Alors là, ce livre là, si Keisha l’a lu, je me transforme en loup garou à paillettes ! D’abord, c’est un titre écrit en finois, mais ce doit être un finois si particulier ( je n’y connais évidemment rien en finois …) qu’il y a de mentionné cinq noms de traducteurs ( à moins qu’il n’y ait un traducteur par récits ?). Ce ne serait pas vraiment un obstacle pour Keisha d’ailleurs, le finois singulier, on la sait prête à tout … Mais, je rajoute que ce titre n’est plus édité. Mon exemplaire est estampillé d’une bibliothèque municipale, celle de Naizin, 56500. Il a même été sorti des collections, c’est marqué à la main par une bibliothécaire que j’imagine proche de la retraire, son écriture en pattes de mouches me laisse même penser à une forme de pointillisme formaliste. Le genre pas de pitié pour les récits finois écrits par une auteure inconnue, ( Aina Kallas est décédée en 1956 et ses récits ont été édités en 1986 par Viviane Hamy). Aino Kallas était d’ailleurs Estonienne ( enfin, née en Estonie, à l’époque, qui était un territoire russe) et elle écrit de ces territoires où le diable règne encore dans les imaginaires, côtoyant le rigorisme chrétien et le lointain paganisme qui s’accroche dans les failles du carcan moral.
Les six récits ( pour cinq traducteurs, il en manque un, le mystère demeure …) s’ancrent dans un espace temps indéfini, entre sorcières, chimères, et jeunes filles dont la beauté leur sera fatale, jeunes femmes qui brûlent d’un amour de légende dans un monde d’hommes violents, injustes, pour qui l’honneur de leur sang ou de leur rang ne peut être que vengeance pour qui l’enfreint. Elles se précipitent par amour ou liberté dans les gouffres de ce qu’ils nomment péchés, interdits et délicieux, comme la belle Aalo, que son mari aimait tellement, qu’il ne vit pas la marque de la sorcière sous son sein, et qu’il la condamna deux fois pour sauver l’âme de la femme louve qui lui échappait la nuit.
Les villages, les îles, sont autant de pièges pour les héroïnes, claquemurés dans leur morale obscurantiste, les personnages qui tentent de lever la tête vont devoir la courber ou la perdre. Folklore, légendes, mythes, on se laisse prendre par la plume singulière de l’auteure qui les fait resurgir du fin fond des forêts encore peuplées de loups ou bien des châteaux où sont organisés des combats d’ours et de chiens … Le style est ciselé comme les tableaux d’un maitre dont les pinceaux auraient été trempés dans les délicates veinures d’une poésie oubliée. Les archaïsmes ou les formules engoncées trouvent leur justesse dans la bouche d’un pasteur des ans 1550 qui aurait bien voulu sauver Barbara de la vengeance glacée de ses frères … Un autre narrateur, plus martial, raconte comment il aurait bien aimé convaincre, lui aussi, le fermier Bernard Riires de ne pas choisir la mort et la liberté.
Chaque début de récit a des allures d’il était une fois, mais s’ouvre sur un monde obscur où résonne le lyrisme noir des âmes tourmentées. Des textes enchanteurs … au sens premier du mot charme …
Wiki me dit qu’elle est Finlandaise, c’est son mariage qui en a fait une Estonienne. Sur le site de Viviane Hamy il est mentionné que c’est une traduction collective, ils s’y sont peut-être mis à plusieurs sur tous les textes ? Bref, à part avoir attisé ma curiosité (je ne connaissais pas du tout bien sûr) je ne suis pas plus tentée que cela.
J’aimeJ’aime
Je me suis fiée à la préface pour la nationalité de l’auteure, ce qui m’a interpelée est que, alors que les textes sont fortement ancrés dans une tradition légendaires qui est commune à plusieurs territoires, la géographie politique tire des frontières entre eux ( rien de bien nouveau sous le soleil, on n’a qu’à regarder les frontières du continent africain …)
Les textes semblent surgis d’un autre temps, j’ai beaucoup aimé ce voyage …
J’aimeJ’aime
Pfff, tu sais parfaitement que sur ce coup là tu n’as pas à foncer dans ta boutique préférée de paillettes.
Mais où va-t-elle chercher tout ça? Rien dans mes biblis pourtant assez bien fournies en général..;
Ceci étant, pas trop envie de découvrir l’oeuvre de cette Kallas ^_^ Un univers qui rappelle kivirak en moins rigolo?
J’aimeJ’aime
Ben, tu vois, non, je n’en étais pas si sûre que cela en fait ! Avec toi, on ne sait jamais … La preuve, Kivirak, je ne sais même pas c’est qui … ^-^
Demande à ta bibliothécaire de fouiller les greniers ? Elle a peut-être fait comme celle de Naizin ?
J’aimeJ’aime
Ton article m’amuse beaucoup !
J’aimeJ’aime
Merci, et les récits sont vraiment surprenants, une jolie surprise pour moi …
J’aimeJ’aime
comme Krol je me suis beaucoup amusée et cela m’a donné envie de proposer à mon tour un mois de lectures : « le mois des livres que Keisha n’a pas lu » ! c’est peut être trop personnalisé alors je pense plutôt » le mois des livres peu connus mais intéressants qu’on pense être les seules à avoir lus »
J’aimeJ’aime
C’est vrai que j’ai pensé à Keisha, bien connue pour ses commentaires du type, « mais je l’ai déjà lu, il y a un certaine temps », alors que toi, (moi, en tout cas) tu n’as jamais entendu parler de l’auteur … Mais c’est le cas de pas de bloggeuses, et c’est aussi ce qui m’amuse beaucoup, et me plait, et me motive !
J’aimeJ’aime
Zut, je priais pour que Keisha l’ait lu, je n’ai jamais vu de Loup-garou à paillettes… bravo, en tous cas, et merci pour la découverte, qui a tout pour me plaire je crois, mais j’imagine qu’il va être très difficile à dénicher !
J’aimeJ’aime
J’avoue que si Keisha l’avait lu, j’aurais dû improviser un visuel improbable, mais ouf, je l’ai échappé belle … ( et je ne prendrai plus ce risque …). Pour ces récits, je pense qu’il pourraient te plaire, en effet, nos esprits un peu tordus se rejoignent souvent.
Si tu veux, tu me laisses ta nouvelle adresse postale sur mon mail (l’habituel, pas celui du blog, vu que j’ai perdu le mot de passe il y a belle lurette et je t’envoie le livre ?
J’aimeJ’aime
C’est gentil, mais figure-toi que contrairement à ce que je pensais, il était disponible (sur commande) dans ma librairie habituelle !
J’aimeJ’aime
Il est réédité, alors, finalement ? Décidemment, c’est un titre plein de surprises ….
J’aimeJ’aime
Tu m’as bien amusée ! C’est un concept « les livres rares que Keisha n’a pas lu ! »
J’aimeJ’aime
On pourrait créer une nouvelle catégorie …. Mais bonne chance pour la remplir ! On lit toutes beaucoup, quand même. Et des idées, je n’arrête pas d’en piquer un peu partout, mon carnet d’envies est ainsi toujours plein. J’aime bien çà !
J’aimeJ’aime
Je regrette aussi que Keisha n’ait pas lu ce livre ;). J’adore quand les livres ont comme ça une histoire, qu’ils sont » improbables « , pour celui-ci, cela ajoute au » charme « .
J’aimeJ’aime
Absolument ! Quand l’objet livre a lui aussi une histoire, il résonne différemment. C’est sans doute le cas pour celui-ci, et comme tout le monde, j’en ai d’autres dans ma bibliothèque, que je ne relirai jamais, mais dont je ne me séparerai jamais non plus, à cause de l’histoire extérieure qui lui ai attachée, un lieu, un moment … dont on veut garder aussi le souvenir.
J’aimeJ’aime
J’adore l’idée d’une telle trouvaille déclassée d’un fonds de bibliothèque !
J’aimeJ’aime
Je ne sais même pas où est Naizin, et je ne vais pas regarder « la maps ». Si ça se trouve, Naizin n’existe pas et la bibliothécaire est une fée …
J’aimeJ’aime
Bon, je ne vais pas te lâcher, Il faut que tu lises La langue des serpents
https://enlisantenvoyageant.blogspot.com/2016/03/lhomme-qui-savait-la-langue-des-serpents.html
Ce roman avait pas mal tourné sur les blogs à un moment.
J’ai un aveu à te faire : je n’ai pas lu tous les livres.
Mais un challenge rigolo sur les bouquins improbables, ce serait sympa, à condition bien sûr que ces bouquins soient de qualité et pas introuvables.
J’aimeJ’aime
Je compte bien lire La langue des serpents, qui m’intrigue depuis un moment, mais voilà, c’est un pavé et j’ai du mal à caser des longs moments de lecture en dehors de l’été …
Un challenge sur les bouquins improbables mais pas introuvables, c’est un défi de taille ! Si il y a des volontaires pour l’organiser ^-^. Et si tu n’as pas lu tous les livres, avoue quand même que tu es une spécialiste hors pair pour en dégoter des inclassables !
J’aimeJ’aime
Evidemment je suis venue voir dans les commentaires la réponse de Keisha. J’aime bien aussi l’idée du challenge « bouquins improbables mais pas introuvables ». Mais donc Aino Kallas est-elle finlandaise ou estonienne? 🙂
J’aimeJ’aime
Dans ma préface, ce n’est pas clair, mais d’après Wiki, elle est née en Finlande, et est devenue estonienne par son mariage. En même temps, elle est classée dans femme de lettres finlandaise … Disons que c’est une femme sans frontières … A l’image de ses textes, dirais-je.
Tu serais volontaire pour l’organisation du challenge ? ^-^
J’aimeAimé par 1 personne
Haha, pourquoi pas mais il faudrait définir le contenu du challenge et/ou avoir Keisha dans l’aventure, car au départ l’idée était de parler « des livres que Keisha n’a pas lus », n’est-ce pas?
En tout cas j’aime aussi beaucoup l’idée de parler des marques que les passages en bibliothèque laissent sur les livres.
J’aimeJ’aime
Et moi qui pensais que Keisha serait tentée….
J’aimeJ’aime
Par la lecture de ces récits ? C’est presque un défi de les trouver … Presque un challenge …
J’aimeAimé par 1 personne
J’ai l’impression de débarquer sur une autre planète et, ma foi, je trouve le dépaysement fort enchanteur!
J’aimeJ’aime
Oui, c’est cela … Une autre planète en six récits qui m’ont enchantée !
J’aimeJ’aime
Moi, je suis l’inverse de Keisha : à chaque fois que tu parles d’un livre, forcément, je ne ‘lai pas lu 🙂 Je note pour mon prochain achat roman ( demain !!!!!!) et je vais voir si je le trouve 🙂 Ta présentation m’a donné envie 🙂
J’aimeJ’aime
Ingannmic l’a trouvé sur commande en librairie à ma grande surprise car je n’avais pas vu de réédition. Décidemment, ce livre est plein de hasards … J’espère qu’il te plaira en tout cas, si tu as pu te le procurer.
J’aimeJ’aime