe a trouvé le moyen de rendre un hommage à un très grand du cinéma des années cinquante, le Billy Wilder en fin de splendeur hollywoodienne, celui qui tourne son avant dernier film, l’étrange Foédora. Pour ce panégyrique, l’auteur s’est incarné dans une jeune fille anonyme, Callista, qui n’a d’yeux que pour le Billy. Ce qui rétrécit quand même le champ de vision. Calista est grecque et elle n’a jamais entendu parler du cinéaste. Elle n’en a vu aucun film, et presque aucun film tout court. Pas par manque de moyens ou d’ouverture culturelle, mais c’est juste qu’elle a grandi dans la Grèce des colonels, alors le contexte n’était guère favorable à la projection de Boulevard du crépuscule, Sabrina, et encore moins de Certains l’aiment chaud.

Bien des années plus tard, quand le récit commence, Callista vit à Londres. Mariée, deux filles presque adultes, une petite carrière de compositrice de musique de films plutôt derrière elle. Ce qu’elle nous raconte est donc le tournage de Foédora, à la fin des années 70, au moment où la carrière de Wilder s’étiole et que les « jeunes barbus », Scorcèse, Coppola, Spielberg, prennent d’assaut la machine Hollywood. Le temps des répliques ciselées et des images léchées de Wilder est passé. Le réalisateur en est parfaitement conscient, de même que son alter égo, Iz Diamond, scénariste et dialoguiste, le complice des succès, du temps de l’écriture, la recherche de l’ultime « pourquoi pas » qui signait l’apogée de son enthousiasme lorsque Wilder trouvait l’étincelle du film.

Callista, par le plus grand des hasards va donc les suivre, en Grèce, en tant qu’interprète, puis à Berlin et à Paris. jusqu’au tournage de la dernière scène, la mort de l’actrice déchue, dans une gare perdue de la banlieue normande , ce qui vaudra à la jeune fille la découverte émerveillée des saveurs du brie de Meaux. ce qui peut paraître ridicule dans le contexte, et qui l’est d’ailleurs dans le cours du récit aussi. Et ce n’est pas la seule scène qui cloche dans le scénario bancal de ce roman.

Soit, il croustille d’anecdotes savoureuses sur Wilder, son humour très cinglant, ses manies, ses rapports avec le nouvel Hollywood, la gastronomie européenne, son indéfectible goût pour la bonne chair européenne qui le conduit à rudoyer Pacino dont la curiosité culinaire se borne aux hamburgers. Mais, l’admiration inconditionnelle de Callista pour chaque bon mot du réalisateur ne permet aucun recul. Tout Wilder est sanctifié, de sa première valse de gigolo berlinois, à son grand amour qu’il laisse tomber dans un hôtel miteux pour prendre l’avion vers la gloire américaine, à son dernier clap qui laisse Marthe Keller sur le flanc pour un mot inversé dans un réplique.

Sans compter que la Callista d’âge mur n’a pas grand chose à ajouter, si ce n’est une romance vécue sur le tournage et qui elle aussi a fait flop.

On est loin du Coe incisif, percutant, ironique voire caustique, là, il ronronne d’admiration et c’est juste plat.

Une participation a A year in England 

Et au challenge petit bac catégorie prénom

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29 commentaires sur “Billy Wilder et moi, Jonathan Coe

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    1. La trilogie est excellente ! Comme beaucoup d’autres titres de cet auteur dont je recommande souvent le très beau La pluie avant qu’elle ne tombe, qui est dans un registre différent, plus nostalgique. Pour ce titre, ce n’est pas moi qui vais te tenter !

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    1. Si j’en crois ton A à Z, il te reste quelques titres savoureux. Quitte à me répéter dans ces commentaires, jette un oeil sur La pluie avant qu’elle ne tombe …

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  1. J’ai écouté Le masque et la plume récemment, et tous les critiques étaient vraiment très enthousiastes à la lecture de ce livre. J’ai peur que mon avis se rapproche du tien en lisant ton billet !

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    1. Je n’écoute plus cette émission, et lorsque je le faisait encore, j’étais rarement raccord avec les avis exprimés par les critiques littéraires. Je continue alors ? Mais sans le savoir … le mieux, c’est d’aller à la source mais pour moi, ce n’est pas du grand Coe, je persiste !

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    1. Wilder est l’idole de Callista, du coup, il est passionnant pour elle, et moins pour moi ! C’est dommage car j’apprécie énormément son cinéma, même Féodora, qui est un film assez étrange, et en même temps qui a une « aura ».

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