La quatrième de couverture situe l’action en Basse Silésie ( mais d’ailleurs, peut-on parler d’action …), dans un village proche de la frontière tchèque et que le régime communiste vient de tomber … Pourquoi pas … entre autres possibilités … car les couches des temps et des espaces se chevauchent et se déploient en dehors des repères et même des genres : récits, fables, recettes de cuisine, chroniques genre almanachs, rêveries … Un point central est la narratrice, qui observe habitants et paysages en amateure botaniste peu anthropologue et surtout, est liée sa fantasque voisine, Marta, qui disparait en hiver et s’invite chez elle en été et dont les différentes histoires semblent sourdre. Marta est perruquière, ce qui lui permet de tisser les cheveux en emmêlant les fils …
Les habitants du village passent dans le récit, pour une histoire individuelle ou deux, Marek Marek, dont Machin bidule laisse le cadavre là où il est, mal pendu à la mauvaise hauteur d’une poutre de la maison délabrée et vide que son besoin d’alcool a mené à l’abandon. L’oiseau noir qui faisait trembler son corps de ses ailes, ne lui a jamais laissé de répit et les cuites les plus sévères n’ont pas pu en venir à bout.
Un moment, dans le village, des allemands ont bien pris possession des maisons, à la faveur d’un exode ou d’une invasion conquérante. Quand ils sont repartis, les villageois sont rentrés chez eux, voilà tout, et pendant un ou deux étés, les hommes se sont consacrés à la chasse aux trésors, vaisselles, coffres, objets divers, enfouis et retrouvés, marques d’un passage déjà évanoui dans les brumes d’un temps, chassé par un autre … Dans un monastère, Johan, paysan devenu moine par la force des choses, devient l’amant d’un corps d’homme, en rêvant d’un corps de femme pour lui même. Faute de pouvoir se transformer, il se fait recueillir dans le couvent voisin, parmi les nonnes en voiles, frou frou mystérieux dont il capte la douceur avant de prendre la route, sous le nom de Paschalis pour faire valoir la sainteté de Kummernis dont il a recopié les écrits sous les ordres de la supérieure … Les écrits de la sainte fleurent bon la sensualité et le mysticisme érotique d’un Moyen Age où ces paroles ne peuvent trouver place, comme le corps de Paschalis ne peut trouver le miracle qui lui donnerait des seins et les formes qu’il voudrait siennes …
Marta se penche sur un éphéméride, la narratrice écoute le feuilleton de radio Vienne, Franck Frost plante un arbre dans son jardin pour remplacer son enfant mort, l’oronge de printemps pointe son nez, la procession de la Fête Dieu passe dans le champs de lin, un homme meurt du mauvais côté de la frontière, un professeur devient paysan de peur d’être un loup garou , un monstre dévore dans l’étang les poissons laissés par les allemands, alors qu’un autre disparaît, emporté par la pluie. La comète, annoncée par la laitière, passe. La narratrice collectionne les rêves sur internet pour les lire gratuitement et ils se diluent dans les histoires, dans Marta, dans le paysage aux odeurs et aux de champignons de bois, d’humus, de mousse, de rhubarbe et de petits potagers …
Alors, Basse Silésie ou pas, on est bien dans l’univers si singulier de cette autrice qui, de livres en livres est en train de devenir une de mes incontournables …
J’ai le même ressenti, ayant commencé par Sur les ossements des morts, poursuivi avec Dieu, le temps, les hommes et les anges je viens de me procurer Les pérégrins. Le titre « prix Nobel » me faisait un peu peur mais on se laisse prendre par les méandres de ses récits, les personnages improbables, le thème de la nature…
Une très belle découverte pour moi
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En général, dès que c’est estampillé Nobel, je fuis aussi … Cette auteure est donc une exception ( avec Toni Morisson quand même …), ses récits sont accessibles, mais surtout passionnants et complétement « magiques » … Il me reste à lire ses deux pavés, dont les Pérégrins. J’attends le tunnel de lecture !
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Incontournable pour moi aussi, j’ai adoré ton billet et cela m’a donné une terrible envie de me plonger a6nouvezu dans le monde de cette écrivaine nobélisée.
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Ce n’est peut-être pas le titre que j’ai préféré pour l’instant, mais retrouver son univers m’a quand même bien plu. Et le format assez court et très sinueux m’a permis de bien profiter alors que j’ai peu de moments de lecture disponibles en ce moment … Mais ça va revenir, j’espère !
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je ne connais pas celui-ci et comme j’ai beaucoup aimé « Dieu, le temps, les hommes et les anges »
tous ses livres ont atterri dans ma PAL donc celui-ci vient de se rajouter …
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Moi aussi, je vais tout lire de cette autrice … Et » Dieu, les temps, les hommes et les anges », quel régal ce fut ! Embarquée dès les premières pages et frétillante de lecture jusque tout à la fin .
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Chic, il est repéré (et emprunté à la bibli, tant qu’à faire, alors j’attends)(mais vu ma PAL…)
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C’est presque comme un recueil de nouvelles, qui changent de ton et de formes, alors tu peux vagabonder tranquillou, entre autres plaisirs … J’espère que tu trouveras le temps de le lire !
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Quelle jolie chronique pour ce livre (cette auteure) qui me tente aussi beaucoup. C’est la version récente de Noir sur Blanc, ou la plus ancienne de Laffont? Je serais curieuse de voir la différence entre les deux traductions.
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Il est indiqué sur mon édition qu’il s’agit d’une nouvelle traduction et il s’agit bien des éditions Noir sur Blanc. Merci pour le compliment !
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A te lire, on est bien dans l’univers d’Olga Tokarczuk ! J’aimerais d’abord lire Dieu, le temps, les hommes et les anges. J’ai beaucoup aimé Sur les ossements des morts.
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Veinarde, tu vas te régaler avec Dieu, le temps … Si je n’étais pas aussi réticente à la relecture, je me laisserai bien à nouveau prendre par cet univers si riche qu’on n’a pas fini d’en faire le tour ! Sur les ossements des morts est une bonne manière de faire connaissance avec ses thématiques, il m’avait beaucoup plu aussi.
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Ah, ravie, j’ai craqué, je crois que je vais adorer, j’aime beaucoup l’univers d’Olga Tokarczuk.
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On craque si facilement quand c’est de la bonne, très bonne littérature …
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J’adore la couverture de ce roman. Je l’ai vu dans la bibliothèque de ma copropriétaire-libraire, en bas. Je vais aller lire quelques chapitres. Je verrai bien…
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Tu as une copropriétaire libraire en bas de chez toi ? !!! ça explique pas mal de choses ^-^ C’est pour cela que tu as pu réduire ta PAL … Tu as une librairie à la place !
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J’ai acheté, l’an dernier, un duplex avec une amie libraire. Par contre, nos lectures sont très différentes. Mais il m’arrive à l’occasion d’aller «emprunter» un livre!
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J’aime bien les guillemets à emprunter !!! On est toujours en tentation …
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Ah, comme je me réjouis d’avoir encore à lire des titres de Tokarzuk. Le prochain sera « Les pérégrins », qui a rejoint mes étagères lors de sa sortie poche !
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J’ai vu que ce titre était sorti en poche, mais je l’ai en grand format sur mes étagères depuis mon énorme coup de coeur pour Dieu, le temps et les hommes, et aussi les livres de Jacock, commandé pendant le premier confinement, de peur de manquer ! L’un ou l’autre sera ma prochaine lecture de cette autrice. Il me faut juste retrouver mon rythme de lecture habituel.
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Un nouveau roman traduit ? C’est vrai que son univers est particulier.
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C’est une nouvelle traduction d’un de ses premiers romans, si j’ai bien compris. Un univers particulièrement prenant, en tout cas !
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je veux la lire et suis contente de voir que tu aimes chacun de ses romans
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Je les ai tous aimés, même si celui-ci est un peu moins troublant que les autres que j’ai lus pour l’instant. Mais sans doute parce que je suis conquise d’avance …
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Comme pour Jaenada, rien lu encore de cette romancière… Mais ce sont des titres que j’ai déjà notés 🙂
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J’espère que pour ces deux auteurs, quand tu auras commencé à les découvrir, tu ne pourras plus t’en passer. La bonne littérature, ç fait du bien !
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