Si j’osais, je ferais une comparaison entre ce « roman conversation » et la « sous conversation » mise en littérature par Nathalie Sarraute, car dans ce récit la narratrice analyse sans cesse ses tourments intérieurs et les non dits. Elle est dans l’interprétation et même la surinterprétation des signes donnés par le langage, les apparences corporelles et culturelles, les présupposés qui vont avec.
Les conversations, leurs effets sur le court terme, leurs résonnances sur le long terme sont rapportées par Frances, la narratrice. On est à Dublin, de nos jours, dans son microcosme bobo qu’elle vient de découvrir et de plus ou moins intégrer. Frances est jeune, très jeune, et brillante. Elle a pour meilleure amie son ex-amante, Bobbi, et elles se produisent sur scène en un duo de lectures poétiques. Frances écrit les textes, mais c’est Bobbi qui attire les lumières et les regards. Extravertie, provocatrice, séduisante, sociable, elle instaure la relation avec Mélissa et Nick, un couple culturellement compatible. Mélissa est la figure dominante ( dominatrice …) photographe, un peu écrivaine, elle invite Bobbi et Frances à pénétrer dans son monde, sa maison accueillante, sa conversation, se fréquentations, avec une générosité quelque peu trouble. On se demande en effet, ce que peut gagner sa relative notoriété à la fréquentation assidue de deux néophytes, dont l’une, Frances est clairement rétive et revêche à l’admiration inconditionnelle. Au départ, le mari reste dans l’ombre. Pourtant Nick est beau, très beau même, une beauté d’acteur de cinéma, ce qu’il est d’ailleurs, même si depuis quelques temps, il se produit surtout sur des scènes théâtrales de second plan et des tournées périphériques.
Un cocon culturel, des chrysalides, des prédateurs … On ne sait pas trop ce qui se joue dans cette séduction à huit mains, les rôles semblent interchangeables, du moins le croit-on jusqu’à ce que Nick et Frances ne ne mettent à croiser les sous entendus et à ferrailler les mailles de la séduction. Le décodage de leurs sentiments s’avère complexe, sans cesse aliénés par les regards des deux autres, ils s’enfoncent dans des demis mensonges, se révèlent obscurs à eux mêmes et tissent la toile de la perte de contrôle …
Je ne sais pas trop quoi penser de ce marivaudage ( dit polyamour) modernisé par les échanges de mails et de textos, de cette dramaturgie des faux semblants. D’autant plus que si les personnages féminins sont tous bien trempés, le personnage de Nick en parait être un jouet bien manipulable pour susciter autant de passions possessives.
En tout cas, merci à V. pour ce conseil de lecture !
Un sujet qui ne me tente pas du tout.
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Je sens que je vais faire l’impasse sur ce roman. Je sens que tu hésites à le conseiller même si tu en as apprécié la lecture, cela ressemble plus à un jugement d’estime intellectuel qu’à un véritable plaisir de lecture.
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Voilà, c’est cela, une expérience de lecture et un intérêt certain pour son traitement romanesque … Mais pas vraiment d’immersion. Je pense d’ailleurs que la mise à distance du lecteur est un des effets recherchés par l’écriture.
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Le sujet, le polyamour, n’est pas le principal intérêt de ce roman, mais plutôt la dissection des sentiments et l’analyse de leur expression par les personnages. C’est assez bien fait, en réalité.
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Je l’ai abandonné après 30 pages. J’ai cherché du sens, de la profondeur. Je n’en ai pas trouvés.
Je peine à comprendre l’enthousiasme général pour Sally Rooney.
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J’ai eu aussi cette réticence au début, je me demandais d’où allait surgir une véritable histoire dans ce jeu de rôle du début. Et puis, finalement, l’intérêt s’est construit. De là à être enthousiaste … Peut-être que cette auteure plait par la modernité du thème ? Le polyamour, c’est assez à la mode.
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Je crois n’avoir lu que des avis réticents à son sujet. Du coup, j’avais déjà décidé de passer mon chemin avant de lire ton avis !
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Il a un arrière goût de littérature un peu trop facile pour toi, je pense. Tu as bien raison de passer pour nous faire découvrir d’autres titres que tu vas dénicher cet été !
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Bon, après avoir lu « normal people », pas sûr que je vienne lire celui-ci 😉
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Pas sûr non plus que je lise Normal people ^-^
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